Le 13ème Salon des Séries et du Doublage (co-organisé par mon confrère François Justamand de "La Gazette du Doublage") se tiendra samedi 26 novembre 2016 de 10h à 18h (Maison des Mines, 270 rue Saint-Jacques, 75005 Paris). Je ne participe plus à l'organisation mais serai présent comme spectateur.
Programme des rencontres:
Hommage à Claude Boissol (11h-12h30) avec Marc Boissol (fils du réalisateur), Jean-Jacques Jelot-Blanc (spécialiste des séries) et les comédiens Edward Meeks (Bob dans Les Globe-Trotters), Grace de Capitani (Agnès dans Espionne et tais-toi) et Danièle Evenou (Marie dans Marie Pervenche).
Carte blanche à Laura Préjean : autour du doublage de NCIS (11h-12h30) avec les comédiens Hervé Jolly (voix de Leroy Jethro Gibbs), Anne Dolan (voix de Abigail Scuito), Barbara Beretta (voix de Eleanor Bishop), Serge Faliu (voix de Leon James Vance), Michel Le Royer (voix de Donald Mallard) et Laura Préjean (directrice artistique du doublage).
Les séries d’aventures françaises : entre tradition et modernité (14h-15h30) avec le spécialiste d’Alexandre Dumas Claude Schopp et Philippe Charlier, fils du scénariste Jean-Michel Charlier.
Les grandes voix du doublage (14h-15h30) avec les comédiens Michel Paulin (voix de Sam Waterston dans New York, police judiciaire), Régine Blaess (voix de Diana Rigg dans Au service secret de sa majesté) et Sylvie Feit (voix de Britt Ekland dans L'homme au pistolet d'or).
Une famille formidable : la victoire du vaudeville ? (16h-17h30) avec les comédiens Bernard Le Coq (Jacques Beaumont), Cécile Caillaud (Audrey Beaumont) et Alexandre Thibault (Julien Viguier).
Le doublage des séries populaires (16h-17h30) avec les comédiens Georges Caudron (voix de Fox Mulder dans X-Files), Nadine Delanoë (voix de Purdey dans Chapeau melon et bottes de cuir), Dominique Mac Avoy (voix de Jaimie dans Super Jaimie), Danièle Douet (voix de Dana Scully dans la dernière saison de X-Files), Véronique Picciotto (voix de Libby dans Lost) et Marc Saez (voix de Sahid dans Lost).
Prix: 3,50€ par débat
Invités présents sous réserve. Accès aux rencontres dans la limite des places disponibles.
Les rencontres sont animées par Vincent Chenille (Sérialement Vôtre) et François Justamand (La Gazette du Doublage).
Chaque rencontre sera suivie d’une séance de dédicaces d’une vingtaine de minutes pour tout détenteur de ticket de débat.
Autres invités en dédicace sur le salon: Marie Dauphin (chanteuse de génériques, 14h-17h30) et Sam Azulys (auteur du livre Philosopher avec Games of thrones, 14h-18h)
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La mémoire des comédiens, chanteurs et musiciens "dans l'ombre des studios"
vendredi 11 novembre 2016
mardi 18 octobre 2016
Mémoires de José Bartel (Partie 4)
Musicien, chef d'orchestre, directeur artistique, comédien, chanteur, etc. José Bartel (voix de Guy dans Les Parapluies de Cherbourg et du Roi Louie dans Le Livre de la Jungle) était un artiste à multiples facettes.
Quelques mois avant sa disparition en 2010, il avait fini d'écrire ses souvenirs (intitulés: Faire comme si... Ou l'enrichissante mais peu lucrative balade d'un mec qui avait les dents trop courtes), que je vous propose de découvrir ici en exclusivité sous la forme d'un "feuilleton", publié avec l'aimable autorisation de sa veuve, Norma, et de son fils, David.
Dans le précédent épisode (Partie 3), José raconte ses débuts de chef d'orchestre au Casino de Monte-Carlo, activité brusquement interrompue par son service militaire...
L’ALGERIE …
Il est deux heures du matin. Avec pour seule compagnie un fusil mitrailleur - ce qui comme chacun sait, est loin d’égaler un transistor quand le temps se fait long - je me languis dans un petit bunker à quelques dizaines de mètres des barbelés entourant notre cantonnement. C’est l’hiver 1958 au « Rocher noir » tout près de Ménerville dans l’Algérois, et si vous voulez bien me passer l’expression... je m’les gèle! Quand je pense qu’il y a seulement un an (c’est-à-dire un siècle ) je faisais le Joli Coeur à Paris !
Les choses s’étaient pourtant bien passées après les classes et mon affectation au Service Presse du Bataillon de Joinville, cette unité étant alors chargée d’incorporer les jeunes athlètes de haut niveau sans pour autant compromettre leur carrière par manque de suivi dans leur entraînement ou leur absence de compétitions internationales. Une initiative originale ayant pour mission d’équilibrer les obligations du service militaire et le maintien en forme de futurs grands champions. Par exemple, Rivière (cyclisme), Michel Jazy (1500 m.), les frères Cambérabéro (rugby), Darmon (tennis), Tylinsky, Mekloufi ou les Wisnievsky pour le football ont tous, à une période ou une autre, représenté leur discipline au Bataillon de Joinville.
Pour ce qui me concerne, la « planque en or » qu’était alors le Service Presse des Armées à Paris, offrait entre autres avantages, la commodité de dormir en ville pratiquement chaque soir. Quand je n’étais pas à Wiesbaden, Bruxelles ou Berlin pour « couvrir » comme reporter-interprète – encore merci à ma connaissance de l’anglais - une manifestation sportive Inter-Armées. Petit inconvénient pourtant. Mes compétences tant sur le plan journalistique que sportif, étaient des plus superficielles ! Par chance, les rudiments de base charitablement inculqués par mes collègues du département Presse (des appelés comme moi mais eux, de véritables journalistes de métier dans le civil) me furent des plus précieux pour acquérir le vernis nécessaire et me permettre de naviguer à vue dans une profession qui en principe, ne serait pour moi que temporaire de toute façon. Partant de là, il ne restait plus qu’a attendre la Quille et la fin des 18 mois de service réglementaires. Du moins c’est ce que je croyais.
Les « événements d’Algérie » s’aggravant de jour en jour, le Général de Gaulle accepte de revenir aux affaires. Ce qui par conséquent, rend moins difficile pour les autorités du moment, de sérieusement parler de « probable nécessité d’augmenter les éléments du contingent contribuant au maintien de l’ordre en Algérie dans le but de fournir aux forces militaires déjà engagées, les moyens indispensables au contrôle d’une situation devenue insurrectionnelle ». En clair : Il faut s’attendre à ce que sous peu, s’opéreront les changements traduisant cette nuance dans les termes !
Ce qui n’a pas tardé. Le service obligatoire passe de dix huit à vingt neuf mois et « Joli cœur » se retrouve maintenu pour quelque temps avec les éléments du Bataillon de Joinville détachés en A.F.N. ! D’où ma présence dans cette niche de béton par une froide nuit de 1958. Eh oui, me voilà de garde à présent. Attendant avec impatience, emmitouflé dans une couverture douteuse, qu’un de mes petits camarades vienne me relever …
Mais il n’y avait pas que le crapahutage, les tours de garde ou les corvées au programme. Il y avait aussi les précieuses « perms » exceptionnelles de 24 heures passées à Alger avec mon pote Deman. Pour l’occasion, on se mettait « propres sur nous » et après s’être chacun glissé un Mauser dans la ceinture sous le blouson (ce qui était strictement interdit) nous faisions du stop jusqu’à Ménerville pour y prendre le train. Direction : Alger et deux jours de fête ! Bien qu’une fois rendus dans la grande ville, notre périple restait désespérément toujours le même : l’après-midi, les bals populaires où avec l’autorisation de leur grand frère ou de leur cousin, de jolies petites pieds-noirs acceptaient de danser avec nous. Mais attention. Pas touche...
Le soir, c’était « The gueuleton » au Coq Hardi suivi de la traditionnelle chasse à la P.F.A.T. ( Personnel Féminin de l’Armée de Terre). Une chasse qui vous l’avez deviné se terminait la plupart du temps par un retour solitaire à l’hôtel, une poignée d’heures de sommeil… et la course au train du retour !
Traditionnellement, qu’est-ce qu’on attend d’un « deuxième pompe » dans l’Armée ?
Qu’il ferme sa gueule, obéisse aux ordres, et bien entendu, soit capable de dormir en section sans être importuné par les odeurs de pieds, les ronflements et très important, suffoquer de rire à ces fameuses « louffes » (odorantes ou pas, sonores ou pas ) qui font le charme de la vie à vingt dans le même local. Aussi traditionnellement, dans l’Armée, que fait (si possible) un appelé deuxième pompe ayant atteint l’âge canonique de 27 ans lorsqu’en embuscade de nuit, un petit con du contingent tout fraîchement nommé sergent, se prend subitement pour John Wayne ? Réponse : Le vieux deuxième pompe fait celui qui n’a pas entendu et ne s’aventure pas (comme le petit con le lui demande) en plein milieu d’un champs éclairé par la lune comme en plein jour, pour voir s’il y a du « fellouze » de l’autre côté !!
De retour au camp, l’héroïque baroudeur amateur a bien entendu rédigé un rapport qui restera sans suite, mais on me change évidemment de section dans la semaine qui suit. Avec à présent un problème supplémentaire à assumer : le stéréotype du genre « Artiste-musicien dans le civil donc branleur », apparaît comme étant douloureusement justifié ! D’autant plus que ce nouvel incident vient s’ajouter à une péripétie précédente au cours de laquelle, pour garer un camion - vide, heureusement - j’ai raté mon créneau et « légèrement » endommagé le véhicule en reculant droit dans le fossé ! Est-il vraiment nécessaire de parler aussi d’autres broutilles sans réel intérêt pour préciser que mon image « chanteur-vedette-des-scènes-parisiennes-resté-très-simple» en a pris un grand coup ? Sur le plan militaire et pour les John Wayne en puissance de la compagnie, il ne fait plus aucun doute maintenant que je représente un danger potentiel suffisant pour justifier d’urgence, une affectation plus en rapport avec mes réelles capacités. Par exemple, le mess des officiers ?
Hélas, mon séjour inespéré dans ce havre de paix devait lui aussi être contrarié par un incident pour le moins fâcheux. Il s’agit en l’occurrence du bref mais impressionnant mitraillage du plafond du mess par un calme après-midi d’été. Une « étourderie » particulièrement stupide qui par miracle n’a pas tourné au drame. Voilà donc les faits : Ce jour là, revenant de patrouille, j’ai, après avoir nettoyé mon P.M, tiré en l’air le coup de sécurité destiné à vérifier s’il ne restait pas de balle engagée dans le canon. Mal m’en a pris. Cette manœuvre ne devant s’effectuer que si le logement du chargeur est bien rabattu, la malchance a voulu que mon chargeur et son logement soient toujours engagés. Alors ….. la rafale est partie !
Une « maladresse » qui par chance, n’eût d’autre conséquences qu’un solide coup de gnôle supplémentaire pour les pauvres sous-offs qui faisaient leur sieste au premier étage, un solide replâtrage du plafond et pour moi, quelques jours de cellule. Ce qui me paraît parfaitement normal car je dois avouer que rétrospectivement, j’en ai encore des sueurs froides. Je ne trouve plus ce mauvais gag à la « Mack Sennett » aussi marrant que le soir même lorsque avec les copains, on en pleurait de rire dans la chambrée.
Le rappel de ces péripéties me donne à présent, une meilleure idée du soulagement qu’ont dû ressentir les officiers, sous-officiers et soldats de la compagnie lorsque fin décembre 59 l’heure de « La Quille » étant arrivée, j’ai grimpé dans le camion pour Alger. A peine rendu dans la Ville Blanche (comme on dit pour faire joli), me suis retrouvé à bord du « Mers-el-Khébir ». Destination : Marseille. Ensuite ? Le train pour Paris et enfin : les joies oubliées de la Vie Civile !
S’agissant de la minceur de mon dossier militaire, ma seule frustration sera d’avoir peut-être, là-haut, fait froncer les sourcils à Quintin Bandéras, mon Général de grand-père .
Je m’explique : Ancien esclave et guérillero redouté des espagnols pendant la guerre d’indépendance de Cuba, l’autodidacte Quintin Bandéras a commandé les insurgés de la province d’Oriente et de par sa remarquable efficacité au combat, accédé au grade de Général de Brigade. Bénéficiant à juste titre, de l’incontestable estime du peuple cubain ainsi que de la considération de grandes figures de la Révolution comme Antonio Macéo et José Marti.
En revanche, durant le siècle s’ensuivit, force est de constater que les prestations martiales de son descendant français furent des plus modestes et loin d’être à la hauteur de ce qu’on aurait pu attendre d’un petit-fils de grand militaire.
J’espère que tu ne m’en voudras pas grand-père, mais n’étant pas algérien, je ne me trouvais pas en la circonstance, dans le camp des insurgés.
Ce qui est certain par contre, c’est qu’il m’est apparu comme allant de soi de payer - peut être sans prestige particulier mais le mieux possible- mon tribut à une communauté qui m’a accepté dès la naissance. Je sais que cela peut paraître naïf ou même franchement ridicule de par sa disproportion, mais je tenais à le dire. Comme je le pense.
Des « spetzeles » (sorte de « gnocchi alsaciens »), un rôti de porc, un gâteau de chez Bourdaloue le Maître pâtissier installé prés de Notre Dame de Lorette. Le tout, arrosé de vin d’Alsace comme il se doit. Voilà comment, avec Mamele, nous avons fêté mon retour d’Algérie ! Quel bonheur de la serrer à nouveau très fort sur mon cœur, étant à présent devenu, un civil ayant un peu mûri ! Capable de mieux comprendre comme un presque adulte, les messages qu’elle tentait si souvent de faire passer … Quel bonheur encore, de revoir son tendre et lumineux sourire de petite fille. C’est certainement ça, qu’on appelle la sérénité …
La Quille ? Tu t’aperçois que Paris vient d’être « repeint »… Que l’ex « petit garçon » des voisins a terriblement grandi. Au point de se demander, avant d’enfourcher sa « Mob » pour en parler aux copains, à quelle espèce d’humanoïdes tu peux bien appartenir. Par la même occasion, la question se pose de savoir s’il ne serait peut être pas plus avisé de raser les murs jusqu’à ce que tes cheveux soient suffisamment longs pour avoir l’air dans le coup … Ou bien, paniqué à l’extrême, tu te demandes si quelqu’un ne va pas prendre l’initiative désastreuse de révéler à la Galaxie stupéfaite, que sur le plan musical tu es nul. Sinon, comment pourrais-tu ignorer combien de semaines Bill Haley est resté No1 du Hit Parade US avec son « Rock around the clock » ?
Voilà ce qui t’attend après deux siècles – dont une bonne partie passée en Afrique du Nord - chez les mecs en tenue camouflée. Ton retour à la vie civile en Métropole? C’est en quelque sorte, comme un passage radical des « youyous » aux « yéyés ». Oui je sais, c’est consternant. Un jeu de mots de très mauvais goût mais je n’ai pas pu résister. Excuse-moi !
Va falloir s’accrocher…
Début 60, les conditions de mise sur le marché d’un chanteur d’orchestre à la recherche d’un job ne se présentent plus terriblement bien. Ce n’est qu’après avoir « cachetonné » dans d’innombrables « balloches du samedi soir » avec l’orchestre Pierre Spiers et parallèlement, participé comme choriste à de nombreuses séances d’enregistrement, qu’enfin se présente l’occasion de remonter ma formation .
Un nouveau départ rendu possible grâce à la mise en route rue Arsène Houssay près des Champs Elysées, d’un projet de cabaret-spectacle inédit à Paris, pour lequel il était question de monter un ensemble musical spécialement adapté au style de la boîte. Un orchestre non seulement destiné à faire danser le public mais aussi, susceptible d’animer scéniquement la salle avant et après chaque présentation du spectacle. Le nom du club : « Le Soho ». Son promoteur ? Alain Bernardin. L’exceptionnel et indéniable inventeur du concept Crazy Horse Saloon. Une formule très singulière et originale - bientôt copiée dans le Monde entier - alliant numéros visuels et strip tease, musique vivante et musique enregistrée. Le tout, valorisé par une chorégraphie particulièrement raffinée et soulignée par d’astucieux éclairages scéniques.
