samedi 7 mars 2020

Jean-Claude Briodin : Entretien avec un Troubadour


En 1960, par les mots de Mimi Perrin et le son des Double Six, le « Boplicity » de Miles Davis et Gil Evans devient en France « La Légende du Troubadour ». Le soliste chante « Pardonnez-moi, dites, mon nom n’est que Briodin » certainement par modestie, lui qui préfère être « choriste de rang » plutôt qu’avoir à affronter l’angoisse du solo.
En soliste ou choriste, le talent de Jean-Claude Briodin n’est pas à prouver. On le retrouve dans une quinzaine de groupes vocaux, des Double Six aux Swingle Singers, des Angels aux Masques, en passant par le magnifique quatuor folk Les Troubadours. Sa belle voix de baryton-basse accompagne également plus d’une centaine de chanteurs, dans des milliers d’enregistrements studio, de « Count Basie » de Henri Salvador à « L’aigle noir » de Barbara, de la B.O. d’Un homme et une femme à celle de Moonraker.
Compagnon de route de Michel Legrand, Quincy Jones, Graeme Allwright, Jacques Brel et autres légendes, Jean-Claude Briodin revient pour nous sur sa carrière avec modestie et sincérité…
(Entretien réalisé le 28/02/2020)


Dans l’ombre des studios : Jean-Claude, peux-tu nous parler de ton enfance ? Tes parents étaient-ils musiciens ?

Je suis né le 6 mars 1932 à Paris, mais j’ai vécu toute mon enfance à Neuilly-sur-Marne. Mes parents étaient infirmiers dans un hôpital psychiatrique. On n’avait pas de poste de radio ni de phono donc on n’écoutait pas de musique à la maison. Cependant mon père avait une guitare, c’était sa passion, mais ça ennuyait ma mère donc au bout d’un moment il n’y a plus touché. A l’hôpital, pendant la guerre, ils avaient monté un orchestre qui était composé de malades et d’infirmiers.
Mon père m’a mis au banjo : on ne faisait pas de solfège, on apprenait les notes, je ne les chantais pas mais je les jouais. C’est comme ça que j’ai commencé la musique, à jouer du banjo dans cet orchestre. Dans l’orchestre, il y avait un gars qui jouait de la clarinette, je trouvais ça formidable. Alors mes parents ont voulu m’acheter une clarinette ; c’était pendant la guerre. Ils vont chez Beuscher, bien sûr il n’y avait pas de clarinette, donc on leur a vendu un saxophone soprano à la place. Et j’ai appris le sax comme ça.

DLODS : Comment as-tu perfectionné ton apprentissage du saxophone ?

Marcel Mule
Ma mère avait envie que je fasse de la musique. Elle va à la Garde Républicaine pour leur demander comment on intègre leur orchestre. Ils lui donnent le nom d’un professeur, Marcel Mule, qui était le professeur de saxophone du Conservatoire de Paris. On prend rendez-vous, et c’est un désastre, le son est dégueulasse, j’y pense maintenant, mais je ne m’en rendais pas compte à l’époque. Il m’a envoyé chez un professeur pour apprendre le saxophone et le solfège et préparer l’entrée au conservatoire.
Il n’y avait que douze places au Conservatoire, donc pour y entrer j’ai dû passer l’audition deux ou trois fois. S’il ne se libérait que deux places pour deux premiers prix, il n’y avait que deux places pour l’année d’après. J’ai eu la chance qu’il y ait eu trois places, j’ai été pris, j’y suis resté trois ans, et je suis entré dans le métier grâce à un ami élève comme moi dans la classe de sax, Roland Audefroy.

DLODS : Je crois qu’au conservatoire tu as rencontré Romuald Figuier, bien avant qu’il démarre sa carrière de chanteur ?

Oui, Romuald était beaucoup plus jeune que moi, donc quand j’étais au Conservatoire, il n’y était qu’en auditeur, puis il a eu son prix de saxophone quelques années après moi.

DLODS : Dans quels orchestres as-tu débuté ?

J’ai commencé dans un quatuor qui s’appelait Les Rickson, avec un accordéoniste très doué, Bellanger, qui avait quasiment appris à jouer en autodidacte. On faisait des petits bals dans une boîte à côté de chez nous, le dimanche après-midi c’était bal à Nogent-sur-Marne, et le dimanche soir un autre bal dans une boîte où l’orchestre étant au-dessus de la piste de danse, il nous était impossible de descendre avant la fermeture, même si on avait envie d’aller aux toilettes (rires).
Puis, en professionnel j’ai débuté chez Henri Rossotti en 1952-1953, on faisait des bals tous les samedis et on jouait des cha-chas, des tangos, etc. Avec cet orchestre on a joué au vieux Casino municipal de Cannes pendant le Festival de Cannes, je bavais car moi qui venais de ma banlieue je voyais défiler toutes ces stars que j’avais vues au cinéma, et notamment ces italiennes tellement belles, Sophia Loren et Gina Lollobrigida. Chez Rossotti la chanteuse était la superbe Anita Nubel et dans l’orchestre j’ai fait la connaissance de Roger Guérin (trompette), Claude Germain (piano) qui m’a présenté à sa femme (Anne Germain), André Paquinet et Benny Vasseur (trombones), etc.

Ensuite, j’ai eu mon prix de conservatoire en 1954, et je suis entré en 1955 chez Jacques Hélian. Michel Cassez qui a ensuite fait une carrière d’animateur et de chanteur (et membre des Compagnons de la Chanson, ndlr) sous le nom de Gaston était le premier sax alto, c’est lui qui m’a fait entrer dans l’orchestre. Il avait fait le tour de tous les orchestres de Paris et il m’avait trouvé un soir au dancing en-dessous du Moulin-Rouge, où je faisais un remplacement. Il m’a demandé si j’étais libre et m’a donné le numéro d’Hélian. J’ai été pris, et j’y suis resté une année. Chez Hélian c’était sympa, je n’avais jamais connu ça : d’abord on était payé au mois (pour moi ça n’existait pas, et ça ne s’est jamais reproduit), et c’était un orchestre de scène qui avait du succès, comme des vedettes. On tournait, tournait, tournait, on n’arrêtait pas ; on a fait trois tournées cette année-là.
Dans l’équipe, il y avait notamment Henri Tallourd, Jacques Hendrix, et les chanteuses, Les Hélianes: Rita Castel (femme du sax baryton) et Lou Darley.

DLODS : Comment sont nés les Cha-Chay Boys ?

Roland Audefroy (dit Roland Audy) est arrivé chez Hélian comme premier sax alto, quelques temps après moi. On se connaissait bien car on était entré et sorti en même temps de la classe de saxophone du conservatoire, on faisait du quatuor classique ensemble. Jacques Hélian se fichait de la danse, on ne faisait orchestre de danse que les samedis après le concert. Les Cha-Cha Boys était un pseudo de Jacques Hélian, Roland Audefroy a réussi à faire jouer l’orchestre entier pour la danse avec les arrangements des Cha-Cha Boys et de Paul Piot. Puis l’orchestre s’est arrêté et Hélian a revendu les Cha-Cha Boys à Roland. Roland m’a demandé de venir jouer dans son orchestre pour une saison au Canet Plage en 1963 et pour des bals un peu partout en France, c’était très sympa. Dans l’orchestre on a eu Jackye Castan au piano, et c’est moi qui l’ai poussée à chanter et à faire des séances de chœurs.

DLODS : Comment es-tu passé du saxophone au chant ?

Le groupe vocal Les Blue Stars existait depuis un an ou deux, ils avaient trouvé un très beau son, Michel Legrand les employait souvent dans ses séances. Tout le monde travaillait ensemble dans les studios d’enregistrement à l’époque (chanteur, orchestre, chœurs), on n’enregistrait pas les uns après les autres comme cela a été le cas plus tard et encore aujourd’hui. Les chanteurs avaient la réputation de ne pas très bien lire la musique donc Michel voulait des musiciens qui chantent. Michel a demandé à sa sœur Christiane de constituer Les Fontana avec des anciens Blue Stars et des nouveaux. Grâce à Jacques Hendrix qui jouait du saxophone avec moi chez Hélian, j’ai passé une audition devant Christiane et j’ai eu la chance d’être pris. Dans le groupe il y avait notamment, outre Christiane Legrand, Janine de Waleyne, Henri Tallourd, Jacky Cnudde et Jacques Hendrix.
Tous m’ont appris à chanter en groupe. Au début, au lieu de faire « ouh » je faisais des « uh », et Janine et Christiane me corrigeaient. Mais je n’avais pas de problèmes de lecture.
Ensuite, le groupe a évolué ainsi que la qualité du son, avec l’habitude de chanter ensemble et de s’écouter chanter de la même façon. On a enchaîné comme ça avec les Double Six.