Au passage, une précision amusante relative à la composition de l’orchestre du « Soho » : Le profil inattendu d’un des membre du groupe (un certain Jean-Claude, notre batteur) qui de jour, étudiait d’arrache pied en classe de percussions au Conservatoire National de Musique de Paris, tout en préparant également la Direction d’Orchestre. La nuit par contre, notre studieux et sympathique percussionniste se faufilait dans les coulisses, entre les créatures de rêve pratiquement nues constituant l’attraction principale du « Crazy Horse ». Une « pénible obligation », vous en conviendrez, mais il lui fallait bien prendre sur lui pour être en mesure de prendre place dans l’orchestre et arrondir ses fins de mois !
Bien du temps s’est écoulé depuis, et chacun de nous a bien entendu continué sa route. Jean Claude, quant à lui, a cessé d’être étudiant et se distingue particulièrement comme membre de ce que l’on peut désigner comme l’élite musicale. Je ne serais cependant pas surpris d’apprendre qu’occasionnellement, il lui arrive encore de « faire le bœuf » à la batterie mais pour le plaisir cette fois car l’amusant dans l’histoire, c’est qu’il soit effectivement question du même et talentueux Jean-Claude Casadesus : celui qui aujourd’hui, dirige (entre autres) le superbe Orchestre Philharmonique de Lille!
Pour ce qui me concerne, tant sur le plan professionnel que personnel, l’épisode « Soho » aura j’en ai la certitude, contribué de façon décisive au franchissement d’une étape très importante de ma vie. Une période durant laquelle j’apprendrai à maîtriser mes déceptions, mes peines, et aussi, grâce à Dieu, les réussites et les moments de joie et de bonheur. Comme par exemple, mon mariage et la naissance de mon fils David …
***
Bien que travaillant pour Bernardin, Lola n’évoluait pas sur la scène du Crazy Horse Saloon à l’instar de « l’Ange Bleu », si cher à Marlène Dietrich ! Non. Lola, elle, c’était plutôt sur les bureaux qu’elle régnait puisque pratiquement tout ce qui avait trait à l’administratif ou au secrétariat de la maison mère - Le Crazy Horse Saloon- passait obligatoirement par cette séduisante mais très énergique jeune femme.
De par sa fonction, « Lola » Moreau était tenue de passer la soirée au « Soho » une fois par semaine afin de remettre la paie de l’orchestre. Elle nous rendait parfois d’autres visites. Impromptues celles-là. Qui avaient pour but de tenir le boss informé de la bonne marche de la boîte ainsi que de la réaction du public face à cette nouvelle forme de cabaret-spectacle. C’est donc au « Soho » que Lola et moi nous sommes rencontrés pour la première fois et que dès le début , quelque chose a « cliqué » entre nous. Alors... nous nous sommes revus !
Au Club tout d’abord et par la suite, de plus en plus souvent, dans le petit bistro de nuit où avec les musiciens, nous allions après le travail, prendre un verre et se faire une soupe à l’oignon ou des tripes à la mode de Caen. Romantique, non ? Il est facile d’imaginer la suite. Niant l’évidence et en dépit de nos caractères déjà un peu trop opposés (pour ne pour ne pas dire explosifs ) Lola et moi avons décidé de faire un bout de vie ensemble.
Istamboul, le Shadirvan… et tout le bazar.
« Shadirvan », le superbe restaurant dansant de l’Istanbul Hilton Hôtel. Cette immense salle avec vue magnifique sur le Bosphore sera notre lieu de travail pour les six mois à venir. Après le « Soho» et les rigueurs de l’hiver parisien, nous voici à présent en Turquie sous le soleil d’avril Enfin pas tout a fait car pour l’instant, le Bosphore est plutôt balayé par un vent constant et glacial. Mais qu’importe. En dehors de ce phénomène passager, tout baigne ! L’été approche et nous sommes avec l’orchestre, traités comme des princes. Le fait que le directeur de l’hôtel soit français pourrait y être pour quelque chose. Qui sait ?
Comme il est d’usage pour un contrat d’aussi longue durée (d’avril à la fin septembre 61) et passés les habituels premiers jours de rodage, les éléments du groupe accompagnés de leurs épouses, se sont mis à la recherche d’appartements à louer en ville. Quant à moi, Lola étant restée à Paris en raison de son job, je compte m’installer à l’Hôtel pour la durée de l’engagement. Un engagement qui par la suite, s’avérera des plus agréable. Jugez plutôt : Le jour : la piscine, le Bazar, ou plage sur la mer de Marmara. Et le soir ? Les dîners dansants qui s’achèvent à une heure du matin. Ce qui est une aubaine car le touriste, d’où qu’il vienne, se lève tôt pour ne pas rater une miette de l’excursion prévue le lendemain. A savoir : La découverte d’Istamboul !
Quelques mots sur ces fameuses excursions. Une visite guidée impitoyablement parfaite et chronométrée durant laquelle il est tout juste permis aux aventuriers d’un jour, d’acheter au prix fort l’incontournable souvenir local. Mais attention , uniquement à l’occasion des rares moments de temps libre. D’autre part, il lui est fortement conseillé pour « des raisons d’hygiène » et surtout si le touriste est anglo-saxon, de ne rien consommer d’indigène et d’attendre le retour à l’hôtel pour y déguster son « good old steak », arrosé de soda ou de café au lait. Il faut croire que pour un nombre assez conséquent de voyageurs, le fait de se trouver en Turquie pour la première et probablement dernière fois de leur vie, ne justifie tout de même pas l’expérimentation de la cuisine autochtone ! Aussi authentique et soignée soit-elle.
Pauvre touriste… Bien qu’il paraisse raisonnable de penser - le turc moyen s’approvisionnant chaque jour en eau potable par bonbonnes au marché local - que le spectre du choléra a depuis des lustres, cessé de hanter le sommeil des nombreux riverains du Bosphore.
A nous donc les galettes, le Donner kebab, le poisson de la mer noire, les huîtres frites et autres énormes pots de savoureux yaourts. Il y a bien aussi les confiseries, bien que ce ne soit pas tout à fait ma tasse de thé ...
Mais trêve d’élucubrations orientalo-culinaires car de toute façon, il va me falloir garder une ligne acceptable. Ce pénible effort étant devenu incontournable de par la proximité d’un événement capital pour la civilisation occidentale : Lola et moi allons pousser plus avant notre tumultueuse mais passionnée aventure et nous marier le 9 novembre suivant in Bagneux City, (France) à mon retour de Turquie... Les six mois d’engagement de l’orchestre à Istanbul vont bientôt arriver à leur terme et nous nous préparons, via Paris, au départ pour notre prochaine étape : « La Luciola » et la «Casina della Rosa» à Rome.
Fort heureusement, il est réconfortant de constater qu’en 1961/62, la demande d’orchestres de danse spécialisés dans l’animation de clubs, casinos ou grands hôtels internationaux reste toujours assez forte. Ce qui nous permet d’envisager la signature de suffisamment de contrats susceptibles de nous assurer un futur raisonnable pour quelques temps encore.
C’est du moins ce que nous pensions jusqu’à l’apparition sur le marché, de nombreux groupes philippins qui bien que se faisant exploiter pour des cachets rachitiques, ont le culot d’être excellents dans pratiquement tous les styles de musique ! Ils ont par exemple été - grâce aux nouvelles consoles et sonos italiennes ou japonaises - les premiers à reproduire note pour note le top des hit parades mondiaux. Pour les servir tout chauds au public en un temps record. Se manifestent aussi, dans la foulée, les premiers symptômes de la disparition progressive de ce qu’il est convenu d’appeler « la musique vivante » dans les boîtes, et l‘apparition de clubs privés accompagnés de leur discutable mais implacable stratégie commerciale basée sur : Le Disque. L’objectif étant de diminuer les frais de gestion et d’augmenter le chiffre d’affaires en assurant l’animation du club et de la piste de danse par l’utilisation de 100 % de musique enregistrée, l’approvisionnement en nouveautés (singles ou albums) étant bien entendu assuré gratis par le service promotion des maisons de disques !
Il n’est par donc pas difficile d’imaginer que les conséquences de cette approche commerciale - cynique mais financièrement efficace - ne se feront pas attendre !
Toutes considérations artistiques ou sociales ne devant surtout pas interférer dans la gestion de ces véritables pompes à fric, la « musique en boîte » finira par éjecter peu à peu, un sacré nombre de petites formations de la plupart des podiums. Aujourd’hui encore, peu de salles utilisent régulièrement la formule « live music » pour animer leurs soirées.
En fait, à l’exception des Rock groups, des accompagnateurs de vedettes ou des musiciens appartenant aux orchestres conventionnés (Théâtres nationaux, Télévision etc..) , seuls les pianistes de bar, armés de leur connaissance encyclopédique des « standards » internationaux (classiques ou Jazz) peuvent espérer décrocher suffisamment d’emplois réguliers pour survivre.
La raison étant qu’ils contribuent efficacement - grâce à leur répertoire constamment adapté - à maintenir l’ambiance euphorique et feutrée typique du piano bar américain traditionnel.
L’euphorie ou le blues. Des états d’âme qui, traités par une musique appropriée, sont presque toujours générateurs de recettes. Pour preuve, dans un « piano bar américain » certains clients habitués, qu’ils soient euphoriques ou mélancoliques, s’inventeront toujours une bonne raison de renouveler leur verre. Soit pour célébrer un joyeux événement, soit pour noyer leur tristesse! Pour les orchestres constitués, dits « de variété », c’est plutôt le blues qui domine et aucun whiskey ne fera oublier l’approche de la fin d’une époque bénie. Celle où chaque soir, les musiciens se trouvaient en contact avec public et presque toujours, faisaient également partie de la fête.
Mais nous entrons dans les années 60 et tenant compte des circonstances et des prévisibles bouleversements auxquels je vais devoir faire face dans un avenir proche, il m’apparaît prudent une fois encore, d’envisager au plus tôt, une diversification radicale de mes sources de revenus. La nécessité d’une reprise rapide de contact avec les branches les plus diversifiées du métier s’avère donc vitale. Tant sur le plan économique que professionnel .
Par chance, mes efforts porteront leurs fruits et au bout de quelques semaines de démarches j’étais en droit d’espérer que même si se tarissait ma principale source de revenus - c’est à dire les engagements de l’orchestre à l’étranger - je serais tout de même en mesure d’assurer la matérielle. D’autant plus que le fait de séjourner à Paris de façon maintenant quasi permanente, allait me permettre de développer des capacités insoupçonnées dans les domaines artistiques les plus variés. Pour ne pas dire hétéroclites !
Par exemple et dans le désordre : Choriste pour séances d’enregistrement, compositeur de « jingles » publicitaires, arrangeur, orchestrateur, chanteur d’orchestre en province, co-animateur d’une émission avec Hubert sur Europe1, invité par le Jack Diéval Jazz Quartet pour une série de concerts radiodiffusés.
Sans oublier d’occasionnels cachets comme piano bar et surtout, de multiples post-synchronisations de films tels que le Livre de la Jungle, Le Shérif est en prison, L'Extravagant Docteur Dolittle, etc…
Pour les fêtes de fin d’année ou bien durant la période généralement creuse comprise entre Mai et début Septembre il m’arrivait aussi, d’être en mesure de reconstituer mon orchestre le temps d’une saison d’été. En France ou à l’étranger. Comme on peut le voir, de précieux emplois intermittents . Sans oublier toutefois mon « cacheton suprême », ma cerise sur le gâteau : La Comédie-Française !!!
Partie 1 (enfance, Marseille), Partie 2 (débuts avec Aimé Barelli, caves de jazz à Saint-Germain-des-Prés), Partie 3 (Monte-Carlo), Partie 4 (Algérie, retour à Paris, Istamboul), Partie 5 (Parapluies de Cherbourg, Jupiter Sunset), Partie 6 (La Compagnie, voyage à Cuba, Grenadine Music), Partie 7 (La Comédie-Française, Monte-Carlo / S.B.M.)... (A suivre)
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Quelques mois avant sa disparition en 2010, il avait fini d'écrire ses souvenirs (intitulés: Faire comme si... Ou l'enrichissante mais peu lucrative balade d'un mec qui avait les dents trop courtes), que je vous propose de découvrir ici en exclusivité sous la forme d'un "feuilleton", publié avec l'aimable autorisation de sa veuve, Norma, et de son fils, David.
Dans le précédent épisode (Partie 3), José raconte ses débuts de chef d'orchestre au Casino de Monte-Carlo, activité brusquement interrompue par son service militaire...
L’ALGERIE …
Il est deux heures du matin. Avec pour seule compagnie un fusil mitrailleur - ce qui comme chacun sait, est loin d’égaler un transistor quand le temps se fait long - je me languis dans un petit bunker à quelques dizaines de mètres des barbelés entourant notre cantonnement. C’est l’hiver 1958 au « Rocher noir » tout près de Ménerville dans l’Algérois, et si vous voulez bien me passer l’expression... je m’les gèle! Quand je pense qu’il y a seulement un an (c’est-à-dire un siècle ) je faisais le Joli Coeur à Paris !
Les choses s’étaient pourtant bien passées après les classes et mon affectation au Service Presse du Bataillon de Joinville, cette unité étant alors chargée d’incorporer les jeunes athlètes de haut niveau sans pour autant compromettre leur carrière par manque de suivi dans leur entraînement ou leur absence de compétitions internationales. Une initiative originale ayant pour mission d’équilibrer les obligations du service militaire et le maintien en forme de futurs grands champions. Par exemple, Rivière (cyclisme), Michel Jazy (1500 m.), les frères Cambérabéro (rugby), Darmon (tennis), Tylinsky, Mekloufi ou les Wisnievsky pour le football ont tous, à une période ou une autre, représenté leur discipline au Bataillon de Joinville.
Pour ce qui me concerne, la « planque en or » qu’était alors le Service Presse des Armées à Paris, offrait entre autres avantages, la commodité de dormir en ville pratiquement chaque soir. Quand je n’étais pas à Wiesbaden, Bruxelles ou Berlin pour « couvrir » comme reporter-interprète – encore merci à ma connaissance de l’anglais - une manifestation sportive Inter-Armées. Petit inconvénient pourtant. Mes compétences tant sur le plan journalistique que sportif, étaient des plus superficielles ! Par chance, les rudiments de base charitablement inculqués par mes collègues du département Presse (des appelés comme moi mais eux, de véritables journalistes de métier dans le civil) me furent des plus précieux pour acquérir le vernis nécessaire et me permettre de naviguer à vue dans une profession qui en principe, ne serait pour moi que temporaire de toute façon. Partant de là, il ne restait plus qu’a attendre la Quille et la fin des 18 mois de service réglementaires. Du moins c’est ce que je croyais.
Les « événements d’Algérie » s’aggravant de jour en jour, le Général de Gaulle accepte de revenir aux affaires. Ce qui par conséquent, rend moins difficile pour les autorités du moment, de sérieusement parler de « probable nécessité d’augmenter les éléments du contingent contribuant au maintien de l’ordre en Algérie dans le but de fournir aux forces militaires déjà engagées, les moyens indispensables au contrôle d’une situation devenue insurrectionnelle ». En clair : Il faut s’attendre à ce que sous peu, s’opéreront les changements traduisant cette nuance dans les termes !
Ce qui n’a pas tardé. Le service obligatoire passe de dix huit à vingt neuf mois et « Joli cœur » se retrouve maintenu pour quelque temps avec les éléments du Bataillon de Joinville détachés en A.F.N. ! D’où ma présence dans cette niche de béton par une froide nuit de 1958. Eh oui, me voilà de garde à présent. Attendant avec impatience, emmitouflé dans une couverture douteuse, qu’un de mes petits camarades vienne me relever …
Mais il n’y avait pas que le crapahutage, les tours de garde ou les corvées au programme. Il y avait aussi les précieuses « perms » exceptionnelles de 24 heures passées à Alger avec mon pote Deman. Pour l’occasion, on se mettait « propres sur nous » et après s’être chacun glissé un Mauser dans la ceinture sous le blouson (ce qui était strictement interdit) nous faisions du stop jusqu’à Ménerville pour y prendre le train. Direction : Alger et deux jours de fête ! Bien qu’une fois rendus dans la grande ville, notre périple restait désespérément toujours le même : l’après-midi, les bals populaires où avec l’autorisation de leur grand frère ou de leur cousin, de jolies petites pieds-noirs acceptaient de danser avec nous. Mais attention. Pas touche...
Le soir, c’était « The gueuleton » au Coq Hardi suivi de la traditionnelle chasse à la P.F.A.T. ( Personnel Féminin de l’Armée de Terre). Une chasse qui vous l’avez deviné se terminait la plupart du temps par un retour solitaire à l’hôtel, une poignée d’heures de sommeil… et la course au train du retour !
Traditionnellement, qu’est-ce qu’on attend d’un « deuxième pompe » dans l’Armée ?
Qu’il ferme sa gueule, obéisse aux ordres, et bien entendu, soit capable de dormir en section sans être importuné par les odeurs de pieds, les ronflements et très important, suffoquer de rire à ces fameuses « louffes » (odorantes ou pas, sonores ou pas ) qui font le charme de la vie à vingt dans le même local. Aussi traditionnellement, dans l’Armée, que fait (si possible) un appelé deuxième pompe ayant atteint l’âge canonique de 27 ans lorsqu’en embuscade de nuit, un petit con du contingent tout fraîchement nommé sergent, se prend subitement pour John Wayne ? Réponse : Le vieux deuxième pompe fait celui qui n’a pas entendu et ne s’aventure pas (comme le petit con le lui demande) en plein milieu d’un champs éclairé par la lune comme en plein jour, pour voir s’il y a du « fellouze » de l’autre côté !!
De retour au camp, l’héroïque baroudeur amateur a bien entendu rédigé un rapport qui restera sans suite, mais on me change évidemment de section dans la semaine qui suit. Avec à présent un problème supplémentaire à assumer : le stéréotype du genre « Artiste-musicien dans le civil donc branleur », apparaît comme étant douloureusement justifié ! D’autant plus que ce nouvel incident vient s’ajouter à une péripétie précédente au cours de laquelle, pour garer un camion - vide, heureusement - j’ai raté mon créneau et « légèrement » endommagé le véhicule en reculant droit dans le fossé ! Est-il vraiment nécessaire de parler aussi d’autres broutilles sans réel intérêt pour préciser que mon image « chanteur-vedette-des-scènes-parisiennes-resté-très-simple» en a pris un grand coup ? Sur le plan militaire et pour les John Wayne en puissance de la compagnie, il ne fait plus aucun doute maintenant que je représente un danger potentiel suffisant pour justifier d’urgence, une affectation plus en rapport avec mes réelles capacités. Par exemple, le mess des officiers ?
Hélas, mon séjour inespéré dans ce havre de paix devait lui aussi être contrarié par un incident pour le moins fâcheux. Il s’agit en l’occurrence du bref mais impressionnant mitraillage du plafond du mess par un calme après-midi d’été. Une « étourderie » particulièrement stupide qui par miracle n’a pas tourné au drame. Voilà donc les faits : Ce jour là, revenant de patrouille, j’ai, après avoir nettoyé mon P.M, tiré en l’air le coup de sécurité destiné à vérifier s’il ne restait pas de balle engagée dans le canon. Mal m’en a pris. Cette manœuvre ne devant s’effectuer que si le logement du chargeur est bien rabattu, la malchance a voulu que mon chargeur et son logement soient toujours engagés. Alors ….. la rafale est partie !
Une « maladresse » qui par chance, n’eût d’autre conséquences qu’un solide coup de gnôle supplémentaire pour les pauvres sous-offs qui faisaient leur sieste au premier étage, un solide replâtrage du plafond et pour moi, quelques jours de cellule. Ce qui me paraît parfaitement normal car je dois avouer que rétrospectivement, j’en ai encore des sueurs froides. Je ne trouve plus ce mauvais gag à la « Mack Sennett » aussi marrant que le soir même lorsque avec les copains, on en pleurait de rire dans la chambrée.
Le rappel de ces péripéties me donne à présent, une meilleure idée du soulagement qu’ont dû ressentir les officiers, sous-officiers et soldats de la compagnie lorsque fin décembre 59 l’heure de « La Quille » étant arrivée, j’ai grimpé dans le camion pour Alger. A peine rendu dans la Ville Blanche (comme on dit pour faire joli), me suis retrouvé à bord du « Mers-el-Khébir ». Destination : Marseille. Ensuite ? Le train pour Paris et enfin : les joies oubliées de la Vie Civile !
S’agissant de la minceur de mon dossier militaire, ma seule frustration sera d’avoir peut-être, là-haut, fait froncer les sourcils à Quintin Bandéras, mon Général de grand-père .
Je m’explique : Ancien esclave et guérillero redouté des espagnols pendant la guerre d’indépendance de Cuba, l’autodidacte Quintin Bandéras a commandé les insurgés de la province d’Oriente et de par sa remarquable efficacité au combat, accédé au grade de Général de Brigade. Bénéficiant à juste titre, de l’incontestable estime du peuple cubain ainsi que de la considération de grandes figures de la Révolution comme Antonio Macéo et José Marti.
En revanche, durant le siècle s’ensuivit, force est de constater que les prestations martiales de son descendant français furent des plus modestes et loin d’être à la hauteur de ce qu’on aurait pu attendre d’un petit-fils de grand militaire.
J’espère que tu ne m’en voudras pas grand-père, mais n’étant pas algérien, je ne me trouvais pas en la circonstance, dans le camp des insurgés.
Ce qui est certain par contre, c’est qu’il m’est apparu comme allant de soi de payer - peut être sans prestige particulier mais le mieux possible- mon tribut à une communauté qui m’a accepté dès la naissance. Je sais que cela peut paraître naïf ou même franchement ridicule de par sa disproportion, mais je tenais à le dire. Comme je le pense.
Des « spetzeles » (sorte de « gnocchi alsaciens »), un rôti de porc, un gâteau de chez Bourdaloue le Maître pâtissier installé prés de Notre Dame de Lorette. Le tout, arrosé de vin d’Alsace comme il se doit. Voilà comment, avec Mamele, nous avons fêté mon retour d’Algérie ! Quel bonheur de la serrer à nouveau très fort sur mon cœur, étant à présent devenu, un civil ayant un peu mûri ! Capable de mieux comprendre comme un presque adulte, les messages qu’elle tentait si souvent de faire passer … Quel bonheur encore, de revoir son tendre et lumineux sourire de petite fille. C’est certainement ça, qu’on appelle la sérénité …
La Quille ? Tu t’aperçois que Paris vient d’être « repeint »… Que l’ex « petit garçon » des voisins a terriblement grandi. Au point de se demander, avant d’enfourcher sa « Mob » pour en parler aux copains, à quelle espèce d’humanoïdes tu peux bien appartenir. Par la même occasion, la question se pose de savoir s’il ne serait peut être pas plus avisé de raser les murs jusqu’à ce que tes cheveux soient suffisamment longs pour avoir l’air dans le coup … Ou bien, paniqué à l’extrême, tu te demandes si quelqu’un ne va pas prendre l’initiative désastreuse de révéler à la Galaxie stupéfaite, que sur le plan musical tu es nul. Sinon, comment pourrais-tu ignorer combien de semaines Bill Haley est resté No1 du Hit Parade US avec son « Rock around the clock » ?
Voilà ce qui t’attend après deux siècles – dont une bonne partie passée en Afrique du Nord - chez les mecs en tenue camouflée. Ton retour à la vie civile en Métropole? C’est en quelque sorte, comme un passage radical des « youyous » aux « yéyés ». Oui je sais, c’est consternant. Un jeu de mots de très mauvais goût mais je n’ai pas pu résister. Excuse-moi !
José Bartel chante "Vous qui passez sans me voir" pour la télévision (1961)
Va falloir s’accrocher…
Début 60, les conditions de mise sur le marché d’un chanteur d’orchestre à la recherche d’un job ne se présentent plus terriblement bien. Ce n’est qu’après avoir « cachetonné » dans d’innombrables « balloches du samedi soir » avec l’orchestre Pierre Spiers et parallèlement, participé comme choriste à de nombreuses séances d’enregistrement, qu’enfin se présente l’occasion de remonter ma formation .
Un nouveau départ rendu possible grâce à la mise en route rue Arsène Houssay près des Champs Elysées, d’un projet de cabaret-spectacle inédit à Paris, pour lequel il était question de monter un ensemble musical spécialement adapté au style de la boîte. Un orchestre non seulement destiné à faire danser le public mais aussi, susceptible d’animer scéniquement la salle avant et après chaque présentation du spectacle. Le nom du club : « Le Soho ». Son promoteur ? Alain Bernardin. L’exceptionnel et indéniable inventeur du concept Crazy Horse Saloon. Une formule très singulière et originale - bientôt copiée dans le Monde entier - alliant numéros visuels et strip tease, musique vivante et musique enregistrée. Le tout, valorisé par une chorégraphie particulièrement raffinée et soulignée par d’astucieux éclairages scéniques.
Au passage, une précision amusante relative à la composition de l’orchestre du « Soho » : Le profil inattendu d’un des membre du groupe (un certain Jean-Claude, notre batteur) qui de jour, étudiait d’arrache pied en classe de percussions au Conservatoire National de Musique de Paris, tout en préparant également la Direction d’Orchestre. La nuit par contre, notre studieux et sympathique percussionniste se faufilait dans les coulisses, entre les créatures de rêve pratiquement nues constituant l’attraction principale du « Crazy Horse ». Une « pénible obligation », vous en conviendrez, mais il lui fallait bien prendre sur lui pour être en mesure de prendre place dans l’orchestre et arrondir ses fins de mois !
Bien du temps s’est écoulé depuis, et chacun de nous a bien entendu continué sa route. Jean Claude, quant à lui, a cessé d’être étudiant et se distingue particulièrement comme membre de ce que l’on peut désigner comme l’élite musicale. Je ne serais cependant pas surpris d’apprendre qu’occasionnellement, il lui arrive encore de « faire le bœuf » à la batterie mais pour le plaisir cette fois car l’amusant dans l’histoire, c’est qu’il soit effectivement question du même et talentueux Jean-Claude Casadesus : celui qui aujourd’hui, dirige (entre autres) le superbe Orchestre Philharmonique de Lille!
Pour ce qui me concerne, tant sur le plan professionnel que personnel, l’épisode « Soho » aura j’en ai la certitude, contribué de façon décisive au franchissement d’une étape très importante de ma vie. Une période durant laquelle j’apprendrai à maîtriser mes déceptions, mes peines, et aussi, grâce à Dieu, les réussites et les moments de joie et de bonheur. Comme par exemple, mon mariage et la naissance de mon fils David …
***
Bien que travaillant pour Bernardin, Lola n’évoluait pas sur la scène du Crazy Horse Saloon à l’instar de « l’Ange Bleu », si cher à Marlène Dietrich ! Non. Lola, elle, c’était plutôt sur les bureaux qu’elle régnait puisque pratiquement tout ce qui avait trait à l’administratif ou au secrétariat de la maison mère - Le Crazy Horse Saloon- passait obligatoirement par cette séduisante mais très énergique jeune femme.
De par sa fonction, « Lola » Moreau était tenue de passer la soirée au « Soho » une fois par semaine afin de remettre la paie de l’orchestre. Elle nous rendait parfois d’autres visites. Impromptues celles-là. Qui avaient pour but de tenir le boss informé de la bonne marche de la boîte ainsi que de la réaction du public face à cette nouvelle forme de cabaret-spectacle. C’est donc au « Soho » que Lola et moi nous sommes rencontrés pour la première fois et que dès le début , quelque chose a « cliqué » entre nous. Alors... nous nous sommes revus !
Au Club tout d’abord et par la suite, de plus en plus souvent, dans le petit bistro de nuit où avec les musiciens, nous allions après le travail, prendre un verre et se faire une soupe à l’oignon ou des tripes à la mode de Caen. Romantique, non ? Il est facile d’imaginer la suite. Niant l’évidence et en dépit de nos caractères déjà un peu trop opposés (pour ne pour ne pas dire explosifs ) Lola et moi avons décidé de faire un bout de vie ensemble.
José Bartel double Don Francks dans La Vallée du Bonheur (1968)
Istamboul, le Shadirvan… et tout le bazar.
« Shadirvan », le superbe restaurant dansant de l’Istanbul Hilton Hôtel. Cette immense salle avec vue magnifique sur le Bosphore sera notre lieu de travail pour les six mois à venir. Après le « Soho» et les rigueurs de l’hiver parisien, nous voici à présent en Turquie sous le soleil d’avril Enfin pas tout a fait car pour l’instant, le Bosphore est plutôt balayé par un vent constant et glacial. Mais qu’importe. En dehors de ce phénomène passager, tout baigne ! L’été approche et nous sommes avec l’orchestre, traités comme des princes. Le fait que le directeur de l’hôtel soit français pourrait y être pour quelque chose. Qui sait ?
Comme il est d’usage pour un contrat d’aussi longue durée (d’avril à la fin septembre 61) et passés les habituels premiers jours de rodage, les éléments du groupe accompagnés de leurs épouses, se sont mis à la recherche d’appartements à louer en ville. Quant à moi, Lola étant restée à Paris en raison de son job, je compte m’installer à l’Hôtel pour la durée de l’engagement. Un engagement qui par la suite, s’avérera des plus agréable. Jugez plutôt : Le jour : la piscine, le Bazar, ou plage sur la mer de Marmara. Et le soir ? Les dîners dansants qui s’achèvent à une heure du matin. Ce qui est une aubaine car le touriste, d’où qu’il vienne, se lève tôt pour ne pas rater une miette de l’excursion prévue le lendemain. A savoir : La découverte d’Istamboul !
Quelques mots sur ces fameuses excursions. Une visite guidée impitoyablement parfaite et chronométrée durant laquelle il est tout juste permis aux aventuriers d’un jour, d’acheter au prix fort l’incontournable souvenir local. Mais attention , uniquement à l’occasion des rares moments de temps libre. D’autre part, il lui est fortement conseillé pour « des raisons d’hygiène » et surtout si le touriste est anglo-saxon, de ne rien consommer d’indigène et d’attendre le retour à l’hôtel pour y déguster son « good old steak », arrosé de soda ou de café au lait. Il faut croire que pour un nombre assez conséquent de voyageurs, le fait de se trouver en Turquie pour la première et probablement dernière fois de leur vie, ne justifie tout de même pas l’expérimentation de la cuisine autochtone ! Aussi authentique et soignée soit-elle.
Pauvre touriste… Bien qu’il paraisse raisonnable de penser - le turc moyen s’approvisionnant chaque jour en eau potable par bonbonnes au marché local - que le spectre du choléra a depuis des lustres, cessé de hanter le sommeil des nombreux riverains du Bosphore.
A nous donc les galettes, le Donner kebab, le poisson de la mer noire, les huîtres frites et autres énormes pots de savoureux yaourts. Il y a bien aussi les confiseries, bien que ce ne soit pas tout à fait ma tasse de thé ...
Mais trêve d’élucubrations orientalo-culinaires car de toute façon, il va me falloir garder une ligne acceptable. Ce pénible effort étant devenu incontournable de par la proximité d’un événement capital pour la civilisation occidentale : Lola et moi allons pousser plus avant notre tumultueuse mais passionnée aventure et nous marier le 9 novembre suivant in Bagneux City, (France) à mon retour de Turquie... Les six mois d’engagement de l’orchestre à Istanbul vont bientôt arriver à leur terme et nous nous préparons, via Paris, au départ pour notre prochaine étape : « La Luciola » et la «Casina della Rosa» à Rome.