DLODS : Quel était ton premier engagement avec les Fontana ?

En septembre 1956, pour la réouverture de l’Alhambra, rebaptisé Alhambra Maurice Chevalier, Michel Legrand avait constitué un grand orchestre et des choeurs, il dirigeait en première partie cinq de ses compositions, puis accompagnait Maurice Chevalier dans la deuxième partie. On a fait trois mois là-bas avec cet orchestre somptueux : quatre cors, six sax, cinq trompettes, quatre trombones, etc. Les morceaux que Michel avait composés et arrangés étaient formidables, c’était tellement beau… Tout le métier venait l’écouter.

DLODS : Michel Legrand raconte dans ses mémoires que ses compositions étaient « diversement » accueillies par le public traditionnel de Maurice Chevalier…

Je ne m’en rendais pas compte, j’étais absorbé par la musique de Michel…

DLODS : Avec Les Fontana, as-tu abandonné le saxophone ?

Pendant l’Alhambra, j’ai commencé les séances d’enregistrement comme choriste pour des chanteurs de variétés. J’en faisais deux ou trois par jour, ça n’arrêtait pas, donc le saxophone était un peu entre parenthèses.
Et puis en 1957, Michel Legrand partait l’été en Russie avec son orchestre et les Fontana. On ne m’a pas donné mon passeport car je n’avais pas fait mon service militaire, je devais le faire au mois de novembre, et on a eu peur que j’en profite pour m’éclipser. André Paquinet et Benny Vasseur, que j’avais connus chez Rossotti et chez Legrand (où Paquinet avait un solo magnifique), avaient monté un petit orchestre, Les Trombone Paraders, pour faire la saison au Palm Beach de Cannes, donc j’ai rejoint cette équipe, au saxophone. Dans l’orchestre il y avait, outre Paquinet et Vasseur (trombones), Georges Grenu (sax), Anne Germain (chanteuse d’orchestre), Claude Germain (piano), Henri Tallourd (contrebasse)…  A notre retour on a enregistré un disque de ce répertoire chez Festival. J’ai fait démarrer Claude dans les séances de chœurs, et Anne est entrée dans le métier grâce à Christiane.

Après j’ai rangé le saxophone, mais pas complètement car j’ai fait partie de l’orchestre du Lido, d’abord en remplaçant, puis j’ai eu la place.  En 1962, je devais partir au Canada pour le festival de jazz de Montréal avec les Double Six, Delvincourt qui s’occupait de l’orchestre m’a dit « Mon vieux Briodin, il faut choisir : le Lido ou les Double Six », j’ai choisi les Double Six. Mais j’ai continué à travailler au Lido, il me demandait de convoquer les chanteurs pour les enregistrements de chœurs pour les revues du Lido et du Moulin-Rouge, on était resté en très bon terme et je connaissais bien les musiciens.

DLODS : Je crois que tu as fait ton service militaire en même temps que le grand arrangeur Jean-Michel Defaye….

On s’est retrouvé dans la même caserne, à Courbevoie, en 1957. Lui était dans l’administration, et moi j’étais planqué dans la musique. Il avait laissé sa voiture, une belle Renault, devant la porte. Moi je laissais ma voiture dans un champ, et à la première occasion je partais en permission.  D’habitude, les musiciens s’engageaient dans la musique militaire pour faire leurs études à Paris, et être logés et nourris. Mais là, comme on était en pleine guerre d’Algérie, il n’y avait plus d’engagés car ils avaient peur d’être envoyés en Algérie. Du coup, nous, les prix de Paris, étions bien soignés et on ne nous emmerdait pas, du moment qu’on répétait et qu’on assurait le service.
S’il n’y avait pas de répétition le matin, les musiciens posaient une permission jour et nuit. C’était ça sans arrêt. J’ai eu de la chance, j’ai pu travailler, et ma femme qui avait été obligée de trouver un travail, a pu arrêter et s’occuper de nos deux jeunes enfants.
En journée, pendant mes permissions je faisais des séances et le soir je remplaçais au Lido.
Un soir on a téléphoné, c’était l’adjudant « Briodin, il faut revenir, le quartier est consigné à cause des événements ». Je suis resté en France, j’ai eu de la chance, mais dix-huit mois c’était long.


Les Double Six: "Sweets : Les quatre de l'opéra"
Solistes et choeur: Jean-Claude Briodin, Claude Germain, Mimi Perrin et Eddy Louiss

DLODS : Mimi Perrin crée fin 1959 le groupe vocal Les Double Six. En s’inspirant du groupe américain Lambert, Hendricks & Ross, elle reprend des instrumentaux de jazz en les faisant chanter par des chanteurs, avec des paroles qu’elle a écrites. Comment as-tu rejoint le groupe ?

Les Double Six avaient fait une première séance fin 1959 (trois titres : « Count’em », « Evening in Paris » et « Walkin’ »), j’étais un petit peu en froid avec Mimi à ce moment-là donc je n’y avais pas participé. Et puis Roger Guérin a quitté le groupe, je l’ai remplacé (début 1960). On s’est tapé des morceaux extraordinaires avec les Double Six, difficiles, rapides. Il y a un morceau, «Sweets / Les quatre de l’opéra »  qu’on chante à quatre avec Claude (Germain), Mimi (Perrin) et Eddy (Louiss). Un morceau d’une difficulté… Mais ça nous faisait plaisir. On ne gagnait pas un sou avec les Double Six mais on se régalait d’aller enregistrer, on y passait des nuits.

DLODS : L’histoire des Double Six est très liée à celle de Quincy Jones qui vivait à Paris à cette époque-là, et avait aidé Mimi à monter le groupe….

Quincy Jones avec W. Swingle, J.-C. Briodin,
C. Germain, J. Denjean et M.Perrin
Quincy avait fourni à Mimi pour le premier album (Les Double Six meet Quincy Jones) des arrangements instrumentaux qu’il avait écrits pour un disque enregistré en Suède, et il a continué de nous conseiller et de nous aider. On a fait des répétitions avec lui, mais il ne venait pas aux enregistrements, on faisait un peu ce qu’on voulait. C’est lui qui nous a dit de faire l’album avec Dizzy Gillespie (Dizzy Gillespie and The Double Six of Paris) et a choisi l’arrangeur (Lalo Schifrin). Pour l’album The Double Six of Paris sing Ray Charles, nous étions accompagnés par un très bon musicien, le saxophoniste Jerome Richardson, qui était un « requin de studio », il faisait toutes les séances pour Quincy, Basie, etc. Il nous avait invités chez lui à New York, il y avait dans chaque pièce de son appartement un casque et un petit ampli pour écouter sa musique.

DLODS : Les fans des Double Six peuvent à l’écoute entendre les noms de certains membres du groupe. Dans « Boplicity / La Légende du Troubadour » tu chantes en solo « Mon nom n’est que Briodin »…

Lorsque je réécoute mes soli maintenant je me dis que j’aurais dû les chanter d’une autre façon. J’ai toujours été freiné pour chanter tout seul, un peu angoissé. Lorsque je devais chanter seul une publicité ou autre je dormais mal la nuit d’avant, c’est curieux, non ? Il fallait qu’on me pousse, comme lorsque j’ai chanté dans Un homme et une femme (1967). J’avais le trac, alors qu’au milieu d’un groupe, je me sentais heureux, à l’aise, je vivais.
Pour ce qui est de « Boplicity », c’est un morceau formidable. Mimi trouvait les mots pour que ça swing, elle arrivait à faire swinguer le Français comme l’Américain. Les consones étaient au moment où il en faut. Ecoute « Faufile-toi voyou » dans « Tickle Toe », reprenant le son des sax. Ou « Folie d’une nuit d’été, etc . »  dans « Early Autumn » où le son des mots est doux. Elle avait le chic pour trouver tout ça, et elle y passait un temps fou.