Fort heureusement, il est réconfortant de constater qu’en 1961/62, la demande d’orchestres de danse spécialisés dans l’animation de clubs, casinos ou grands hôtels internationaux reste toujours assez forte. Ce qui nous permet d’envisager la signature de suffisamment de contrats susceptibles de nous assurer un futur raisonnable pour quelques temps encore.
C’est du moins ce que nous pensions jusqu’à l’apparition sur le marché, de nombreux groupes philippins qui bien que se faisant exploiter pour des cachets rachitiques, ont le culot d’être excellents dans pratiquement tous les styles de musique ! Ils ont par exemple été - grâce aux nouvelles consoles et sonos italiennes ou japonaises - les premiers à reproduire note pour note le top des hit parades mondiaux. Pour les servir tout chauds au public en un temps record. Se manifestent aussi, dans la foulée, les premiers symptômes de la disparition progressive de ce qu’il est convenu d’appeler « la musique vivante » dans les boîtes, et l‘apparition de clubs privés accompagnés de leur discutable mais implacable stratégie commerciale basée sur : Le Disque. L’objectif étant de diminuer les frais de gestion et d’augmenter le chiffre d’affaires en assurant l’animation du club et de la piste de danse par l’utilisation de 100 % de musique enregistrée, l’approvisionnement en nouveautés (singles ou albums) étant bien entendu assuré gratis par le service promotion des maisons de disques !
Il n’est par donc pas difficile d’imaginer que les conséquences de cette approche commerciale - cynique mais financièrement efficace - ne se feront pas attendre !
Toutes considérations artistiques ou sociales ne devant surtout pas interférer dans la gestion de ces véritables pompes à fric, la « musique en boîte » finira par éjecter peu à peu, un sacré nombre de petites formations de la plupart des podiums. Aujourd’hui encore, peu de salles utilisent régulièrement la formule « live music » pour animer leurs soirées.
En fait, à l’exception des Rock groups, des accompagnateurs de vedettes ou des musiciens appartenant aux orchestres conventionnés (Théâtres nationaux, Télévision etc..) , seuls les pianistes de bar, armés de leur connaissance encyclopédique des « standards » internationaux (classiques ou Jazz) peuvent espérer décrocher suffisamment d’emplois réguliers pour survivre.
La raison étant qu’ils contribuent efficacement - grâce à leur répertoire constamment adapté - à maintenir l’ambiance euphorique et feutrée typique du piano bar américain traditionnel.
L’euphorie ou le blues. Des états d’âme qui, traités par une musique appropriée, sont presque toujours générateurs de recettes. Pour preuve, dans un « piano bar américain » certains clients habitués, qu’ils soient euphoriques ou mélancoliques, s’inventeront toujours une bonne raison de renouveler leur verre. Soit pour célébrer un joyeux événement, soit pour noyer leur tristesse! Pour les orchestres constitués, dits « de variété », c’est plutôt le blues qui domine et aucun whiskey ne fera oublier l’approche de la fin d’une époque bénie. Celle où chaque soir, les musiciens se trouvaient en contact avec public et presque toujours, faisaient également partie de la fête.
Mais nous entrons dans les années 60 et tenant compte des circonstances et des prévisibles bouleversements auxquels je vais devoir faire face dans un avenir proche, il m’apparaît prudent une fois encore, d’envisager au plus tôt, une diversification radicale de mes sources de revenus. La nécessité d’une reprise rapide de contact avec les branches les plus diversifiées du métier s’avère donc vitale. Tant sur le plan économique que professionnel .
Par chance, mes efforts porteront leurs fruits et au bout de quelques semaines de démarches j’étais en droit d’espérer que même si se tarissait ma principale source de revenus - c’est à dire les engagements de l’orchestre à l’étranger - je serais tout de même en mesure d’assurer la matérielle. D’autant plus que le fait de séjourner à Paris de façon maintenant quasi permanente, allait me permettre de développer des capacités insoupçonnées dans les domaines artistiques les plus variés. Pour ne pas dire hétéroclites !
Par exemple et dans le désordre : Choriste pour séances d’enregistrement, compositeur de « jingles » publicitaires, arrangeur, orchestrateur, chanteur d’orchestre en province, co-animateur d’une émission avec Hubert sur Europe1, invité par le Jack Diéval Jazz Quartet pour une série de concerts radiodiffusés.
Sans oublier d’occasionnels cachets comme piano bar et surtout, de multiples post-synchronisations de films tels que le Livre de la Jungle, Le Shérif est en prison, L'Extravagant Docteur Dolittle, etc…
Pour les fêtes de fin d’année ou bien durant la période généralement creuse comprise entre Mai et début Septembre il m’arrivait aussi, d’être en mesure de reconstituer mon orchestre le temps d’une saison d’été. En France ou à l’étranger. Comme on peut le voir, de précieux emplois intermittents . Sans oublier toutefois mon « cacheton suprême », ma cerise sur le gâteau : La Comédie-Française !!!
Partie 1 (enfance, Marseille), Partie 2 (débuts avec Aimé Barelli, caves de jazz à Saint-Germain-des-Prés), Partie 3 (Monte-Carlo), Partie 4 (Algérie, retour à Paris, Istamboul), Partie 5 (Parapluies de Cherbourg, Jupiter Sunset), Partie 6 (La Compagnie, voyage à Cuba, Grenadine Music), Partie 7 (La Comédie-Française, Monte-Carlo / S.B.M.)... (A suivre)
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mardi 13 septembre 2016
Décès d'Anne Germain
J'ai l'immense tristesse de vous faire part du décès ce matin de mon amie Anne Germain à l'âge de 81 ans...
Chanteuse du générique de "L'île aux enfants", voix chantée de Catherine Deneuve dans "Les Demoiselles de Rochefort" et "Peau d'âne", de Duchesse dans "Les Aristochats", de Rita Hayworth dans "La Blonde ou la Rousse", membre fondatrice des Swingle Singers, choriste (pour Gilbert Bécaud, Léo Ferré, Hugues Aufray, Claude François, Michel Legrand, Georges Delerue, Vladimir Cosma, etc.), Anne était avec Christiane Legrand, Danielle Licari et Janine de Waleyne l'une des figures les plus marquantes des studios d'enregistrement parisiens des années 60/70.
Ses qualités d'interprète dans tous ses enregistrements étaient exceptionnelles. D'une musicalité et d'une technique parfaites, elle était également capable de se fondre vocalement dans tous les styles, d'imiter la voix des actrices qu'elle doublait (comme dans le "Popeye" de Robert Altman) ou des chanteuses dont elle faisait les "covers" (à réécouter: la B.O. de "Tout le monde il est beau tout le monde il est gentil" où elle pastiche Sylvie Vartan, France Gall, Gloria Lasso, etc.).
"Quand j'ai débarqué à Paris, j'ai fait un remplacement comme pianiste dans l'orchestre de Claude Germain. Et j'ai trouvé que la chanteuse avait beaucoup de talent. Quand je suis devenu chef d'orchestre, Anne Germain est devenue ma choriste préférée avec Christiane Legrand. Je suis triste d'apprendre qu'elle nous a quittés" témoigne le grand arrangeur Jean Claudric.
Femme discrète, fuyant les honneurs, Anne était une musicienne passionnée par son métier, par la musique et le cinéma, elle avait une mémoire extraordinaire et m'avait permis d'avancer considérablement dans mes recherches sur les voix de choristes.
(Notre interview, en six parties: http://danslombredesstudios.blogspot.fr/2014/05/anne-germain-chanter-la-vie-chanter-les.html)
En avril dernier, elle avait gentiment accepté d'enregistrer un petit message vocal pour le public de ma soirée "Dans l'ombre des studios fête son non-anniversaire".
Son sourire lumineux et nos coups de fil réguliers où nous discutions "studio" mais aussi de l'actualité, du cinéma, etc. vont énormément me manquer.
Tendres et affectueuses pensées à Isabelle, Victoria et toute la famille...
J'ai tenté de constituer un petit CV d'Anne Germain (à partir de mes recherches et de ses témoignages), qui ne représente peut-être qu'un centième de sa carrière mais qui permet de recenser quelques uns de ses enregistrements importants:
Musiques de films:
Vivre sa vie (1962), musique Michel Legrand, choeurs
Eva (1962), musique Michel Legrand, choeurs
Le Gendarme de Saint-Tropez (1964), musique Raymond Lefebvre, choeurs "Douliou-douliou Saint-Tropez"
Qui êtes-vous, Polly Maggoo ? (1966), musique Michel Legrand, choeurs
Les Demoiselles de Rochefort (1967), musique Michel Legrand, voix chantée de Catherine Deneuve (Delphine), scat solo et choeurs
Le dernier homme (1967), musique Paul Misraki, soliste "Chanson en langue inconnue" (attribuée à tort à D. Licari)
Astérix et Cléopâtre (1968), musique Gérard Calvi, choeurs "Le lion de Cléopâtre"
Madly (1969), musique Francis Lai, soliste générique (duo avec Danielle Licari)
L'étalon (1969), musique François de Roubaix, choeurs
Cran d'arrêt (1969), musique Michel Magne, choeurs
Trois hommes sur un cheval (1969), musique Gérard Calvi, choeurs
Peau d'âne (1970), musique Michel Legrand, voix chantée de Catherine Deneuve (Peau d'âne)
L'homme orchestre (1970), musique François de Roubaix, voix chantée de Noëlle Adam (Françoise)
Cannabis (1970), musique Serge Gainsbourg, soliste "I want to feel crazy"
Tout le monde il est beau tout le monde il est gentil (1970), musique Michel Magne, soliste de la plupart des chansons du film
Le Distrait (1970), musique Vladimir Cosma, choeurs
Le voyou (1970), musique Francis Lai, choeurs
Les mariés de l'an II (1971), musique Michel Legrand, voix chantée de Laura Antonelli (Pauline) (NB: dans la bande-annonce, la chanson est chantée par Christiane Legrand)
Mais ne nous délivrez pas du mal (1971), musique Claude Germain et Dominique Ney, soliste générique (duo avec Danielle Licari) et "Dis, ferme un instant les yeux"
Lucky Luke : Daisy Town (1971), musique Claude Bolling, maquette "I'm a poor lonesome cowboy" et choeurs
Doucement les basses (1971), musique Claude Bolling, choeurs
Le Mans (1971), musique Michel Legrand, choeurs
Un peu de soleil dans l'eau froide (1971), musique Michel Legrand, choeurs
Le temps d'aimer (1971), musique Michel Legrand, choeurs
La folie des grandeurs (1971), musique Michel Polnareff, choeurs
Ca n'arrive qu'aux autres (1971), musique Michel Polnareff, choeurs
Le Petit Poucet (1972), musique Francis Lai, soliste Générique de fin
Le Viager (1972), musique Gérard Calvi, choeurs
Les malheurs d'Alfred (1972), musique Vladimir Cosma, choeurs
Les feux de la chandeleur (1972), musique Michel Legrand, choeurs
La grande bouffe (1973), musique Philippe Sarde, choeurs
Chobizenesse (1975), musique Jean Yanne et Claude Germain, soliste "Pauvre Bach" et choeurs
Les Douze Travaux d'Astérix (1976), musique Gérard Calvi, choeurs de "L'île aux plaisirs"
Tendre poulet (1978), musique Georges Delerue
Moonraker (1979), musique John Barry, choeurs
Les uns et les autres (1981), musique Michel Legrand, maquette "Les uns et les autres"
Une chambre en ville (1982), musique Michel Colombier, choeurs
Et de nombreuses musiques de films pour Georges Delerue, Vladimir Cosma, Michel Legrand, Claude Bolling, Gérard Calvi, François de Roubaix, etc.
Musiques pour la télévision:
Anna (1967), musique Serge Gainsbourg, choeurs
Les Saintes Chéries (1970), musique Jean Leccia, soliste générique (duo avec Jean Stout)
Arsène Lupin, épisode "L'écharpe de soie rouge" (1973), musique Claude Bolling, voix chantée de Prudence Harrington (Jenny)
L'île aux enfants (1974), musique Roger Pouly, soliste générique
Les visiteurs du mercredi (1975), musique Roger Pouly, soliste générique
Le loup blanc (1977), musique Vladimir Cosma, choeurs
Les Folies Offenbach (1977), musique Offenbach et Laurent Petitgirard, voix chantées diverses et choeurs
Et de nombreux génériques TV, publicités, etc.
Doublages:
La blonde ou la rousse (1957), voix chantée de Rita Hayworth (Vera)
Les Girls (1957), voix chantée de Tania Elg (Angèle)
Mary Poppins (1964), trio des brebis et des oies, choeurs
My Fair Lady (1964), choeurs
L'extravagant Dr Dolittle (1967), voix chantée de Samantha Eggar (Emma Fairfax)
Rachel, Rachel (1968), voix chantée de Joanne Woodward (Rachel) et choeurs
Oliver! (1968), choeurs
Skidoo (1968), choeurs
Krakatoa, à l'Est de Java (1969), voix chantée de Barbara Werle (Charley)
Winnie l'ourson dans le vent (1969), choeurs
Les Aristochats (1970), voix chantée de Duchesse
Un violon sur le toit (1971), voix chantée de Neva Small (Chava)
L'apprentie sorcière (1971), voix chantée d'une marchande et choeurs
Disney on parade (1971), choeurs
Le crapaud et le maître d'école, partie "La légende de la vallée endormie" (1949, doublage de 1972), choeurs
Robin des bois (1973), choeurs
Le petit monde de Charlotte (1973), soliste chanson "Charlotte"
Alice au pays des merveilles (1951, redoublage de 1974), choeurs
Le shérif est un prison (1974), choeurs
Bonjour Sésame (1974), voix diverses
Les aventures de Bernard et Bianca (1977), voix chantée de Bianca (chanson "SOS Société")
Raggeddy Ann & Andy: a musical adventure (1977), choeurs
Bambi (1942, redoublage de 1978), choeurs
Popeye (1980), voix chantée de Shelley Duvall (Olive)
La Belle au Bois dormant (1959, redoublage de 1981), choeurs
Annie (1982), voix parlée et chantée d'Ann Reinking (Grace)
Fraggle Rock (1983), voix diverses et choeurs
Sur scène:
Le Bourgeois Gentilhomme (1972-1975) à la Comédie-Française, petit solo et choeurs
Les Choéphores (1979) au Cloître des Célestins (Avignon), choeurs
Choeurs pour Léo Ferré (Alhambra 1961), Gilbert Bécaud, Charles Trénet, Tino Rossi, Zizi Jeanmaire, Enrico Macias, Johnny Hallyday, Jean Ferrat, Daniel Guichard, Georges Guétary, Les Charlots, etc.
Représentations internationales avec les Swingle Singers (Maison Blanche, Carnegie Hall, etc.)
Chanteuse d'orchestre soliste (Henri Rossotti, Armand Migiani, Ben, les Trombone Paraders, etc.) et choriste (Paul Mauriat: tournée au Japon)
A l'écran:
Chobizenesse (1975), choriste du ballet "L'acier"
Le Gendarme et les Extra-terrestres (1978), une soeur (scène du "Salve Regina")
Tendre poulet (1978), une choriste
Télé-Folies, tous en chaîne (1982), la sociologue du débat télévisé
Chant solo (en playback) deux fois pour "L'île aux enfants"
Groupe vocal "Les Stardust" pour accompagner les "Thés dansants" de Jacques Martin (orchestre: Bob Quibel)
Passages TV des Swingle Singers, des Barclay et des Angels dans diverses émissions
Choeurs pour des émissions de variétés ("Le Palmarès des Chansons", "Chansons et champions", "Podium", "Top à...", etc.) pour Gilbert Bécaud, Jean Sablon, Charles Trénet, Nicoletta, Sheila, Joe Dassin, Mireille Mathieu, etc.
Discographie variétés:
Duo "Maître Corbeau et Juliette Renard" avec Jean Gabin (versions française et anglaise)
Duo "La jeune fille et le commissaire" avec Hugues Aufray
Enregistrement en soliste de disque de reprises (Sylvie Vartan, Françoise Hardy, etc.) à son nom, anonymement, ou sous pseudonyme (Lili Montès et Aline Dubois: pseudos également utilisés par d'autres chanteuses chez Musidisc)
Choeurs studio pour Adamo, Marcel Amont, Antoine, Charles Aznavour, Barbara ("L'aigle noir"), Brigitte Bardot, Gilbert Bécaud ("Les cerisiers sont blancs", "Charlie t'iras pas au paradis", "Dimanche à Orly"), Daniel Beretta, Jacques Brel ("Rosa"), C. Jérôme, Jean-Roger Caussimon, Georges Chelon, Maurice Chevalier, Julien Clerc, Pia Colombo, Annie Cordy, Dalida, Dave, Charles Dumont, Léo Ferré ("L'affiche rouge"), Jacques Dutronc ("Ne pas t'oublier", "Le combat", "Adieu ma vie"), Eva, Claude François ("Belles belles belles", "Si j'avais un marteau", "Le jouet extraordinaire", "Marche tout droit", "Quand un bateau passe", etc.), Johnny Hallyday, Nancy Holloway ("T'en vas pas comme ça"), Peter Holm, Serge Lama, Philippe Lavil, Thierry Le Luron, Georgette Lemaire, Enrico Macias, Mireille Mathieu, Eddy Mitchell, Monty, Nana Mouskouri, Rita Pavone, Régine, Tino Rossi, Demis Roussos, Henri Salvador ("Count Basie"), Jean-Pierre Savelli, Sheila, Alan Stivell, Michèle Torr, Jean Vallée, Sylvie Vartan, Hervé Vilard, Roger Whittaker, John William, Andy Williams, Rika Zaraï, etc.
Discographie orchestres et groupes vocaux:
Trois premiers disques des Swingle Singers (Jazz Sebastian Bach, Going Baroque, Swinging Mozart), lauréats de plusieurs Grammy Awards
Titre "Fascinating rhythm" (extrêmes aigus) pour les Double Six
Groupes Les Masques, Les Barclay, Les Angels, Les Riff, The Jumping Jacques, etc.
Chanteuse d'orchestre soliste pour Armand Migiani, Jean Leccia, Bernard Gérard et les Trombone Paraders (Benny Vasseur/André Paquinet)
Choeurs pour les orchestres Paul Mauriat, Jef Gilson, Claude Bolling, etc.
Voix de soutien pour Les Parisiennes et Les Surfs
Discographie comédies musicales:
Paris Populi (1974), petits soli et choeurs
La Fugue (1978), choeurs (et enregistrements en soliste des maquettes, piano Alexis Weissenberg)
Discographie jeunesse:
Disques de reprises Disney (Adès, Disneyland, Le petit ménestrel): Merlin l'Enchanteur (voix chantée de Mme Mim), Alice au Pays des Merveilles (voix du lapin blanc dans le medley, et choriste dans le disque avec Jeanine Forney), Le Livre de la Jungle (voix chantée de Mowgli), Suzy le petit coupé bleu (soliste)...
Musiques d'attractions:
Chansons pour divers grands cabarets parisiens (Le Lido, Le Paradis Latin, Le Moulin Rouge, etc.).
Choeurs pour Disneyland Paris
Radio:
Les cinglés du music-hall (de Jean-Christophe Averty): duos avec Sacha Briquet, Bob Martin, etc.
Ecriture de chansons:
Chansons composées et écrites avec Claude Germain, interprétées par divers groupes vocaux (Les Souingue, Charlatan Transfer, etc.)
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Chanteuse du générique de "L'île aux enfants", voix chantée de Catherine Deneuve dans "Les Demoiselles de Rochefort" et "Peau d'âne", de Duchesse dans "Les Aristochats", de Rita Hayworth dans "La Blonde ou la Rousse", membre fondatrice des Swingle Singers, choriste (pour Gilbert Bécaud, Léo Ferré, Hugues Aufray, Claude François, Michel Legrand, Georges Delerue, Vladimir Cosma, etc.), Anne était avec Christiane Legrand, Danielle Licari et Janine de Waleyne l'une des figures les plus marquantes des studios d'enregistrement parisiens des années 60/70.
Ses qualités d'interprète dans tous ses enregistrements étaient exceptionnelles. D'une musicalité et d'une technique parfaites, elle était également capable de se fondre vocalement dans tous les styles, d'imiter la voix des actrices qu'elle doublait (comme dans le "Popeye" de Robert Altman) ou des chanteuses dont elle faisait les "covers" (à réécouter: la B.O. de "Tout le monde il est beau tout le monde il est gentil" où elle pastiche Sylvie Vartan, France Gall, Gloria Lasso, etc.).
"Quand j'ai débarqué à Paris, j'ai fait un remplacement comme pianiste dans l'orchestre de Claude Germain. Et j'ai trouvé que la chanteuse avait beaucoup de talent. Quand je suis devenu chef d'orchestre, Anne Germain est devenue ma choriste préférée avec Christiane Legrand. Je suis triste d'apprendre qu'elle nous a quittés" témoigne le grand arrangeur Jean Claudric.
Femme discrète, fuyant les honneurs, Anne était une musicienne passionnée par son métier, par la musique et le cinéma, elle avait une mémoire extraordinaire et m'avait permis d'avancer considérablement dans mes recherches sur les voix de choristes.
(Notre interview, en six parties: http://danslombredesstudios.blogspot.fr/2014/05/anne-germain-chanter-la-vie-chanter-les.html)
En avril dernier, elle avait gentiment accepté d'enregistrer un petit message vocal pour le public de ma soirée "Dans l'ombre des studios fête son non-anniversaire".
Son sourire lumineux et nos coups de fil réguliers où nous discutions "studio" mais aussi de l'actualité, du cinéma, etc. vont énormément me manquer.
Tendres et affectueuses pensées à Isabelle, Victoria et toute la famille...
Petit montage que j'ai réalisé à partir d'extraits de ses apparitions TV (soliste ou choriste) et de ses musiques de films et doublages
J'ai tenté de constituer un petit CV d'Anne Germain (à partir de mes recherches et de ses témoignages), qui ne représente peut-être qu'un centième de sa carrière mais qui permet de recenser quelques uns de ses enregistrements importants:
Musiques de films:
Vivre sa vie (1962), musique Michel Legrand, choeurs
Eva (1962), musique Michel Legrand, choeurs
Le Gendarme de Saint-Tropez (1964), musique Raymond Lefebvre, choeurs "Douliou-douliou Saint-Tropez"
Qui êtes-vous, Polly Maggoo ? (1966), musique Michel Legrand, choeurs
Les Demoiselles de Rochefort (1967), musique Michel Legrand, voix chantée de Catherine Deneuve (Delphine), scat solo et choeurs
Le dernier homme (1967), musique Paul Misraki, soliste "Chanson en langue inconnue" (attribuée à tort à D. Licari)
Astérix et Cléopâtre (1968), musique Gérard Calvi, choeurs "Le lion de Cléopâtre"
Madly (1969), musique Francis Lai, soliste générique (duo avec Danielle Licari)
L'étalon (1969), musique François de Roubaix, choeurs
Cran d'arrêt (1969), musique Michel Magne, choeurs
Trois hommes sur un cheval (1969), musique Gérard Calvi, choeurs
Peau d'âne (1970), musique Michel Legrand, voix chantée de Catherine Deneuve (Peau d'âne)
L'homme orchestre (1970), musique François de Roubaix, voix chantée de Noëlle Adam (Françoise)
Cannabis (1970), musique Serge Gainsbourg, soliste "I want to feel crazy"
Tout le monde il est beau tout le monde il est gentil (1970), musique Michel Magne, soliste de la plupart des chansons du film
Le Distrait (1970), musique Vladimir Cosma, choeurs
Le voyou (1970), musique Francis Lai, choeurs
Les mariés de l'an II (1971), musique Michel Legrand, voix chantée de Laura Antonelli (Pauline) (NB: dans la bande-annonce, la chanson est chantée par Christiane Legrand)
Mais ne nous délivrez pas du mal (1971), musique Claude Germain et Dominique Ney, soliste générique (duo avec Danielle Licari) et "Dis, ferme un instant les yeux"
Lucky Luke : Daisy Town (1971), musique Claude Bolling, maquette "I'm a poor lonesome cowboy" et choeurs
Doucement les basses (1971), musique Claude Bolling, choeurs
Le Mans (1971), musique Michel Legrand, choeurs
Un peu de soleil dans l'eau froide (1971), musique Michel Legrand, choeurs
Le temps d'aimer (1971), musique Michel Legrand, choeurs
La folie des grandeurs (1971), musique Michel Polnareff, choeurs
Ca n'arrive qu'aux autres (1971), musique Michel Polnareff, choeurs
Le Petit Poucet (1972), musique Francis Lai, soliste Générique de fin
Le Viager (1972), musique Gérard Calvi, choeurs
Les malheurs d'Alfred (1972), musique Vladimir Cosma, choeurs
Les feux de la chandeleur (1972), musique Michel Legrand, choeurs
La grande bouffe (1973), musique Philippe Sarde, choeurs
Chobizenesse (1975), musique Jean Yanne et Claude Germain, soliste "Pauvre Bach" et choeurs
Les Douze Travaux d'Astérix (1976), musique Gérard Calvi, choeurs de "L'île aux plaisirs"
Tendre poulet (1978), musique Georges Delerue
Moonraker (1979), musique John Barry, choeurs
Les uns et les autres (1981), musique Michel Legrand, maquette "Les uns et les autres"
Une chambre en ville (1982), musique Michel Colombier, choeurs
Et de nombreuses musiques de films pour Georges Delerue, Vladimir Cosma, Michel Legrand, Claude Bolling, Gérard Calvi, François de Roubaix, etc.
Musiques pour la télévision:
Anna (1967), musique Serge Gainsbourg, choeurs
Les Saintes Chéries (1970), musique Jean Leccia, soliste générique (duo avec Jean Stout)
Arsène Lupin, épisode "L'écharpe de soie rouge" (1973), musique Claude Bolling, voix chantée de Prudence Harrington (Jenny)
L'île aux enfants (1974), musique Roger Pouly, soliste générique
Les visiteurs du mercredi (1975), musique Roger Pouly, soliste générique
Le loup blanc (1977), musique Vladimir Cosma, choeurs
Les Folies Offenbach (1977), musique Offenbach et Laurent Petitgirard, voix chantées diverses et choeurs
Et de nombreux génériques TV, publicités, etc.
Doublages:
La blonde ou la rousse (1957), voix chantée de Rita Hayworth (Vera)
Les Girls (1957), voix chantée de Tania Elg (Angèle)
Mary Poppins (1964), trio des brebis et des oies, choeurs
My Fair Lady (1964), choeurs
L'extravagant Dr Dolittle (1967), voix chantée de Samantha Eggar (Emma Fairfax)
Rachel, Rachel (1968), voix chantée de Joanne Woodward (Rachel) et choeurs
Oliver! (1968), choeurs
Skidoo (1968), choeurs
Krakatoa, à l'Est de Java (1969), voix chantée de Barbara Werle (Charley)
Winnie l'ourson dans le vent (1969), choeurs
Les Aristochats (1970), voix chantée de Duchesse
Un violon sur le toit (1971), voix chantée de Neva Small (Chava)
L'apprentie sorcière (1971), voix chantée d'une marchande et choeurs
Disney on parade (1971), choeurs
Le crapaud et le maître d'école, partie "La légende de la vallée endormie" (1949, doublage de 1972), choeurs
Robin des bois (1973), choeurs
Le petit monde de Charlotte (1973), soliste chanson "Charlotte"
Alice au pays des merveilles (1951, redoublage de 1974), choeurs
Le shérif est un prison (1974), choeurs
Bonjour Sésame (1974), voix diverses
Les aventures de Bernard et Bianca (1977), voix chantée de Bianca (chanson "SOS Société")
Raggeddy Ann & Andy: a musical adventure (1977), choeurs
Bambi (1942, redoublage de 1978), choeurs
Popeye (1980), voix chantée de Shelley Duvall (Olive)
La Belle au Bois dormant (1959, redoublage de 1981), choeurs
Annie (1982), voix parlée et chantée d'Ann Reinking (Grace)
Fraggle Rock (1983), voix diverses et choeurs
Sur scène:
Le Bourgeois Gentilhomme (1972-1975) à la Comédie-Française, petit solo et choeurs
Les Choéphores (1979) au Cloître des Célestins (Avignon), choeurs
Choeurs pour Léo Ferré (Alhambra 1961), Gilbert Bécaud, Charles Trénet, Tino Rossi, Zizi Jeanmaire, Enrico Macias, Johnny Hallyday, Jean Ferrat, Daniel Guichard, Georges Guétary, Les Charlots, etc.
Représentations internationales avec les Swingle Singers (Maison Blanche, Carnegie Hall, etc.)
Chanteuse d'orchestre soliste (Henri Rossotti, Armand Migiani, Ben, les Trombone Paraders, etc.) et choriste (Paul Mauriat: tournée au Japon)
A l'écran:
Chobizenesse (1975), choriste du ballet "L'acier"
Le Gendarme et les Extra-terrestres (1978), une soeur (scène du "Salve Regina")
Tendre poulet (1978), une choriste
Télé-Folies, tous en chaîne (1982), la sociologue du débat télévisé
Chant solo (en playback) deux fois pour "L'île aux enfants"
Groupe vocal "Les Stardust" pour accompagner les "Thés dansants" de Jacques Martin (orchestre: Bob Quibel)
Passages TV des Swingle Singers, des Barclay et des Angels dans diverses émissions
Choeurs pour des émissions de variétés ("Le Palmarès des Chansons", "Chansons et champions", "Podium", "Top à...", etc.) pour Gilbert Bécaud, Jean Sablon, Charles Trénet, Nicoletta, Sheila, Joe Dassin, Mireille Mathieu, etc.
Discographie variétés:
Duo "Maître Corbeau et Juliette Renard" avec Jean Gabin (versions française et anglaise)
Duo "La jeune fille et le commissaire" avec Hugues Aufray
Enregistrement en soliste de disque de reprises (Sylvie Vartan, Françoise Hardy, etc.) à son nom, anonymement, ou sous pseudonyme (Lili Montès et Aline Dubois: pseudos également utilisés par d'autres chanteuses chez Musidisc)
Choeurs studio pour Adamo, Marcel Amont, Antoine, Charles Aznavour, Barbara ("L'aigle noir"), Brigitte Bardot, Gilbert Bécaud ("Les cerisiers sont blancs", "Charlie t'iras pas au paradis", "Dimanche à Orly"), Daniel Beretta, Jacques Brel ("Rosa"), C. Jérôme, Jean-Roger Caussimon, Georges Chelon, Maurice Chevalier, Julien Clerc, Pia Colombo, Annie Cordy, Dalida, Dave, Charles Dumont, Léo Ferré ("L'affiche rouge"), Jacques Dutronc ("Ne pas t'oublier", "Le combat", "Adieu ma vie"), Eva, Claude François ("Belles belles belles", "Si j'avais un marteau", "Le jouet extraordinaire", "Marche tout droit", "Quand un bateau passe", etc.), Johnny Hallyday, Nancy Holloway ("T'en vas pas comme ça"), Peter Holm, Serge Lama, Philippe Lavil, Thierry Le Luron, Georgette Lemaire, Enrico Macias, Mireille Mathieu, Eddy Mitchell, Monty, Nana Mouskouri, Rita Pavone, Régine, Tino Rossi, Demis Roussos, Henri Salvador ("Count Basie"), Jean-Pierre Savelli, Sheila, Alan Stivell, Michèle Torr, Jean Vallée, Sylvie Vartan, Hervé Vilard, Roger Whittaker, John William, Andy Williams, Rika Zaraï, etc.
Discographie orchestres et groupes vocaux:
Trois premiers disques des Swingle Singers (Jazz Sebastian Bach, Going Baroque, Swinging Mozart), lauréats de plusieurs Grammy Awards
Titre "Fascinating rhythm" (extrêmes aigus) pour les Double Six
Groupes Les Masques, Les Barclay, Les Angels, Les Riff, The Jumping Jacques, etc.