Les Double Six: "Boplicity : La Légende du Troubadour"
Chant: Claude Germain, Monique Aldebert (soliste), Jean-Claude Briodin (soliste), Louis Aldebert, Mimi Perrin et Eddy Louiss 

DLODS : Te souviens-tu de l’enregistrement de « Fascinating rhythm » ?

Oui, dans celle-ci Monique Aldebert avait des difficultés avec un passage très aigu. On a fait des essais avec Gilles, le fils de Mimi, qui était tout petit. Et c’est finalement Anne Germain, qui venait rejoindre son mari Claude au studio, qui a enregistré le passage en question.

DLODS : A l’époque, la technique du re-recording était assez balbutiante. Comment se passaient les séances d’enregistrement ?

C’était difficile car on avait un micro pour trois, il fallait se doser par rapport au micro, et on faisait alors des re-recordings. On choisissait qui chantait quoi (trompette, trombone, sax), on enregistrait six voix et on rajoutait encore six voix car dans les arrangements de grandes formations que Quincy nous avait donnés, il y avait à peu près dix-huit musiciens, donc ça faisait déjà trois prises, plus après les soli de sax, trompette, etc.
Le problème est que le magnétophone était un deux pistes, donc à chaque re-re on faisait une copie de copie. A chaque fois que l’un d’entre nous se plantait, il fallait qu’on s’y remette tous les six, et qu’on refasse les deux ou trois prises de groupe, plus les soli, et la rythmique qui était enregistrée avant. Et parfois dans ces copies de copies, on perdait certaines voix ou instruments donc il fallait les réenregistrer. Je me souviens que pour un morceau de Stan Kenton dans le deuxième disque, on n’entendait plus la cymbale. Les musiciens qui avaient fait la rythmique étaient partis donc c’est Eddy Louiss qui s’est mis à la batterie et a refait la cymbale.

Je me souviens de séances dans un autre studio –je ne me souviens plus de son nom, mais ce n’était pas encore Charcot- monté par Jean-Michel Pou-Dubois et Yves Chamberland dans une maison près de la Place d’Italie ; ils avaient réussi à installer un trois pistes, mais la cabine, la batterie, les chanteurs et le piano étaient dans des pièces différentes, sur plusieurs étages, donc on ne se voyait pas.

DLODS : Que penses-tu des évolutions techniques dans la prise de son ?

Les Voice Messengers
A l’époque des Double Six, on avait sympathisé avec Caterina Valente et son frère, on était même allé chanter pour son anniversaire en Allemagne, un grand concert. Elle nous disait qu’aux Etats-Unis elle enregistrait sur un huit-pistes et pour nous, un huit-pistes, c’était de la science-fiction. Ce serait un bonheur de faire les Double Six dans les conditions techniques d’aujourd’hui, avec un 78 pistes virtuelles. Lorsque j’ai découvert sur scène grâce à toi les Voice Messsengers (groupe français créé par Thierry Lalo, ndlr), c’était un plaisir : chacun son micro, et le preneur de son avait réglé chaque voix. Et leurs albums studio, quel régal ! Nous, sur scène on avait deux micros, et on changeait de micro selon nos voix, s’il y avait un soliste on le laissait seul et on allait à cinq sur l’autre micro. C’était quelque chose. La technique nous a manqués.

DLODS : Quand on voit les Blue Stars chanter en 1959 pour une télévision à six devant un seul micro avec un son parfait, on se dit qu’il y a un savoir-faire dans le dosage des voix qui n’existe peut-être plus dans les groupes actuels, qui dépendent beaucoup de la technique…

Le fait de travailler avec à peu près la même équipe depuis des mois dans les studios pour des groupes vocaux, séances de variétés, musiques de film, etc. faisait qu’on avait l’habitude de se doser et on n’avait pas besoin de plus de micros : un micro pour trois ou quatre hommes et un pour les femmes, donc on arrivait à s’équilibrer. S’équilibrer c’était écouter les autres, et chanter par rapport aux autres. Dans le groupe on suivait la voix lead, on essayait de coller sans la dépasser, sans chercher à faire plus fort qu’elle.
J’ai eu l’occasion de travailler avec des gens qui écrasaient tout le groupe parce qu’ils chantaient pour eux, fort, pour s’entendre : là ça casse le groupe, il disparaît, il n’y a plus de cohésion. S’il y avait deux personnes comme ça dans une même séance, c’était fichu, il n’y avait pas le beau son, le son rond où tout le monde s’écoute et ne cherche pas à tirer la couverture. Surtout lorsque tu veux tirer la couverture et que tu as une troisième ou quatrième voix, ce n’est pas intéressant.

DLODS : Aujourd’hui les Double Six font figure de légendes pour les amateurs de jazz, mais comment étaient-ils accueillis à l’époque ?

On a eu quelques prix : Prix Downbeat, Prix Playboy, Charles Cros. Pour la sortie du premier disque, on avait eu un grand article avec photo pleine page dans France Soir, article que mon père avait gardé, j’ai découvert ça quand il est décédé.
Nous avions un public de spécialistes, et nous avions du succès lorsqu’on passait sur scène, mais le grand public ne nous connaissait pas. On a eu plus d’échos vingt ou trente après quand le CD est sorti. On a fait quelques télés en Italie, en Espagne, à Genève, et relativement peu de tournées : Etats-Unis, Canada…
Je me souviens d’une belle catastrophe technique à Montréal. On répète l’après-midi avec l’orchestre, sans se préoccuper du son car on n’était pas très techniciens à cette époque-là : aujourd’hui on aurait répété le son, préparé les lumières, etc. mais à l’époque on ne pensait qu’à notre son à nous. Le soir, avec le son, l’orchestre nous entendait par la salle car il n’y avait pas de retour, donc il y avait un décalage constant, pendant tout le concert on se courait après. C’était un désastre, on n’était plus avec l’orchestre.
Autre souvenir du Canada, mais cette fois-là positif, je me souviens d’un concert que nous avions fait pour la radio. Eddy Louiss et Monique Aldebert avaient fait des soli absolument extraordinaires, à tel point que j’avais récupéré les bandes et les avait ramenées en France. Je rêverais que tout ça sorte un jour en CD.

DLODS : Les Double Six ont aussi fait beaucoup de premières parties à l’Olympia…

Oui, c’était un arrangement avec Coquatrix. A l’époque il y avait un orchestre à l’Olympia pour accompagner les artistes, c’était formidable mais ça revenait cher. Du coup il nous engageait à chanter deux ou trois morceaux en première partie, à condition que dans la seconde partie on fasse les choristes de la vedette. On avait accepté, ça ne nous gênait pas car on les accompagnait tout le temps en studio : Richard Anthony, Gilbert Bécaud, Sacha Distel, etc.

DLODS : Les Double Six ont eu une durée de vie assez courte, avec quatre albums seulement, dont les deux derniers (le Dizzy Gillespie et le Ray Charles) ont eu moins de succès…

Le disque sur les musiques de Ray Charles n’a pas plu à Mimi, elle n’a pas voulu qu’il sorte en France. Il est sorti après. Quant au Dizzy Gillespie, je l’ai fait arriver par le Japon.

DLODS : En 1965, comment se sont terminés les Double Six ?

Mimi travaillait pas mal pour le groupe, mais c’était quelqu’un de plutôt tranquille et qui n’était pas stressée par des échéances financières car son mari travaillait et gagnait bien sa vie. Nous, à chaque fois qu’on répétait, on refusait une séance, donc il fallait que je fasse vivre ma femme et mes trois enfants. En 1965, en rentrant d’une série de concerts que nous venions de faire dans une boîte en Espagne, on avait la possibilité de travailler l’été. Mimi nous a dit « Oh non, l’été on prend des vacances ! », on lui a répondu sur un coup de tête qu’on arrêtait le groupe. Au moment de la séparation, on a eu une petite brouille avec Mimi, mais ça n’a pas duré, et on se voyait toujours avec plaisir. Mimi a essayé de reconstituer un groupe entièrement nouveau (avec au chant Bernard Lubat, Jef Gilson, Gaëtan Dupenher, Anne Vassiliu, Hélène Devos et Mimi, ndlr), mais le disque n’est pas sorti.

DLODS : A la même époque que les Double Six, dans la période 1959-1962, chaque arrangeur de chansons françaises voulait avoir son propre groupe vocal et faisait appel à la même équipe de choristes. Tu as fait partie d’à peu près tous ces groupes-là : Les Angels (Christian Chevallier), Les Barclay (Christiane Legrand), Les Scarlet (Caravelli alias James Ayward), Les Ventura (Ray Ventura & Caravelli), Le Groupe J.M.S. (Jo Moutet), Les Riff (Hubert Rostaing alias Jean-Michel Riff), Les Satellites (Paul Mauriat), Les Ambassadors (Jean Leccia)…

Pour Les Barclay, la chef de chœur était Christiane Legrand. L’effectif était important donc on grossissait les rangs avec des choristes lyriques ou des musiciens sachant chanter, comme Jean-Claude Casadesus, qui était percussionniste dans les séances.
Lorsque je revois ce scopitone des Barclay, « Un deux trois, je t’aime », c’est à pleurer de rire. Christiane et moi chantons tous les deux en soliste (ndlr : Jean-Claude chante à l’image avec la voix de Louis Aldebert) et on m’avait demandé de danser avec elle à la fin. Or je ne savais pas danser, je m’élance comme un fou et on arrive je ne sais pas où, l’image ne le montre pas…


Les Barclay : "Un, deux, trois, je t'aime"
Solistes à l'image: Christiane Legrand et Jean-Claude Briodin (avec la voix de Louis Aldebert)

Pour ce qui est des Riff, le chef d’orchestre et arrangeur était Hubert Rostaing. Quel musicien extraordinaire, et quelle gentillesse. Il était toujours effacé, et servait de nègre pour des compositeurs de musiques de film, son nom n’apparaissait pas au générique mais ça lui suffisait du moment qu’il gagnait sa vie. Christian Chevallier, lui, n’a pas supporté ça. Il était nègre pour un auteur-compositeur-interprète (qui composait également de grands spectacles musicaux pour enfants) qui lui donnait huit mesures, et à partir de ça Christian devait écrire 1h30 de musique sans que son nom apparaisse quelque part, il n’appréciait pas…

DLODS : Le premier disque des Riff d’Hubert Rostaing (les suivants ont changé de formule) et ceux des Ambassadors de Jean Leccia étaient très inspirés par ce que faisait Ray Conniff et son orchestre aux Etats-Unis…

Oui, on chantait en onomatopées en doublant les trompettes, trombones, etc. On a fait ça aussi à quatre femmes et quatre hommes avec l’orchestre d’Eddie Barclay, les arrangements étaient du saxophoniste américain Jimmy Mundy (qui avait pris le relais de Quincy Jones), puis nous avons eu Armand Migiani et Jean Bouchéty.

DLODS : Comment sont nés les Swingle Singers ?

Répétitions pour l'album Going Baroque
L’idée venait de moi, mais je n’en avais pas parlé à grand monde à l’époque. On cherchait une idée pour un nouveau groupe, et en entendant Jacques Loussier et son album Play Bach (interprétation jazz de compositions de Bach, ndlr), je me suis dit qu’on pourrait faire la même chose en vocal. J’ai soumis l’idée à Ward Swingle (membre des Double Six, ndlr), qui a trouvé ça formidable, il est allé chercher des arrangements originaux à la Bibliothèque Nationale, et les a recopiés. Il n’y avait qu’à suivre la partition d’orchestre en chantant des « babada » à la place des notes de chaque instrument, et ajouter une batterie et une contrebasse. Ward n’a jamais dit publiquement que c’était moi qui lui avais donné l’idée, il a nommé le groupe Swingle Singers et a vécu toute sa vie sur Bach.

DLODS : Tu as enregistré les deux premiers albums des Swingle, Jazz Sebastian Bach et Going Baroque qui ont eu un succès international, ont remporté des Grammy Awards, et pourtant tu as quitté le groupe assez rapidement. Pourquoi ?

Les Swingle Singers étaient à la base un groupe de studio. Comme les disques ont très bien marché, on nous a demandé de faire de la scène, et j’ai donc fait quelques télévisions en France et en Europe. Mais faire la grande tournée aux Etats-Unis (concert à la Maison-Blanche pour célébrer la fin du deuil du Président Kennedy, et campagne électorale de Llyndon Johnson) était impossible, car nous avions déjà quelques concerts de prévus avec les Double Six. Il fallait choisir entre les deux groupes, j’ai choisi les Double Six, et José Germain m’a remplacé définitivement chez les Swingle.
Je trouvais que chez les Swingle nous étions un peu trop nombreux et trop statiques, non pas que j’aime remuer, mais quand on me le demandait je le faisais…

The Swingle Singers : Badinerie (1964)
J.-C. Briodin, W. Swingle, C. Meunier, J. Cussac, C. Legrand, A. Germain, J. Baucomont et C. Germain

DLODS : En 1965, tu fais partie de la création des Troubadours, quatuor de chansons folk, très inspiré par le trio américain Peter, Paul & Mary…

Franca di Rienzo avait commencé une carrière de chanteuse soliste depuis quelques années, mais elle avait le trac, ça l’embêtait. Son mari Christian Chevallier et elle ont eu l’idée de monter un petit groupe et m’ont demandé d’en faire partie. Je faisais déjà partie de tellement de groupes que j’ai dit oui.
C’est Lucien Morisse, qui dirigeait Europe n°1 et Disc’AZ, qui a trouvé le nom, Les Troubadours, qui ne me plaisait pas trop. Au départ, nous n’avions pas trop notre mot à dire sur le répertoire, on nous imposait des chansons, donc on a enregistré beaucoup de conneries. D’ailleurs, il y a quelques mois ils ont sorti (chez Magic Records, ndlr) une compilation CD sans nous demander notre avis, les chansons sont celles de nos débuts, donc pas terribles et le son soit-disant « remasterisé » est un désastre car ils ont apparemment récupéré ça sur des vinyles.

Plus tard, on a fait de très belles chansons : « La Ballade de Polly Maggoo » (pour la musique du film Qui êtes-vous Polly Maggoo ? composée par Michel Legrand), « Le vent et la jeunesse », « L’enfant au cœur d’or », « De l’autre côté des collines », « N’y pense plus tout est bien »…

DLODS : Peux-tu nous dire un petit mot sur les autres membres des Troubadours ?

L’arrangeur était Christian Chevallier, qui était un ami proche depuis 1956, où j’avais rejoint son groupe vocal, Les Angels. Dans les années 70, il a créé chez lui dans son grenier un studio d’enregistrement, où nous avons fait quelques enregistrements pour les Troubadours, notamment des réenregistrements d’anciens titres. Franca, sa femme, était la chanteuse principale, avec une voix superbe. Il y a quelques mois, on s’est appelé, je lui avais envoyé des vidéos des Troubadours que tu m’avais retrouvées, et elle m’a dit : « Jean-Claude on va se revoir, si tu y tiens, car je ne ressemble plus aux vidéos que tu revois ». Je lui ai dit que moi non plus (rires). Nous avons fini par nous revoir, et elle est toujours aussi magnifique.
Bob Smart avait commencé avec nous mais la guitare l’embêtait donc il a décidé de partir, et nous avons trouvé Don Burke pour le remplacer. Don était l’élément extraordinaire du groupe, il avait la culture et le son qu’il fallait pour les Troubadours.
Quant à Pierre Urban, je ne sais pas ce qu’il est devenu, il a pendant longtemps été professeur de guitare à Oléron, et participait comme guitariste à quelques séances de studio.


Les Troubadours: "Qui êtes-vous, Polly Maggoo?"

DLODS : Il y a une télévision très drôle, où les Troubadours déambulent dans un marché parisien.

C’était un reportage sur les Troubadours, on faisait tous les trois la descente du marché Mouffetard. On commence à chanter et il se met à pleuvoir. On s’arrête pour parler avec les vendeurs du marché. On leur dit « -On va vous chanter « Le vent et la jeunesse », vous devez la connaître ? »  « -Ah, non. » « -Vous connaissez les troubadours ? » « -Ah non ». Le bide complet (rires). Par contre l’enregistrement était de grande qualité, on entendait parfaitement les guitares et nos voix.

DLODS : Vendiez-vous des disques ?