Chanteuse d'orchestre soliste pour Armand Migiani, Jean Leccia, Bernard Gérard et les Trombone Paraders (Benny Vasseur/André Paquinet)
Choeurs pour les orchestres Paul Mauriat, Jef Gilson, Claude Bolling, etc.
Voix de soutien pour Les Parisiennes et Les Surfs
Discographie comédies musicales:
Paris Populi (1974), petits soli et choeurs
La Fugue (1978), choeurs (et enregistrements en soliste des maquettes, piano Alexis Weissenberg)
Discographie jeunesse:
Disques de reprises Disney (Adès, Disneyland, Le petit ménestrel): Merlin l'Enchanteur (voix chantée de Mme Mim), Alice au Pays des Merveilles (voix du lapin blanc dans le medley, et choriste dans le disque avec Jeanine Forney), Le Livre de la Jungle (voix chantée de Mowgli), Suzy le petit coupé bleu (soliste)...
Musiques d'attractions:
Chansons pour divers grands cabarets parisiens (Le Lido, Le Paradis Latin, Le Moulin Rouge, etc.).
Choeurs pour Disneyland Paris
Radio:
Les cinglés du music-hall (de Jean-Christophe Averty): duos avec Sacha Briquet, Bob Martin, etc.
Ecriture de chansons:
Chansons composées et écrites avec Claude Germain, interprétées par divers groupes vocaux (Les Souingue, Charlatan Transfer, etc.)
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jeudi 1 septembre 2016
Le procès du doublage
Après la Libération les débats pro et anti-doublage enflammaient déjà les médias.
Mardi 10 juin 1947, l'émission La Tribune de Paris proposait un débat sur le doublage enregistré la veille, avec pour intervenants:
-Paul Guimard (présentateur)
-Pierre Laroche (au "ministère public")
-Georges Sadoul (à "la défense")
-Jacques Becker (réalisateur)
-Carlo Rim (scénariste)
-Roger Bourgeon (comédien)
-Edouard Gross (Gaumont)
-Jean Laurence (Warner Bros)
Les arguments sont parfois creux et de mauvaise foi, le ton assez péremptoire, les intervenants pas à leur place (Qui est ce Roger Bourgeon qui se dit comédien en "doubling"? Aucune voxographie, ni film ou pièce de théâtre référencés sur IMDB ou Les Archives du Spectacle), le doublage bien mal défendu par ses représentants, mais cette émission que je vous propose en exclusivité sur "Dans l'ombre des studios" est un vrai document historique.
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-Paul Guimard (présentateur)
-Pierre Laroche (au "ministère public")
-Georges Sadoul (à "la défense")
-Jacques Becker (réalisateur)
-Carlo Rim (scénariste)
-Roger Bourgeon (comédien)
-Edouard Gross (Gaumont)
-Jean Laurence (Warner Bros)
Les arguments sont parfois creux et de mauvaise foi, le ton assez péremptoire, les intervenants pas à leur place (Qui est ce Roger Bourgeon qui se dit comédien en "doubling"? Aucune voxographie, ni film ou pièce de théâtre référencés sur IMDB ou Les Archives du Spectacle), le doublage bien mal défendu par ses représentants, mais cette émission que je vous propose en exclusivité sur "Dans l'ombre des studios" est un vrai document historique.
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samedi 13 août 2016
Mémoires de José Bartel (Partie 3)
Musicien, chef d'orchestre, directeur artistique, comédien, chanteur, etc. José Bartel (voix de Guy dans Les Parapluies de Cherbourg et du Roi Louie dans Le Livre de la Jungle) était un artiste à multiples facettes.
Quelques mois avant sa disparition en 2010, il avait fini d'écrire ses souvenirs (intitulés: Faire comme si... Ou l'enrichissante mais peu lucrative balade d'un mec qui avait les dents trop courtes), que je vous propose de découvrir ici en exclusivité sous la forme d'un "feuilleton", publié avec l'aimable autorisation de sa veuve, Norma, et de son fils, David.
Dans le précédent épisode (Partie 2), José raconte ses débuts à 14 ans dans l'orchestre d'Aimé Barelli...
MONTE CARLO… MON PREMIER ORCHESTRE !
Octobre 1954, Aimé Barelli me fait un cadeau inoubliable. Cette année-là, le cha-cha et la bossa nova pointant de plus en plus le nez sur les pistes de danse, Aimé me propose de monter pour la saison d’hiver à Monaco, une petite formation destinée à assurer le répertoire typique en alternance avec le grand orchestre.
Je suis abasourdi, bouleversé et particulièrement ému car n’étant pas par nature, rongé par l’obsession de la réussite sociale, je suis parfaitement heureux d’exercer un métier qui me permet de baigner dans la musique sans pour autant avoir les responsabilités d’un chef d’entreprise Jamais, je n’aurais osé imaginer ce qui m’arrive. A 22 ans, pour les Fêtes de fin d’année puis les six mois que durent les saisons d’hiver au Casino de Monte Carlo, je vais diriger mon premier orchestre! Une fois encore, l’imagination et le « faire comme si » semblent me protéger... Si tout se passe bien je pourrai même, avec la bénédiction d’Aimé envisager de pousser l’expérience jusqu’à en faire, mon activité professionnelle permanente dans le futur. Et c’est bien ce qui arriva …
Mes précédents séjours en Principauté comme jeune chanteur d’orchestre m’ont toujours donné l’impression d’être en ballade dans une sorte de cité magique. Un lieu d’exception, peuplé de personnages ne faisant que jouer un rôle conventionnel. Des personnages qui impérativement, devaient correspondre au cinéma que se faisait dans sa petite tête le « Parigot » de la rue Foyatier, le «Gone » de la Guillotière , ou le « Niston marseillais »
Ce film, bien entendu, n’excluant aucun cliché : à/ A Monte Carlo le milliardaire « milliarde » b/ Le joueur devient (peut être) riche. c/ l’Hôtel ne peut être que « de Paris ». d/ Le businessman est forcément grec, italien ou américain. e/ Le danseur mondain russe blanc, espagnol ou plus prosaïquement, lyonnais. Quant aux superbes Monte Carlo Girls elles sont, elles, censées succomber au charme du très modeste mais avouons-le, irrésistible ( ?) chanteur de l’orchestre ! … Voilà pour mon cinéma !
En réalité, mes toutes nouvelles responsabilités se chargeront de rapidement remettre tout ça en ordre. Du moins pour quelques temps...En attendant, pour en revenir à 1954 et aux quelques jours précédant les débuts de mon premier orchestre à Monte Carlo : Nous sommes fin prêts… et morts de trac ! Cette grande trouille s’expliquant par le fait qu’après avoir pris conscience de la chance qui m’était offerte, je m’étais trouvé dans l’obligation absolue de relever le challenge et créer en moins de trois mois, un « Combo » de style sud-américain qui tienne la route !
C’est dire s’il m’a fallu ramer comme un dératé pour régler d’urgence et en priorité, les quelques « menus problèmes » qui se posaient sur le plan pratique et artistique afin d’être le plus « en place » possible au moment du départ pour la Principauté.
Ces « menus problèmes » ?
Constituer puis apprendre un répertoire cubain / brésilien valable et de qualité. Ensuite, écrire les arrangements et trouver les musiciens adéquats (pianiste, guitariste, contrebassiste, ténor sax, trombone ou trompette plus un batteur/percussionniste.) afin de rapidement établir un planning de répétitions le plus efficace possible
Enfin, commander au tailleur habituel de l’orchestre Barelli - mais cette fois à mes frais - deux jeux de costumes pour les membres du groupe et votre serviteur. Vous voyez la galère ?
Dieu merci, notre « Première » à Monaco c’est super-bien passée et la qualité du groupe s’étant confirmée tout au long du contrat, le ré-engagement pour l’été au Monte Carlo Sporting Club a suivi… Avec en prime, des propositions pour les saisons automne / hiver et printemps /été de l’année suivante !
En conséquence, avec la perspective d’engagements à Monte Carlo pour les années à venir, il m’apparut alors logique – bien que toujours basé à Paris – d’organiser mon installation à Monaco de façon plus rationnelle. Ne serait-ce que dans le but de mettre à profit une certaine stabilité due à la régularité de mes contrats pour reprendre ce qui avait pour une grande part, motivé mes tentatives infructueuses d’entrée au Conservatoire. A savoir : Une étude plus approfondie de la composition musicale me permettant d’accéder sans préjugés, à l’univers coloré de la création musicale tous azimuts. Qu’elle soit d’inspiration populaire, jazz, sud américaine et aussi, pourquoi pas, classique .
Cette stabilité temporaire favorisera-t-elle la matérialisation de ce vœu en dépit de mon mince bagage académique ? Une rencontre heureuse va bientôt favoriser ce début de mutation …
***
Un soir au Cabaret du Casino, notre série vient de s’achever et la grande formation sur le point d’enchaîner. Je m’apprête donc à prendre une trentaine de minutes de pause lorsqu’un des maîtres d’hôtel s’approche pour me dire que des clients m’invitent à prendre un verre à leur table. Il s’agit en fait de Charles et Lillan Matton, un jeune couple d’habitués avec lesquels j’ai déjà eu le plaisir de sympathiser au cours de précédentes rencontres chez des amis communs.
Il faut bien dire que ce Charles Matton est un jeune homme assez surprenant et particulièrement original. D’une rare courtoisie, ce fils de parisiens réfugiés à Monaco pendant la guerre, loge en permanence à l’hôtel Excelsior géré par son incorrigible joueur de père. Comme de coutume, Charles joue avec ravissement de son aspect Lord Byron, Debussy et aussi, de son côté Scott Fitzgerald mais qu’on ne s’y trompe pas . Ce « fils de famille » soit-disant désoeuvré et à l’abri du besoin est en réalité, un bourreau de travail qui entamera (en attendant la consécration) une très fertile carrière de peintre et de sculpteur. C’est évident. Il n’y pas un instant de vie à perdre pour ce faux Dandy de 18 ans amateur de grosses vestes de velours, de casquettes 1920, de chaînes de montre avec gousset, de cannes à pommeau d’argent, de manteaux assortis d’un col de fourrure et parfois même, de Bentleys d’occasion !
Et puis bientôt, pour Charles, ce sera l’imprévu : La rencontre avec une jeune suédoise (de « bonne famille » comme il se doit ) et dans la foulée, la demande en mariage. La dynamique Lillan abandonnera sans hésitations sa condition de touriste scandinave pour le statut d’épouse de « Génie-peintre- résident- monégasque » et en moins de temps qu’il ne faudra à la famille pour le réaliser, donnera naissance à leur petit Yann... Bien qu’étant pratiquement du même âge mais de milieux et de tempéraments diamétralement opposés, le courant est vite passé entre Charles et moi. Avec toutefois, un certain « plus » pour moi car étant donné la faiblesse de mon éducation et de mes connaissances en Art pictural, je me suis indéniablement enrichi culturellement a son contact. A maintes reprises, au fil de nuits durant lesquelles nous refaisions le monde en compagnie de quelques copains, nous étions quelques fois rejoints par César, (le sculpteur) venu « en voisin » de Marseille et qui à l’occasion, acceptait d’aborder avec nous ce sujet de la plus haute gravité !
Pour redevenir sérieux, c’est bien au cours de ces rencontres impromptues que l’opportunité me fut offerte de compléter une partie appréciable des lacunes résultant d’une scolarité assez chaotique … C’est aussi grâce à ces discussions sans fin que j’ appris à « ouvrir les yeux » et ressentir le besoin quasi instinctif à présent, de découvrir ce qui se trouve plus loin dans le Monde … où peut-être, de l’autre côté de la rue.
Quoi qu’il en soit, cette partie de ma jeunesse passée en si bonne compagnie me permit d’en apprendre un peu plus sur l’Art et la diversité de ses formes d’expression. Qu’elles soient littéraires, musicales, plastiques, picturales.
Enfin, je pense être en mesure à présent de réaliser l’importance de l’humilité chaque fois que le privilège me sera donné d’apprécier le talent de ceux qui dans le passé comme de nos jours, ont su imaginer un langage capable d’émouvoir le plus grand nombre.
La création artistique… Cette tendre et perpétuelle tentative d’évasion trop souvent mise au placard par de soit-disant experts. Ces froids et pontifiants détenteurs de La Vérité qui lorsqu’ils sont priés de définir en termes simples et généreux ce qu’ils pensent avoir compris d’une création, demeurent tout aussi rébarbatifs. Ce manque d’humilité me rend perplexe.
C’est une évidence paraît-il : La Culture est ouverte à tous. J’ai cependant la pénible impression que celle-ci ne soit généralement accessible qu’à ces fameux experts.
Ceux-là même qui bien que n’étant pas spécialement attirés par la création artistique, sont par contre gratifiés d’une excellente mémoire. Ce qui en soi, ne pose pas grand problème. Par contre, l’agaçant c’est que la mémoire, ce précieux avantage, soit plutôt l’apanage de « penseurs » qui, c’est bien dommage, ne pensent pas vraiment nécessaire d’aller à la rencontre de l’imaginaire. Persuadés qu’ils sont d’avoir hérité du Savoir par naissance !
La Culture ? En fait, j’avoue qu ’aujourd’hui, le mot continue de me faire un peu peur. Alors que j’aimerai tant lui sourire …
N’étant pas linguiste et encore moins philosophe, force m’est de constater que je n’ai toujours pas trouvé de réponse satisfaisante permettant d’expliquer ma gêne, ma méfiance et probablement mes complexes, chaque fois qu’il m’arrive d’échanger des propos avec d’heureux élus considérés comme spécialistes patentés. Mais laissons tomber mes pseudo philosophiques et « emmerdatoires » dissertations. Ne serait-ce que pour parler plutôt, de la naissance et des conséquences positives d’une grande et durable amitié...
***
Il semblerait que pour Matton comme pour moi, ce fut la découverte progressive de nombreux points communs qui dans un premier temps, favorisa le développement de notre amitié. Ensuite, je pense que ce seront l’estime et une affection quasi fraternelle qui dès le début de notre travail en commun déclencheront notre enthousiasme et notre ambition. Le souvenir de cette association fait partie de mes souvenirs les plus chers car il correspond aux moments heureux et productifs qu’apporte la jeunesse. Tout cela ajouté au plaisir de travailler en parfaite osmose à la conception de projets apparemment hors de portée ! Comme par exemple « Le Jeune Homme et la Mort », un ballet dont Charles avait imaginé l’argument, dessiné les décors ainsi que les costumes et pour lequel j’avais écrit la musique. Parmi les Etoiles se produisant alors sur la scène de l’Opéra de Monte Carlo, Ethery Pagava et André Eglevsky étaient de ceux auxquels nous rêvions pour interpréter notre petit chef-d’œuvre (!) mais hélas, ce rêve ne se concrétisa jamais.
Par contre, entre 49 et 50, d’autres projets verront tout de même vu le jour, avec comme point de départ, la sortie en salle d’un court métrage : « La Pomme », notre première expérience cinématographique. Puis en 70 sortit le fruit notre deuxième collaboration : Un véritable film long métrage intitulé : L’Italien des Roses avec pour acteurs principaux : Richard Borhinger et Isabelle Mercanton. Accompagnée pour le générique, de la voix, le piano, et le talent d’Eddy Louiss, cette production sera d’ailleurs nominée pour la Mostra de Venise.
Il y eut plus tard un autre film : Spermula. Une création commune que bien sûr, je ne renie pas. Mais …
De part mes engagements répétés en Principauté j’eu ainsi le rare privilège pendant près de quatre ans, de vivre une partie de l’année un pied à Monte Carlo et l’autre à Paris, dans mon repaire favori : La Pension Sainte Marie !
Tenu par André Mahard (un copain russe blanc) et sa Maman, l’Hôtel Pension Sainte Marie se distinguait par son côté « havre de paix, d’amitié » mais surtout et presque toujours, source de franche rigolade. Un refuge principalement fréquenté par des musiciens, des comédiens, des chanteurs, des paroliers etc. A point qu’il était facile de l’imaginer, à deux pas des Batignolles, comme un bout du Montparnasse des années 20 ayant émigré rive droite.