Les disques des Troubadours se vendaient très mal, on n’est jamais arrivé au vedettariat, toujours en second. Mais comme des gens comme Georges Moustaki, Jean Ferrat ou Jacques Brel nous aimaient bien, ils nous prenaient en première partie, et ce qu’on faisait sur scène était bien, du travail propre. On a fait tout un spectacle de Ferrat au Palais des Sports. Et puis des tournées en première partie de Jacques Brel, que j’avais connu à ses débuts alors qu’il faisait des premières parties de Zizi Jeanmaire à l’Olympia. Pendant cette tournée, j’ai toujours vu Brel angoissé, vomir. Dans les tournées de Georges Moustaki, après le spectacle on dînait tous ensemble, on partait aussitôt dans la ville d’après, et on se couchait à 2h ou 3h. On était réglé comme ça dans certaines tournées.

DLODS : Les Troubadours étaient aussi très proches de Graeme Allwright…

On a fait une très belle émission avec lui, « Eh bien chantez maintenant ». Il y avait une telle ambiance sur cette émission que nous étions restés à chanter tous ensemble sur le plateau alors que le tournage était fini.

DLODS : Il y a eu quelques évolutions dans le groupe : départ de Pierre Urban, changement de nom…

Comme Pierre était pas mal pris par ses cours à Oléron, Christian et Franca ne le sentaient pas assez disponibles. Pierre a quitté le groupe et de quatuor nous sommes devenus un trio. Moi je ne disais rien car je faisais beaucoup de séances, donc j’étais pas mal pris aussi. Lorsque je faisais un Olympia ça m’arrivait d’annuler un spectacle et de me faire remplacer par Jacques Hendrix.

Pour ce qui est du changement de nom, un producteur très connu trouvait que notre nom de « Troubadours » était ringard, et j’étais d’accord avec lui. Il nous a appelés « Don, Dan et Franca », j’étais devenu « Dan » car Jean-Claude ne sonnait pas bien. C’est de la cuisine…

DLODS : Comment le groupe s’est-il terminé ?

Franca en avait marre qu’on fasse toujours les mêmes morceaux, qu’on n’aille pas plus loin. En 1982 elle a dit qu’elle souhaitait arrêter. Moi ça ne me gênait pas, je travaillais, je gagnais ma vie ailleurs.

DLODS ; Fin des années 60, tu as fait partie de deux groupes vocaux qui se sont démarqués par leur originalité : Les Masques (bossa nova) et Les Jumping Jacques (compos un peu psychédéliques, très « flower power »).

Les Masques c’était sympa comme tout comme musique, Claude Germain avait fait de superbes arrangements, et l’ambiance était vraiment sympa, avec Alice (Herald), Nicole (Croisille), Anne (Germain), José (Germain), Pierre et Anne Vassiliu, etc.

Pour Les Jumping Jacques on n’a fait qu’un disque. Le groupe avait été créé par Jacques Hendrix.  Je travaillais tellement avec lui dans les séances que pour moi c’était une séance comme une autre, comme à l’époque où on faisait une séance de chœurs et on découvrait après qu’on nous avait nommés « Les Angels » ou « Les Scarlet ».
Dans Les Jumping Jacques il y avait Michelle Dornay dont le mari était musicien, il faisait beaucoup de bals car à l’époque il y en avait beaucoup.


Les Masques: "Dis-nous quel est le chemin" (1968)

DLODS : Tu as participé à énormément de groupes vocaux, mais le gros de ton activité était d’être choriste en studio pour des chanteurs de variétés. Pendant les années 60-70, vous n’étiez globalement que cinq basses (Jean Stout, José Germain, Jean Cussac, Jacques Hendrix et toi) dans les séances…

C’était une époque bénie pour les musiciens et choristes, nous faisions parfois trois séances de trois heures en journée, et un concert ou une télé en direct le soir. Lorsqu’une séance de variétés avait des chœurs, c’était généralement, à mes débuts, Christiane Legrand ou Janine de Waleyne qui les convoquait. On se retrouvait dans les studios, je me souviens à mes tous débuts des studios Jenner, faits en paille, qui appartenaient à Jean-Pierre Melville qui les louait à Pathé Marconi. Ou du Poste Parisien, sur les Champs, où j’ai fait beaucoup de séances pour Barclay qui avait importé le microsillon, avant de monter le studio Hoche.
On savait lire la musique donc le déchiffrage des partitions était rapide. Et comme nous étions une petite équipe de choristes, on se connaissait tous, donc nous avions l’habitude de travailler ensemble, ça nous faisait gagner du temps et on arrivait rapidement à un son homogène. C’est comme pour les instruments : si tu mets quatre nouvelles trompettes ensemble, il n’y a pas le son du pupitre. Alors que des mecs qui ont l’habitude de travailler ensemble en studio, ils répètent pour la cabine mais ils n’ont pas besoin de répéter pour leur son à eux. Dans notre équipe, le son était là tout de suite, on se dosait par rapport au micro, c’est un gain de temps fabuleux.

DLODS : Tu n’écoutais pas beaucoup de chansons françaises, mais tu as accompagné à peu près tous les chanteurs en activité de 1956 aux années 80, et tu as enregistré des milliers de titres dans ta carrière…

Ca ne me déplaisait pas d’accompagner les autres car il y avait des gens formidables et sympas comme Georges Moustaki, Gilbert Bécaud, Jean Ferrat… Ils n’avaient pas la grosse tête, ou l’avaient peut-être avec les autres mais pas avec nous, leurs musiciens et choristes.
Léo Ferré était très distant. Je me souviens aussi de Charles Aznavour au studio Hoche (Barclay), on venait d’enregistrer ses quatre chansons et il arrivait après en rolls pour enregistrer sa voix, passant devant nous à la pause en nous saluant à peine. Mais sinon beaucoup d’artistes ne se prenaient pas pour des grandes vedettes, s’ils l’étaient.

DLODS : Il y avait évidemment des chanteurs plus ou moins intéressants artistiquement.

Oui, mais je les respectais tous. D’ailleurs j’avais un ami choriste qui avait tendance, en séance, à se moquer un peu des chanteuses que nous accompagnions, et ça m’agaçait.

DLODS : Parmi toutes ces séances, as-tu le souvenir d’une en particulier ?

On déchiffrait si rapidement, quasiment sans répétition, et on travaillait tellement, que ma mémoire a conservé peu de souvenirs précis de ces séances. Une qui m’a marquée était « Count Basie » pour Henri Salvador. Henri Salvador sortait des disques tous les deux mois, et avait en plus son émission tous les dimanches, Salves d’or, pour laquelle nous enregistrions les playbacks avant (comme pour les émissions des Carpentier, où nous enregistrions les bandes la veille). Sa femme et productrice, Jacqueline, veillait à ce qu’il enregistre de futurs succès commerciaux. Lors d’une séance, il ne restait plus qu’un quart d’heure avant la fin, Henri voulait enregistrer « Count Basie » mais Jacqueline lui répondait avec son accent « Henrrri, arrête ! Tu vas coûter cher avec les quarts d’heure », car à l’époque chaque dépassement d’heure était payé en quarts d’heure supplémentaires.
Henri tenait à se faire plaisir avec ce « Count Basie », il l’a enregistré avec nous en une demi-heure. J’aime beaucoup ce morceau, et la version que nous avons faite quelques années après pour la télévision était belle aussi, avec Anne Germain et Danielle Licari, merveilleuses.


Henri Salvador & Les Angels : Count Basie

Dans les autres souvenirs de séances, je me souviens de la belle ambiance qui régnait sur les enregistrements de Pierre Perret, son chauffeur apportait aux musiciens et choristes des conserves à la pause et nous pique-niquions tous ensemble dans le studio Davout, c’étaient des moments très sympas.

DLODS : Tu as également fait beaucoup de chœurs ou de voix chantées pour des musiques de film.

Oui, je chante dans Un homme et une femme (1967) tout un duo avec Nicole Croisille, « L’amour est bien plus fort que nous » (et non pas « Samba Saravah » comme on peut parfois le lire sur internet), ça m’avait angoissé de le faire. On entend ma voix dans le film, par contre dans le disque c’est Pierre Barouh qui la chante. J’ai travaillé avec la plupart des compositeurs : Francis Lai, Claude Bolling, Michel Magne. Et bien sûr Vladimir Cosma qui a démarré comme assistant de Michel Legrand et qui a réussi, avec du génie et de belles musiques.
Je garde un bon souvenir du générique de la musique des Saisons du plaisir (1988), arrangée par Hubert Rostaing pour Gabriel Yared, et dirigée par Mimi Perrin.

DLODS : La collaboration la plus longue que tu aies eu était certainement avec Michel Legrand ?

Oui, puisque j’ai travaillé pour lui dès 1956 à l’Alhambra, j’ai enregistré Les Parapluies de Cherbourg (voix chantée de Jean), Les Demoiselles de Rochefort, Peau d’âne, etc. et j’ai fait ma dernière séance pour lui en 2008. C’était une berceuse dans le film Oscar et la dame rose (quatuor vocal avec Christiane Legrand, Claudie Chauvet et Michel Barouille). C’était dans un studio au-dessus d’Issy-les-Moulineaux, j’avais pris les transports au lieu de ma voiture et je m’étais planté, j’étais arrivé à la bourre. Je voyais de loin son secrétaire me faire des grands signes. Michel ne m’a pas dit qu’il était fâché, mais je l’ai compris (rires).


Michel Legrand: Berceuse d'Oscar et la dame rose (2008)
Voix: C. Legrand, C. Chauvet, M. Barouille et J.-C. Briodin

Avec Michel, j’ai un autre souvenir. Je suis presque sûr que c’était dans Les Demoiselles de Rochefort, mais comme la chanson n’est pas sortie, elle a peut-être été coupée. Il y avait des notes qui étaient chantées, un peu comme dans la chanson des Jumelles, par exemple « do ré mi fa sol ». Sauf que c’était en chœur, donc je devais prononcer « do ré mi fa sol » en les chantant « mi fa sol la si » et je n’y arrivais pas, il a fallu que je me concentre pour arriver à dire d’autres notes.
J’ai eu une autre mésaventure comme ça dans une séance dans le home-studio de Celmar Engel.
Il y avait une phrase à dire; comme j’avais chanté avec les Double Six, je savais comment on devait phraser. Et là, les mots ne rentraient pas dans ce schéma-là, au lieu d’avoir une consonne au moment où c’est fort et une voyelle au moment où c’est faible, c’était le contraire, et je n’ai jamais pu le faire. Ca ne swinguait pas, ce n’était pas possible.

DLODS : En dehors des musiques de film, tu as participé aussi à de nombreux chœurs pour des doublages de film (Les Aristochats, Aladdin, etc.)…

Oui, au début, c’était sous la direction des frères Tzipine, mais je ne les ai pas tellement en mémoire. Puis avec Jean Cussac, et enfin les Costa, avec qui on a fait tout un tas de redoublages de vieux Disney (Bambi, Peter Pan, La Belle et le clochard, Les Silly Symphonies, etc.). J’ai aussi dirigé un petit peu.

DLODS : A propos des Costa, tu fais partie des quelques choristes de ta génération à avoir bien accueilli la nouvelle génération (les Fléchettes, les Costa, puis plus tard Jacques Mercier, etc.) à leurs débuts.

Comme à leurs débuts ils ne lisaient pas la musique, les frères Costa étaient regardés de haut par certains choristes, mais moi j’ai immédiatement été séduit par leurs voix, que je trouvais intéressantes, on n’avait pas ce type de voix dans les séances à ce moment-là. Je leur ai fait faire leur première séance, ils avaient un trac fou, et s’en souviennent encore : alors qu’ils avaient un style très américain, un peu Beach Boys, on s’est retrouvé à enregistrer une musique de cirque (rires).

Ensuite ils m’ont beaucoup fait travailler, notamment pour tout ce qui était arrangé par Gabriel Yared, qui demandait une voix plus grave. Avec les Costa et les Fléchettes, j’ai fait beaucoup de chœurs de variétés, de doublages, d’Eurovision (« L’oiseau et l’enfant » avec Marie Myriam), et même un show avec Perry Como. Ce show Perry Como m’avait rendu malheureux car tout était chanté en anglais, et je suis nul en anglais, donc j’étais un peu coincé. On a enregistré ça en studio puis on a tourné le show en playback. Heureusement on était nombreux.


Perry Como : Show in Paris (1982)

En doublage, Georges a essayé de me faire chanter en soliste sur des Silly Symphonies (Noé, Le Roi Neptune, etc.) mais je ne sais pas si le résultat était terrible, ça m’angoissait tellement, j’étais toujours mieux dans les chœurs que soliste. « Musicien de rang », comme on dit chez les violonistes.
Ca ne me plaît pas de me réécouter, à part cette télé pour TF1.

DLODS : Justement, parlons-en. En 1982, tu participes en tant que comédien-chanteur à Télé Folies : tous en chaîne, une comédie musicale télévisée assez improbable destinée à expliquer au public les bienfaits de la privatisation de TF1…

On nous avait donné des textes à l’avance, mais pas la musique. Il y avait un problème de grève chez les comédiens, on ne l’a su qu’après et on a cassé la grève sans le savoir. Il y avait dans la comédie musicale un débat télévisé de type « C à vous » où nous jouions tous un personnage (Anne Germain, Christiane Legrand, Claude Lombard, José Germain, Henri Tallourd, Jean Salamero, Olivier Constantin, Michel Barouille, Christian Genevois (beau-frère d’Isabelle Aubret), etc.), et j’avais aussi toute une chanson en soliste. Je me suis poussé pour le faire, et finalement le résultat était pas mal.
Dans la troupe il y avait Florent Pagny, qui devait avoir vingt ans à l’époque, il avait toute une scène en haut d’une échelle.


Jean-Claude Briodin: complainte du réalisateur dans Télé Folies: tous en chaîne

DLODS : Dans les années 80, le nombre de séances de chœurs a diminué dans la variété…

Christiane Legrand m’a demandé de donner des cours au C.I.M., mais je n’étais pas un bon professeur de chant, je pouvais faire travailler un groupe mais je n’étais pas un bon pédagogue comme Christiane, Régis Leroy ou Laurence Saltiel. Puis en 1984 j’ai dû arrêter car Roland Audy qui avait eu la place de chef d’orchestre du Moulin-Rouge m’a proposé d’intégrer l’orchestre, et comme les cours du C.I.M. finissaient assez tard le soir je ne pouvais pas faire les deux. J’ai fini le Moulin-Rouge en 1992.

DLODS : Le 6 octobre 1989, avec l’orchestre du Moulin-Rouge, tu as accompagné Ray Charles, Ella Fitzgerald, Jerry Lewis, Charles Aznavour, Donald O’Connor, etc. pour une émission spéciale américaine (Le Gala du Siècle) célébrant les cent ans du Moulin-Rouge…

C’était une émission extraordinaire, avec des arrangements superbes, un régal. Mais ça fait partie de mes bides, car je me rappelle plus des mauvais moments que des bons.  On découvre à la répétition  les partitions qui sont horribles, Ray Charles ne pouvait pas s’en rendre compte, mais comme les partitions avaient tourné en Allemagne, en Italie, etc. chaque musicien avait mis des annotations donc il y avait des croix partout. On répète très rapidement, et le soir on tourne. A un moment il y a écrit « reprise » et me voilà tout seul à faire une note. L’horreur (rires) !

DLODS : Depuis quelques années, tu as arrêté de chanter mais tu fais ponctuellement des réductions ou adaptations d’enregistrements musicaux de big bands pour le groupe de jazz et latin jazz vocal Zazou’ira, constitué de chanteurs pro (Régis Leroy, Claude Chauvet) ou amateurs…

On faisait déjà des réductions d’orchestre pour les Double Six, chacun faisait ses propres réductions : Mimi, Aldebert, Ward… J’ai connu Régis Leroy quand il était élève au C.I.M. Je l’aime bien. Quand il a créé Zazou’ira il est venu chez moi pour retrouver des arrangements que j’avais faits pour le C.I.M.  Je lui ai donné des exercices, des partitions, etc. Et j’ai fait quelques réductions pour le groupe. Aujourd’hui, entre des ennuis de santé, et un moral un peu dans les chaussettes avec ce qu’il se passe dans le monde, j’ai du mal à me concentrer sur des projets comme les arrangements ou l’écriture de ma biographie, que mon fils m’a offert de faire réaliser.

DLODS : « Un « mot de la fin » ?

Mon métier de musicien et chanteur ne m’a apporté, tout au long de ma carrière, que du bonheur. Il m’a permis de croiser le chemin de femmes et d’hommes de talent, et de vivre des moments riches et passionnants.