La bohème quoi ! Pour preuve, s’y croisaient dans les étages ou dans la grande salle à manger donnant sur un petit parc intérieur, des habitués aussi divers que Michel Legrand, les comédiens Bernard Noël et Claire Maurier, le pianiste Raymond le Sénéchal, le guitariste Marcel Bianchi, le sociétaire de la Comédie française Robert Hirsch, l’humoriste Francis Blanche ou l’architecte Pouillon. Autre félicité, chaque soir, immédiatement après mon travail avec l’orchestre, venait le moment d’entamer mon indispensable circuit nocturne avec en tout premier lieu, Saint Germain des Prés. Ensuite, venaient les boîtes «chicos » dites « dans le vent » comme l’Epis Club, Régine, le club Princesse chez Castel etc … Dans ces discos pour « Happy few » (Lire « People » !) où le Disco s’était irrémédiablement installé, on était certains de retrouver aux heures les plus tardives, la plupart des incorrigibles oiseaux de nuit du moment !
Par exemple chez Castel. Dans le désordre mais toujours au bar : Marc Doelnitz, les frères Deffes, Sacha (Distel), Serge Gainsbourg, Philippe Lavil, Jean Castel évidemment et avec mention spéciale, mon ami Ben. L’irremplaçable et merveilleux Ben, roi du Cha-cha-cha à Paris et chef d’orchestre du Lido …Hélas tout cela devait pourtant bien prendre fin un jour. Ce qui fut le cas lorsqu’à l’ automne 1957, je me suis trouvé dans l’obligation d’arrêter toute activité professionnelle et de cesser mes allers et retours entre Monte Carlo et Paris. La raison de ce bouleversement ?
Mon départ imminent pour le service militaire (alors obligatoire) avec pour conséquence, en tout premier lieu, l’éloignement d’avec Maman, suivi d’une perte totale de contact avec le métier. Sans négliger les problèmes d’argent qui forcément, ne peuvent que s’accentuer au cours d’une absence forcée de 24 ou qui sait, de 29 mois peut-être. Une perspective d’avenir inquiétante parmi tant d’autres qui pour Mamele et moi, n’était pas des plus réjouissante à considérer.
Partie 1 (enfance, Marseille), Partie 2 (débuts avec Aimé Barelli, caves de jazz à Saint-Germain-des-Prés), Partie 3 (Monte-Carlo), Partie 4 (Algérie, retour à Paris, Istamboul), Partie 5 (Parapluies de Cherbourg, Jupiter Sunset), Partie 6 (La Compagnie, voyage à Cuba, Grenadine Music), Partie 7 (La Comédie-Française, Monte-Carlo / S.B.M.)... (A suivre)
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Quelques mois avant sa disparition en 2010, il avait fini d'écrire ses souvenirs (intitulés: Faire comme si... Ou l'enrichissante mais peu lucrative balade d'un mec qui avait les dents trop courtes), que je vous propose de découvrir ici en exclusivité sous la forme d'un "feuilleton", publié avec l'aimable autorisation de sa veuve, Norma, et de son fils, David.
Dans le précédent épisode (Partie 2), José raconte ses débuts à 14 ans dans l'orchestre d'Aimé Barelli...
MONTE CARLO… MON PREMIER ORCHESTRE !
Octobre 1954, Aimé Barelli me fait un cadeau inoubliable. Cette année-là, le cha-cha et la bossa nova pointant de plus en plus le nez sur les pistes de danse, Aimé me propose de monter pour la saison d’hiver à Monaco, une petite formation destinée à assurer le répertoire typique en alternance avec le grand orchestre.
Je suis abasourdi, bouleversé et particulièrement ému car n’étant pas par nature, rongé par l’obsession de la réussite sociale, je suis parfaitement heureux d’exercer un métier qui me permet de baigner dans la musique sans pour autant avoir les responsabilités d’un chef d’entreprise Jamais, je n’aurais osé imaginer ce qui m’arrive. A 22 ans, pour les Fêtes de fin d’année puis les six mois que durent les saisons d’hiver au Casino de Monte Carlo, je vais diriger mon premier orchestre! Une fois encore, l’imagination et le « faire comme si » semblent me protéger... Si tout se passe bien je pourrai même, avec la bénédiction d’Aimé envisager de pousser l’expérience jusqu’à en faire, mon activité professionnelle permanente dans le futur. Et c’est bien ce qui arriva …
Mes précédents séjours en Principauté comme jeune chanteur d’orchestre m’ont toujours donné l’impression d’être en ballade dans une sorte de cité magique. Un lieu d’exception, peuplé de personnages ne faisant que jouer un rôle conventionnel. Des personnages qui impérativement, devaient correspondre au cinéma que se faisait dans sa petite tête le « Parigot » de la rue Foyatier, le «Gone » de la Guillotière , ou le « Niston marseillais »
Ce film, bien entendu, n’excluant aucun cliché : à/ A Monte Carlo le milliardaire « milliarde » b/ Le joueur devient (peut être) riche. c/ l’Hôtel ne peut être que « de Paris ». d/ Le businessman est forcément grec, italien ou américain. e/ Le danseur mondain russe blanc, espagnol ou plus prosaïquement, lyonnais. Quant aux superbes Monte Carlo Girls elles sont, elles, censées succomber au charme du très modeste mais avouons-le, irrésistible ( ?) chanteur de l’orchestre ! … Voilà pour mon cinéma !
En réalité, mes toutes nouvelles responsabilités se chargeront de rapidement remettre tout ça en ordre. Du moins pour quelques temps...En attendant, pour en revenir à 1954 et aux quelques jours précédant les débuts de mon premier orchestre à Monte Carlo : Nous sommes fin prêts… et morts de trac ! Cette grande trouille s’expliquant par le fait qu’après avoir pris conscience de la chance qui m’était offerte, je m’étais trouvé dans l’obligation absolue de relever le challenge et créer en moins de trois mois, un « Combo » de style sud-américain qui tienne la route !
C’est dire s’il m’a fallu ramer comme un dératé pour régler d’urgence et en priorité, les quelques « menus problèmes » qui se posaient sur le plan pratique et artistique afin d’être le plus « en place » possible au moment du départ pour la Principauté.
Ces « menus problèmes » ?
Constituer puis apprendre un répertoire cubain / brésilien valable et de qualité. Ensuite, écrire les arrangements et trouver les musiciens adéquats (pianiste, guitariste, contrebassiste, ténor sax, trombone ou trompette plus un batteur/percussionniste.) afin de rapidement établir un planning de répétitions le plus efficace possible
Enfin, commander au tailleur habituel de l’orchestre Barelli - mais cette fois à mes frais - deux jeux de costumes pour les membres du groupe et votre serviteur. Vous voyez la galère ?
Dieu merci, notre « Première » à Monaco c’est super-bien passée et la qualité du groupe s’étant confirmée tout au long du contrat, le ré-engagement pour l’été au Monte Carlo Sporting Club a suivi… Avec en prime, des propositions pour les saisons automne / hiver et printemps /été de l’année suivante !
En conséquence, avec la perspective d’engagements à Monte Carlo pour les années à venir, il m’apparut alors logique – bien que toujours basé à Paris – d’organiser mon installation à Monaco de façon plus rationnelle. Ne serait-ce que dans le but de mettre à profit une certaine stabilité due à la régularité de mes contrats pour reprendre ce qui avait pour une grande part, motivé mes tentatives infructueuses d’entrée au Conservatoire. A savoir : Une étude plus approfondie de la composition musicale me permettant d’accéder sans préjugés, à l’univers coloré de la création musicale tous azimuts. Qu’elle soit d’inspiration populaire, jazz, sud américaine et aussi, pourquoi pas, classique .
Cette stabilité temporaire favorisera-t-elle la matérialisation de ce vœu en dépit de mon mince bagage académique ? Une rencontre heureuse va bientôt favoriser ce début de mutation …
***
Un soir au Cabaret du Casino, notre série vient de s’achever et la grande formation sur le point d’enchaîner. Je m’apprête donc à prendre une trentaine de minutes de pause lorsqu’un des maîtres d’hôtel s’approche pour me dire que des clients m’invitent à prendre un verre à leur table. Il s’agit en fait de Charles et Lillan Matton, un jeune couple d’habitués avec lesquels j’ai déjà eu le plaisir de sympathiser au cours de précédentes rencontres chez des amis communs.
Il faut bien dire que ce Charles Matton est un jeune homme assez surprenant et particulièrement original. D’une rare courtoisie, ce fils de parisiens réfugiés à Monaco pendant la guerre, loge en permanence à l’hôtel Excelsior géré par son incorrigible joueur de père. Comme de coutume, Charles joue avec ravissement de son aspect Lord Byron, Debussy et aussi, de son côté Scott Fitzgerald mais qu’on ne s’y trompe pas . Ce « fils de famille » soit-disant désoeuvré et à l’abri du besoin est en réalité, un bourreau de travail qui entamera (en attendant la consécration) une très fertile carrière de peintre et de sculpteur. C’est évident. Il n’y pas un instant de vie à perdre pour ce faux Dandy de 18 ans amateur de grosses vestes de velours, de casquettes 1920, de chaînes de montre avec gousset, de cannes à pommeau d’argent, de manteaux assortis d’un col de fourrure et parfois même, de Bentleys d’occasion !
Et puis bientôt, pour Charles, ce sera l’imprévu : La rencontre avec une jeune suédoise (de « bonne famille » comme il se doit ) et dans la foulée, la demande en mariage. La dynamique Lillan abandonnera sans hésitations sa condition de touriste scandinave pour le statut d’épouse de « Génie-peintre- résident- monégasque » et en moins de temps qu’il ne faudra à la famille pour le réaliser, donnera naissance à leur petit Yann... Bien qu’étant pratiquement du même âge mais de milieux et de tempéraments diamétralement opposés, le courant est vite passé entre Charles et moi. Avec toutefois, un certain « plus » pour moi car étant donné la faiblesse de mon éducation et de mes connaissances en Art pictural, je me suis indéniablement enrichi culturellement a son contact. A maintes reprises, au fil de nuits durant lesquelles nous refaisions le monde en compagnie de quelques copains, nous étions quelques fois rejoints par César, (le sculpteur) venu « en voisin » de Marseille et qui à l’occasion, acceptait d’aborder avec nous ce sujet de la plus haute gravité !
Pour redevenir sérieux, c’est bien au cours de ces rencontres impromptues que l’opportunité me fut offerte de compléter une partie appréciable des lacunes résultant d’une scolarité assez chaotique … C’est aussi grâce à ces discussions sans fin que j’ appris à « ouvrir les yeux » et ressentir le besoin quasi instinctif à présent, de découvrir ce qui se trouve plus loin dans le Monde … où peut-être, de l’autre côté de la rue.
Quoi qu’il en soit, cette partie de ma jeunesse passée en si bonne compagnie me permit d’en apprendre un peu plus sur l’Art et la diversité de ses formes d’expression. Qu’elles soient littéraires, musicales, plastiques, picturales.
Enfin, je pense être en mesure à présent de réaliser l’importance de l’humilité chaque fois que le privilège me sera donné d’apprécier le talent de ceux qui dans le passé comme de nos jours, ont su imaginer un langage capable d’émouvoir le plus grand nombre.
La création artistique… Cette tendre et perpétuelle tentative d’évasion trop souvent mise au placard par de soit-disant experts. Ces froids et pontifiants détenteurs de La Vérité qui lorsqu’ils sont priés de définir en termes simples et généreux ce qu’ils pensent avoir compris d’une création, demeurent tout aussi rébarbatifs. Ce manque d’humilité me rend perplexe.
C’est une évidence paraît-il : La Culture est ouverte à tous. J’ai cependant la pénible impression que celle-ci ne soit généralement accessible qu’à ces fameux experts.
Ceux-là même qui bien que n’étant pas spécialement attirés par la création artistique, sont par contre gratifiés d’une excellente mémoire. Ce qui en soi, ne pose pas grand problème. Par contre, l’agaçant c’est que la mémoire, ce précieux avantage, soit plutôt l’apanage de « penseurs » qui, c’est bien dommage, ne pensent pas vraiment nécessaire d’aller à la rencontre de l’imaginaire. Persuadés qu’ils sont d’avoir hérité du Savoir par naissance !
La Culture ? En fait, j’avoue qu ’aujourd’hui, le mot continue de me faire un peu peur. Alors que j’aimerai tant lui sourire …
N’étant pas linguiste et encore moins philosophe, force m’est de constater que je n’ai toujours pas trouvé de réponse satisfaisante permettant d’expliquer ma gêne, ma méfiance et probablement mes complexes, chaque fois qu’il m’arrive d’échanger des propos avec d’heureux élus considérés comme spécialistes patentés. Mais laissons tomber mes pseudo philosophiques et « emmerdatoires » dissertations. Ne serait-ce que pour parler plutôt, de la naissance et des conséquences positives d’une grande et durable amitié...
***
Il semblerait que pour Matton comme pour moi, ce fut la découverte progressive de nombreux points communs qui dans un premier temps, favorisa le développement de notre amitié. Ensuite, je pense que ce seront l’estime et une affection quasi fraternelle qui dès le début de notre travail en commun déclencheront notre enthousiasme et notre ambition. Le souvenir de cette association fait partie de mes souvenirs les plus chers car il correspond aux moments heureux et productifs qu’apporte la jeunesse. Tout cela ajouté au plaisir de travailler en parfaite osmose à la conception de projets apparemment hors de portée ! Comme par exemple « Le Jeune Homme et la Mort », un ballet dont Charles avait imaginé l’argument, dessiné les décors ainsi que les costumes et pour lequel j’avais écrit la musique. Parmi les Etoiles se produisant alors sur la scène de l’Opéra de Monte Carlo, Ethery Pagava et André Eglevsky étaient de ceux auxquels nous rêvions pour interpréter notre petit chef-d’œuvre (!) mais hélas, ce rêve ne se concrétisa jamais.
Par contre, entre 49 et 50, d’autres projets verront tout de même vu le jour, avec comme point de départ, la sortie en salle d’un court métrage : « La Pomme », notre première expérience cinématographique. Puis en 70 sortit le fruit notre deuxième collaboration : Un véritable film long métrage intitulé : L’Italien des Roses avec pour acteurs principaux : Richard Borhinger et Isabelle Mercanton. Accompagnée pour le générique, de la voix, le piano, et le talent d’Eddy Louiss, cette production sera d’ailleurs nominée pour la Mostra de Venise.
Il y eut plus tard un autre film : Spermula. Une création commune que bien sûr, je ne renie pas. Mais …
De part mes engagements répétés en Principauté j’eu ainsi le rare privilège pendant près de quatre ans, de vivre une partie de l’année un pied à Monte Carlo et l’autre à Paris, dans mon repaire favori : La Pension Sainte Marie !
Tenu par André Mahard (un copain russe blanc) et sa Maman, l’Hôtel Pension Sainte Marie se distinguait par son côté « havre de paix, d’amitié » mais surtout et presque toujours, source de franche rigolade. Un refuge principalement fréquenté par des musiciens, des comédiens, des chanteurs, des paroliers etc. A point qu’il était facile de l’imaginer, à deux pas des Batignolles, comme un bout du Montparnasse des années 20 ayant émigré rive droite.
La bohème quoi ! Pour preuve, s’y croisaient dans les étages ou dans la grande salle à manger donnant sur un petit parc intérieur, des habitués aussi divers que Michel Legrand, les comédiens Bernard Noël et Claire Maurier, le pianiste Raymond le Sénéchal, le guitariste Marcel Bianchi, le sociétaire de la Comédie française Robert Hirsch, l’humoriste Francis Blanche ou l’architecte Pouillon. Autre félicité, chaque soir, immédiatement après mon travail avec l’orchestre, venait le moment d’entamer mon indispensable circuit nocturne avec en tout premier lieu, Saint Germain des Prés. Ensuite, venaient les boîtes «chicos » dites « dans le vent » comme l’Epis Club, Régine, le club Princesse chez Castel etc … Dans ces discos pour « Happy few » (Lire « People » !) où le Disco s’était irrémédiablement installé, on était certains de retrouver aux heures les plus tardives, la plupart des incorrigibles oiseaux de nuit du moment !