DISCOGRAPHIE DE JEAN-CLAUDE BRIODIN


Au saxophone
Les Rickson
Orchestre Henri Rossotti
Orchestre Jacques Hélian
Les Cha-Cha Boys
Orchestre du Lido
Orchestre du Moulin-Rouge (pour le show TV des 100 ans : accompagnement de Ray Charles, Ella Fitzgerald, Jerry Lewis, etc.)

Chant dans des groupes vocaux
Les Fontana (Michel Legrand) : enregistrement de la plupart des titres, accompagnement d’artistes (Maurice Chevalier), scène, etc.
Les Angels (Christian Chevallier) : enregistrement de la plupart des titres, accompagnement d’artistes (Henri Salvador, Gilbert Bécaud, etc.)
Les Double Six (Mimi Perrin) : enregistrement de la totalité des titres (sauf 1ère séance : Evening in Paris/Count’em/Walkin’), concerts, radios, télévisions, accompagnement d’artistes à l’Olympia, etc.
Les Barclay (Christiane Legrand) : enregistrement de la plupart des titres, scopitones
Les Riff (Hubert Rostaing alias Jean-Michel Riff) : enregistrement de la plupart des titres
Les Satellites (Paul Mauriat) : enregistrement de la plupart des titres
Les Scarlet (Caravelli alias James Ayward) : enregistrement de la plupart des titres
Les Ventura (Ray Ventura et Caravelli) : enregistrement de la plupart des titres
Le Groupe J.M.S. (Jo Moutet) : enregistrement de la plupart des titres
Les Ambassadors (Jean Leccia) : enregistrement de la plupart des titres
The Swingle Singers (Ward Swingle) : enregistrement des deux premiers albums (Jazz Sebastian Bach et Going Baroque) lauréats de Grammy Awards, concerts, télévisions, etc.
Les Troubadours (Christian Chevallier) : enregistrement de l’intégralité des albums, tournées (premières parties de Jean Ferrat, Jacques Brel, Georges Moustaki), télévisions, etc.
Les Masques (Claude Germain) : enregistrement de la plupart des titres
Les Jumping Jacques (Jacques Hendrix) : enregistrement de la plupart des titres
Les Baroques (Ivan Jullien et Roger Guérin) : enregistrement de la totalité des titres
Quintette + 3 (Christiane Legrand) : émission TV

Arrangements ou réductions pour des groupes vocaux
Zazou’ira (Régis Leroy)

Choeurs en studio pour des artistes de variétés et des musiciens
Adamo
Aimable
Graeme Allwright (« Emmène-moi »)
Marcel Amont
Richard Anthony (« Nouvelle vague »)
Antoine
Hugues Aufray (« Dès que le printemps revient »)
Charles Aznavour
Marcel Azzola
Pierre Bachelet
Josephine Baker (album Josephine Baker à Bobino)
Eddie Barclay et son orchestre
Barbara (« L’aigle noir »)
Ricet Barrier
Alain Barrière
Alain Bashung
Guy Béart
Gilbert Bécaud (« Crois-moi ça durera », « Les croix », « L’orange », « Don Juan », « Quand il est mort le poète », « Monsieur Winter go home », « Charlie t’iras pas au paradis », « Le bain de minuit »)
Guy Bedos (« Le tube de l’hiver »)
Gérard Berliner
Lucky Blondo
Frida Boccara
Claude Bolling (album Claude Bolling joue Irving Berlin)
Jacques Brel
Eve Brenner
C Jérôme
Carlos
Jean-Roger Caussimon
Eric Charden
Georges Chelon
Maurice Chevalier
Petula Clark
Julien Clerc
Annie Cordy
Nicole Croisille
Dalida
Pascal Danel
Jean-Claude Darnal
Joe Dassin
Sophie Daumier (« Je pense donc j’essuie »)
Dave
Linda De Suza
Jean-Jacques Debout
Jacques Debronckart
François Deguelt
Michel Delpech
Sacha Distel
Gilles Dreu
Charles Dumont
Yves Duteil
Leny Escudero
Eva
Jean Ferrat
Léo Ferré (« L’affiche rouge », « Les poètes de sept ans », « Les assis », « Ni Dieu ni maître », « Monsieur Barclay », « La servante au grand cœur », « Madame la misère », « Les anarchistes », « C’est la vie »)
Claude François
Les Frères Ennemis
France Gall
Christian Gaubert
Stan Getz (album Communications '72)
Chantal Goya
Stéphane Grappelli
Juliette Greco
Georges Guetary
Daniel Guichard
Jean Guidoni
Johnny Hallyday (albums Hamlet et J'ai un problème)
Françoise Hardy
Jeanette
Zizi Jeanmaire
Georges Jouvin
Patrick Juvet
Francis Lai
Serge Lama
Jack Lantier
Gloria Lasso
Thierry Le Luron
Vicky Leandros
Raymond Lefèvre et son orchestre
Maxime Leforestier
Michel Legrand (« Où vont les ballons ? »)
Georgette Lemaire
Francis Lemarque (« Marjolaine »)
Gérard Lenorman
Herbert Leonard
Danielle Licari
Enrico Macias
Guy Marchand (« C’est une chanson d’amour », album Guy Marchand 1979)
Betty Mars
Mireille Mathieu
Paul Mauriat et son orchestre
Marcel Merkès
Marianne Mille et Maurice Dulac
Eddy Mitchell (« Dans une autre vie, un autre temps »)
Yves Montand (album Montand d’hier et d’aujourd’hui)
Monty
Nana Mouskouri (« Le toit de ma maison », « Qu’il fait beau ! Quel soleil ! », « Mon enfant », « Ruby garde ton cœur ici »)
Georges Moustaki ("Heureusement qu'il y a de l'herbe", albums Espace et temps et Méditerranéen)
Marie Myriam (« L’oiseau et l’enfant »)
Nicoletta
Claude Nougaro
Marc Ogeret
Herbert Pagani
Gérard Palaprat
Patachou
Pierre Perret (« Tondeur d’œuf », album Le Plaisir des Dieux)
Annie Philippe
Les Poppys (« Non, non, rien n’a changé »)
Régine
Colette Renard
Nicole Rieu
Tino Rossi
Demis Roussos
Henri Salvador (« Count Basie », « Juanita Banana », etc.)
Michel Sardou
Jean-Pierre Savelli
Gilles Servat
Sheila
Mort Shuman
Sim
Stella (« Pourquoi pas moi »)
Alan Stivell (« Eliz Iza »)
Les Surfs
Michèle Torr
Charles Trénet
Caterina Valente
Sylvie Vartan
Virginia Vee
Claude Vega
André Verchuren
Hervé Vilard
Dionne Warwick
Roger Whittaker
John William
David Alexandre Winter
Georghe Zamfir
Marcel Zanini
Rika Zaraï
et une centaine d’autres interprètes plus ou moins connus.

Choeurs en live (scène, télévision, radio) pour des artistes de variétés et des musiciens
La plupart des artistes précédemment cités, accompagnés sur les scènes parisiennes (Olympia, Bobino, Alhambra, etc.), en tournées, et pour les émissions de télévision (Eurovision, Palmarès des Chansons, Top à, Numéro un, Podium 70, etc.) et de radio (Musicorama, R.T.L. Non-Stop, etc.)