Par exemple chez Castel. Dans le désordre mais toujours au bar : Marc Doelnitz, les frères Deffes, Sacha (Distel), Serge Gainsbourg, Philippe Lavil, Jean Castel évidemment et avec mention spéciale, mon ami Ben. L’irremplaçable et merveilleux Ben, roi du Cha-cha-cha à Paris et chef d’orchestre du Lido …Hélas tout cela devait pourtant bien prendre fin un jour. Ce qui fut le cas lorsqu’à l’ automne 1957, je me suis trouvé dans l’obligation d’arrêter toute activité professionnelle et de cesser mes allers et retours entre Monte Carlo et Paris. La raison de ce bouleversement ?
Mon départ imminent pour le service militaire (alors obligatoire) avec pour conséquence, en tout premier lieu, l’éloignement d’avec Maman, suivi d’une perte totale de contact avec le métier. Sans négliger les problèmes d’argent qui forcément, ne peuvent que s’accentuer au cours d’une absence forcée de 24 ou qui sait, de 29 mois peut-être. Une perspective d’avenir inquiétante parmi tant d’autres qui pour Mamele et moi, n’était pas des plus réjouissante à considérer.
Partie 1 (enfance, Marseille), Partie 2 (débuts avec Aimé Barelli, caves de jazz à Saint-Germain-des-Prés), Partie 3 (Monte-Carlo), Partie 4 (Algérie, retour à Paris, Istamboul), Partie 5 (Parapluies de Cherbourg, Jupiter Sunset), Partie 6 (La Compagnie, voyage à Cuba, Grenadine Music), Partie 7 (La Comédie-Française, Monte-Carlo / S.B.M.)... (A suivre)
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jeudi 28 juillet 2016
Raoul Curet : rencontre au soleil
A bientôt 96 ans, Raoul Curet fait partie
des doyens du cinéma, de la chanson et du doublage. Je l’ai interviewé l’été
dernier à côté d’Aix-en-Provence où il est retiré avec son épouse depuis
quelques années. Rencontre avec un très sympathique
comédien aux souvenirs vifs, qui fut la voix française de Glenn Ford et le soliste principal et
arrangeur du quatuor Les Quat’ Jeudis…
« Je suis né en 1920. La Deuxième
Guerre Mondiale a touché de plein fouet ma génération». Fils d’avocat, Raoul
Curet habite à Manosque chez ses parents. Il se passionne pour le théâtre. « Les dernières années de collège,
j’avais en permanence dans mon sous-main
le supplément théâtral de La Petite Illustration ou des bouquins comme les
lettres de Musset, les pièces de théâtre en un acte de Guitry, etc. Je
rêvais de monter un spectacle, ce que j’ai fini par faire avec les
copains. »
Il joue
alors en amateur l’un des grands succès de l’époque, Les Jours Heureux de Claude-André Puget, en reprenant le rôle créé
par François Périer. « Cette pièce avait un avantage : tous
les rôles étaient faits pour des gens de notre âge ».
Il commence
une carrière d’officier pilote dans l’Armée de l’air, avant de la quitter. « L’aviation était une passion, mais
pas l’armée ». Menacé d’intégrer le STO et de partir pour l’Allemagne,
il passe sur les conseils du grand résistant Max Juvenal, ami de son père, le
concours pour être moniteur de culture physique pour des chantiers de jeunes
travailleurs.
« Affecté au camp de bûcheronnage des
Sauvas (Hautes-Alpes), un jour je vois arriver deux taxis avec des garçons qui
ont pratiquement mon âge. Ils me disent qu’ils sont une équipe de cinéma
appartenant au Centre artistique et technique des jeunes du cinéma (Nice) et
qu’ils recherchent des décors pour tourner un film qui s’appelle « On
demande des hommes ». Je leur fais visiter le camp, ils le trouvent à leur
goût, et me proposent de tourner mon propre rôle, sous réserve d’être
disponible pour aller à Nice tourner les raccords en studio. C’est ce qui s’est
produit. Cette équipe était formée d’un jeune metteur en scène, René Clément,
qui est devenu brillant, de Henri Alekan, grand directeur de la photographie qui révolutionnait l’éclairage du cinéma par
ses recherches, la façon d’utiliser les projecteurs, etc. et de Claude Renoir à
la caméra. »
Après ce tournage,
Raoul Curet laisse tomber le bûcheronnage et s’inscrit au Centre artistique et
technique des jeunes du cinéma, où il se retrouve en classe avec le jeune
Gérard Philipe. «Gérard Philipe était
doué d’un talent et d’un charme immédiats, insolents. Il était comme il me l’a
dédicacé sur une photo « mon meilleur ami de théâtre » ».
Glenn Ford |
Bien que
retourné dans l’aviation après la guerre, une amie à lui, Catherine Dotoro,
devenue adaptatrice de dialogues pour les doublages de la Columbia, lui propose
de passer des essais pour du doublage.
« Je suis allé à
Gennevilliers en uniforme d’aviateur pour passer le test, j’ai été accueilli
par Serge Plaute qui était un homme charmant, responsable des doublages de la
Columbia.
Il me demande « Avez-vous déjà fait de
la synchro ? » et au culot je réponds « Oui » (rires). Je
voyais sur l’écran défiler un acteur, Glenn Ford, que je voyais pour la
première fois et sur lequel on essayait les voix de tous les comédiens présents
ici, dont certains étaient parmi les voix les plus connues de l’époque. Toute
la fleur des jeunes premiers était là. Après avoir passé plusieurs boucles où
nous étions de moins en moins de comédiens présents, il me dit « J’ai une
bonne nouvelle pour vous, c’est vous qui êtes choisi », je lui demande
« -Je tourne quel jour ?» « -Comment, quel jour ? C’est
toute la semaine !» ». C’est ainsi que mon premier doublage a été le
western « Les Desperados ». Et Serge Plaute n’a pas attendu de voir
« Les Desperados » monté pour me confier un autre Glenn Ford,
« Gilda » (1946). J’entrais
par la porte royale dans la synchro, qui était un milieu très fermé. »
A part
quelques autres films avec Glenn Ford, et une
poignée d’autres acteurs intéressants (dont Martin Balsam dans Le Crime de l’Orient-Express (1974),
Richard Attenborough dans Brannigan
(1975), etc.), Raoul Curet n’aura en doublage principalement que des petits
rôles. Parmi ses bons souvenirs, le doublage de My fair lady (1964) où avec Jacques Balutin il doublait en texte et
en chansons l’un des copains du père d’Eliza (doublé par Jean Clarieux).
« Moi qui suis méridional avec
« la pointe d’ail » comme disait Plaute, je m’étais fait une
spécialité des voix à accents. Je doublais les indiens, mexicains, tout ce
genre de personnages. J’en ai fait à la pelle. C’était plutôt du
tout-venant, alimentaire, mais ça m’amusait et ça me permettait de rester dans
le milieu et de fréquenter de bons comédiens dans leur genre ».
Contrairement
à la plupart de ses camarades qui ont commencé le métier par le théâtre avant
de passer par la synchro, c’est donc l’inverse qui s’est produit pour Raoul
Curet. « Grâce à la synchro, j’ai
rencontré de nombreux comédiens qui m’ont fait passer des auditions pour le
théâtre et le cinéma. C’est en intégrant la Compagnie théâtrale Grenier
Hussenot que j’ai rencontré mon vieux Carel. Je n’ai pas beaucoup de grands
amis parmi les comédiens. Parmi ceux qui comptent, Roger a probablement été le
plus proche. Il a découvert très jeune sa faculté à imiter, à faire des voix.
Il en a fait sa spécialité, mais il est en dehors de ça un grand comédien »
Chez Grenier
Hussenot, Raoul Curet reprend pour Les
Gaîtés de l’Escadron le rôle tenu au cinéma par Fernandel. Il se marie en
1952, son épouse est toujours à ses
côtés après plus de soixante ans de mariage. « Nous nous sommes mariés un jour de relâche des "Gaîtés de l’Escadron". Tous les
copains, Georges Wilson, Roger Carel, etc. nous ont fait la surprise de nous
attendre sur le parvis de l’Eglise Saint-Roch dans les costumes du spectacle.
Nous avons fait la une de France Soir le lendemain ! ».
Les Gaîtés de l’Escadron sont à l’origine
d’un autre tournant décisif dans la vie de Raoul : « Trois fois pendant le spectacle il y avait des changements de
décors, un taps tombait sur l’avant-scène, on changeait le décor derrière, et
pendant ce temps, devant le taps les Frères Jacques chantaient une chanson. »
Les Frères
Jacques connaissent alors un énorme succès. Très demandés par les maisons de la
culture et diverses salles, ils finissent par quitter le spectacle. Un jour Jean-Pierre
Grenier demande quatre volontaires pour les remplacer. « Moi qui rêvais alors de comédies musicales, je lève la main. Nous nous réunissons avec
les trois autres, et Grenier nous dit « On vous donne les partitions et
les textes, vous vous démerdez ». J’étais le seul à avoir appris le piano
et le violon. Et c’est sur mon violon, dans ma chambre de bonne, que j’ai écrit les arrangements, qui étaient différents de ceux des Jacques. »
Ce quatuor prend
pour nom « Les Quat’ Jeudis ». « Nous
avons fait une carrière relativement importante dans le music-hall, au
détriment pour moi de ma carrière de comédien. Les onze ans que j’ai passés
avec Les Quat’ jeudis, si je les avais passés à faire Raoul Curet, je serais
certainement sensiblement plus haut que là où je suis resté. »
Le quatuor
est constitué de Raoul Curet, André Fuma, George Denis et Henri Labussière,
remplacé un an et demi plus tard par Roger Lagier, qui leur avait été
recommandé par Odette Laure.
Les Quat’
Jeudis enregistrent quelques inédits mais aussi pas mal de reprises, comme
« Les Croquants » et « La Marine » de Georges
Brassens, qui était un ami et voisin. « Ma femme et moi habitions rue Didot,
voisins de la « Jeanne » de Brassens, et Brassens habitait pas loin,
impasse Florimont. Il était adorable, et m’a aidé à acheter ma première
voiture, avec laquelle nous avons fait la première tournée des Quat’ Jeudis. »
Autre titre,
« Alors raconte » de Bécaud. « Quand
j’ai entendu la version de Bécaud et celle des Compagnons de la Chanson, j’ai
trouvé que tous deux étaient passés à côté de la chanson, qui est un sketch qu’il faut
traiter comme un sketch, en rajoutant des paroles sur des fins de phrase. Nous
avons fait notre version qu’on a traînée pendant onze ans. »
Les Quat' Jeudis (soliste: Raoul Curet) chantent "Alors raconte" (1956)
Les Quat’
Jeudis reçoivent un grand prix du disque de l’Académie Charles Cros pour Les Chantefables, poèmes de Robert Denos
mis en musique par Jean Wiener et arrangés par Raoul, illustration de Jean
Effel et présentation de Jean Cocteau. « Nous
avons eu ce prix mais c’était très spécial car ça s’adressait à un public
particulier et nous n’avons pas eu le succès qu’on aurait pu avoir. Par la
suite nous avons enregistré Les Chantefleurs qui est d’ailleurs musicalement
plus réussi que le premier. »
Les Quat’
Jeudis continuent le théâtre et sont même engagés… aux Etats-Unis ! « Nous avons fait une carrière
internationale car nous avons terminé par « Show Girl », une comédie
musicale qu’on a jouée pendant trois ans aux Etats-Unis, d’abord au Eugene
O’Neill Theatre de New York, puis dans quarante-cinq villes réparties en
trente-sept états américains. La vedette du spectacle était Carol Channing qui était une
énorme star de Broadway. C’est elle qui avait créé Lorelei dans « Les
hommes préfèrent les blondes ». Elle ne faisait pas beaucoup de cinéma car
elle avait un regard globuleux, on l’appelait "Popeye". C’était une superbe vedette. »
Considérés
plus comme des comédiens que comme des chanteurs (ils sont surnommés « Les
Comédiens de la Chanson ») au grand regret de Raoul pour qui l’aspect
musical prend une grande place, Raoul dissout le groupe en rentrant des
Etats-Unis, convaincu que c’est le moment ou jamais de revenir au théâtre,
n’étant pas encore oublié dans le métier.
C’est grâce
aux amis du doublage qu’il reprend du service peu à peu dans le théâtre et le
cinéma.
Puisque nous
parlons ensemble de comédie musicale et de doublage, je lui demande s’il ne
serait pas par hasard la voix chantée (non-créditée) d’Aubin, le garagiste des Parapluies de Cherbourg (1964). A cette
question, il chantonne, comme s’il l’avait enregistrée la veille « Ah le petit con depuis qu’il a quitté
l’armée, il se conduit comme le dernier des voyous ».
« Je connaissais Michel Legrand et je
trouvais son travail fantastique. La comédie musicale n’était pas la tasse de
thé des français, alors que j’en rêvais, je me voyais en Gene Kelly !
J’étais aussi un ami intime de Claire Leclerc (voix de Tante Elise). Ah,
« la voix claire de Claire Leclerc »... Mais c’est surtout Jacques
Demy que je connaissais et qui m’aimait beaucoup. Il m’avait même engagé pour
une publicité pour les shampoings Dop, j’avais mis une perruque car je perdais
déjà mes cheveux (rires). »
Pour la
télévision, on peut voir Raoul Curet dans tous les grands feuilletons de l’époque :
Rocambole, Le temps des copains, L’homme
de Picardie, Le chevalier de Maison Rouge, etc.
Avec Les
Quat’ Jeudis, Raoul Curet tourne dans Nous
irons à Monte-Carlo (1951) avec Ray Ventura. « On jouait dans les scènes, on chantait, et je jouais du violon
avec l’orchestre. Ray Ventura était adorable. Il avait l’élégance d’un grand
homme d’affaires. C’est à cette époque que j’ai fait connaissance de son neveu,
Sacha Distel, qui est devenu une relation amicale. »
Raoul Curet (chant/saxophone) aux côtés de Max Elloy, Henri Genès, Philippe Lemaire, etc.
dans Nous irons à Monte-Carlo (1951)
Raoul Curet dans "Rocambole" |
Il joue « en
solo » dans pas mal de films pour Chabrol, Deville, Molinaro. Quelques
rôles marquants : le projectionniste du Viager (1971) de Pierre Tchernia, Monsieur Vincent dans La Gloire de mon père et Le Château de ma mère (1989) d’Yves
Robert (qui lui avait proposé initialement le rôle du curé), le commissaire
dans L’homme à la Buick (1968) de
Gilles Grangier, avec Fernandel. A propos, de l’acteur, il se souvient : « Avec moi, Fernandel était charmant.
Je l’ai fréquenté semaine après semaine pendant des mois car il faisait partie
d’une émission de radio patronnée par Ricard, « Les contes de
Provence » sur Radio Luxembourg. Toutes les semaines il jouait dans un conte
de Provence sélectionné ou dans ses souvenirs personnels réécrits par Yvan
Audouard. Quand on distribuait les rôles au début de chaque séance, il
demandait « -Qui joue ce personnage ? –Raoul, - Vé, le
comique ! ». L’émission était
parrainée par Ricard, mais comme il n’aimait que le Pernod il avait son verre
de Pernod et la bouteille de Ricard à côté. »
A propos des
rôles « méridionaux » dans lesquels il a souvent été « casé »,
comment ne pas évoquer un autre spécialiste du genre, l’acteur Marco Perrin. « Marco était un très bon copain. Quand
je pense que je suis allé le chercher sur un tabouret de bar pour lui proposer
de faire de la radio avec moi. Je l’avais
vu la veille dans une télé dans laquelle il était très bon ».
Raoul Curet et votre serviteur |
Parmi les
derniers films dans lesquels il a joués, L’enquête corse (2004) et le téléfilm
Les filles du calendrier sur scène (2004) : « Je jouais un très vieux monsieur sur un fauteuil roulant. Ils
ont tourné ici… »
Il coule depuis une retraite bien méritée, dans la région qui l'a vu naître, avec "le soleil pour témoin"...
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