Chœurs en studio pour des comédies musicales
E = MC2 (Evariste, 1967)
Paris Populi (Francis Lemarque, 1975)
La Fugue (Alexis Weissenberg, 1978)
Les Misérables (Claude-Michel Schönberg, 1980)

Musique de films et films d’animation
Terrain Vague (Michel Legrand et Francis Lemarque, 1960)
Le cœur battant (Michel Legrand, 1960)
Réveille-toi chérie (Jean Leccia, 1960)
Me faire ça à moi (Michel Legrand, 1961)
De quoi tu te mêles Daniela ! (Georges Garvarentz, 1961)
Tout l’or du monde (Georges Van Parys, 1961)
Le Rendez-vous (Paul Misraki, 1961)
Napoléon II, l’aiglon (Paul Bonneau et Fred Freed, 1961)
Le Triomphe de Michel Strogoff (Hubert Giraud et Christian Chevallier, 1961)
Les Sept Péchés Capitaux (Michel Legrand, 1962) : choeurs
Vivre sa vie (Michel Legrand, 1962)
Mathias Sandorf (Joe Hajos, 1962)
Paris Champagne (Armand Migiani, 1962)
OSS 117 se déchaîne (Michel Magne, 1963) : choeurs
Les Parapluies de Cherbourg (Michel Legrand, 1963) : voix chantée de Jean et chœurs
La difficulté d’être infidèle (Armand Seggian, 1963)
La Ronde (Michel Magne, 1964)
Une fille et des fusils (Pierre Vassiliu et Ivan Jullien, 1964)
Les Gorilles (Raymond Lefèvre et Paul Mauriat, 1964)
La tête du client (Georges Garvarentz, 1965)
La 317ème section (Pierre Jansen, 1965)
Le Vampire de Düsseldorf (André Hossein, 1965)
Les fêtes galantes (Georges Van Parys, 1965)
Les Grandes Gueules (François de Roubaix, 1965)
Sous le signe de Monte-Christo (Michel Magne, 1965)
Viva Maria (Georges Delerue, 1965)
Le Gendarme à New York (Raymond Lefèvre, 1965)
Les Demoiselles de Rochefort (Michel Legrand, 1966) : voix chantées d’un policier et d’un passant et choeurs
Le facteur s’en va-t-en guerre (Georges Garvarentz, 1966)
Qui êtes-vous Polly Maggoo (Michel Legrand, 1966)
La grande sauterelle (Bernard Gérard, 1966)
Un homme et une femme (Francis Lai, 1966) : duo « L’amour est bien plus fort que nous » avec Nicole Croisille (film seulement ; la version disque est chantée par Pierre Barouh)
L’homme à la Buick (Michel Legrand et Francis Lemarque, 1967)
Un idiot à Paris (Bernard Gérard, 1967)
Mon amour, mon amour (Francis Lai, 1967)
Fleur d’oseille (Michel Magne, 1967)
L’écume des jours (André Hodeir, 1967)
Ces messieurs de la famille (Jean-Michel Defaye, 1968)
Le Rapace (François de Roubaix, 1968) : choeurs
Faites-donc plaisir aux amis (Bernard Gérard, 1969)
Cran d’arrêt (Michel Magne, 1969)
Le Grand Cérémonial (Jack Arel, 1969)
La Planète Sauvage (Alain Goraguer, 1970)
Le Voyou (Francis Lai, 1970) : chœurs
La ville bidon / La Décharge (Michel Legrand, 1970)
L’homme orchestre (François de Roubaix, 1970) : chœurs
Peau d’âne (Michel Legrand, 1970) : chœurs
Madly (Francis Lai, 1970) : chœurs
Doucement les basses (Claude Bolling, 1971) : chœurs
Boulevard du rhum (François de Roubaix, 1971) : chœurs
Le Mans (Michel Legrand, 1971) : chœurs
Un peu de soleil dans l’eau froide (Michel Legrand, 1971)
La folie des grandeurs (Michel Polnareff, 1971) : choeurs
Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (Michel Magne et Claude Germain, 1972) : chœurs
Le Petit Poucet (Francis Lai, 1972) : chœurs
Moi y en a vouloir des sous (Michel Magne et Claude Germain, 1972) : chœurs
Les Aventures de Rabbi Jacob (Vladimir Cosma, 1973) : chœurs du générique
Toute une vie (Francis Lai, 1974)
La flûte à six schtroumpfs (Michel Legrand, 1974)
Comme un pot de fraises (Jo Moutet, 1974) : chant solo du générique et choeurs
Chobizenesse (Claude Germain, 1975)
Trop c’est trop (Jean Bouchety et Christian Chevallier, 1975)
Docteur Justice (Pierre Porte, 1975)
L’aile ou la cuisse (Vladimir Cosma, 1976)
La victoire en chantant (Pierre Bachelet, 1976)
Moonraker (John Barry, 1979)
A nous deux (Francis Lai, 1979)
Courage fuyons (Vladimir Cosma, 1979)
True confessions (Georges Delerue, 1980)
Les uns et les autres (Michel Legrand et Francis Lai, 1981)
La Père Noël est une ordure (Vladimir Cosma, 1982)
Edith et Marcel (Francis Lai, 1982)
La vie est un roman (Philippe-Gérard, 1983) : direction des choeurs
Viva la vie (Didier Barbelivien, 1983) : voix chantée de Jean-Louis Trintignant
Les cavaliers dans l’orage (Michel Portal, 1983)
Liberté, égalité, choucroute (Claude Germain, 1985)
Parking (Michel Legrand, 1985) : chœurs
Prunelle Blues (Hubert Rostaing et Ivan Jullien, 1986)
Les saisons du plaisir (Gabriel Yared et Hubert Rostaing, 1988) : quintet vocal (avec solo) du générique
Divine Enfant (Hubert Rostaing, 1988): choeurs
Astérix et le Coup du Menhir (Michel Colombier, 1988) : chœurs de la chanson « Zonked »
Divine enfant (Hubert Rostaing, 1988)
Cyrano de Bergerac (Jean-Claude Petit, 1990)
Mayrig (Jean-Claude Petit, 1991)
Pétain (Georges Garvarentz, 1993)
Oscar et la dame rose (Michel Legrand, 2008) : quatuor « La berceuse d’Oscar »

Musique de téléfilms
Verts pâturages (Jean-Claude Pelletier, 1964)
L’œuvre (Philippe Gérard, 1966)
Perrault 70 (Christian Gaubert, 1970) : voix chantées de plusieurs personnages et choeurs

Musique de séries
Les Compagnes de Jéhu (Yves Prin, 1965)
Souviens-tu ma jolie (Hubert Degex, 1965)
Les évasions célèbres (1971)
Le Secret des Flamands (1972)
Les Faucheurs de Marguerites (Michel Magne et Claude Germain, 1974)
Le loup blanc (Vladimir Cosma, 1977)
Gaston Phoebus (Jean-Pierre Bourtayre, 1978)
Le pape des escargots (1979)
Lucky Luke, deuxième série (Claude Bolling, 1991)

Doublage de films
La conquête de l’Ouest (1962) : chœurs
Gypsy, Venus de Broadway (1963) 
Les amours enchantées (1963)
Sur la piste de la grande caravane (1965) : chœurs
L’honorable Griffin (1966) : chœurs
Camelot (1967) : chœurs
Le plus heureux des milliardaires (1968) : chœurs
Oliver ! (1968) : chœurs
Chitty Chitty Bang Bang (1968) : chœurs
La Vallée du Bonheur (1968) : voix chantée de Howard et choeurs
Rachel (1969)
Pollyanna (1970)
Un violon sur le toit (1971) : chœurs
Mon « beau » légionnaire (1977) : chœurs
Peter et Elliott le Dragon (1978) : chœurs
Popeye (1981) : chœurs
La Petite Boutique des Horreurs (1987) : chœurs
Fidèle vagabond (1994)
L’île au trésor des Muppets (1997)

Doublage de séries
L’épouvantail : le justicier des campagnes (1964) : chœurs du générique
The Saga of Andy Burnett: Andy's Initation (1965)
Le Renard des Marais (1983)
Les Craquantes (1990)

Doublage de films ou vidéos d’animation
Pas de cowboy sans cheval (1968) : choeurs
Les Aristochats (1971) : chœurs
Raggeddy Ann & Andy : A Musical Adventure (1977)
Bambi (redoublage de 1979) : chœurs
Dumbo (redoublage de 1979) : chœurs
La Belle au Bois Dormant (redoublage de 1981) : choeurs
Le Noël de Mickey (1983) : chœurs du générique
Dot et le Kangourou (1985)
Basil détective privé (1986) : choeurs
Fievel et le Nouveau Monde (1986) : choeurs
Dot et Keeto (1987)
Dot et le Koala (1987)
The Tale of the Bunny Picnic (1988)
La Belle et le Clochard (redoublage de 1989) : chœurs et arrangements
Oliver et compagnie (redoublage de 1989) : chœurs et voix chantée de Francis
Cendrillon (redoublage de 1991) : chœurs
Fievel au Far West (1991) : chœurs
La Belle et la Bête (1991) : chœurs
Les Aventures de Zak et Crysta (1992) : chœurs
Peter Pan (redoublage de 1992) : chœurs
Le Noël de Mickey (redoublage de 1992) : chœurs du générique
Winnie l’Ourson (redoublage de 1992) : soli dans « Les éphélants et les nouifs » et choeurs
Coquin de printemps (redoublage de 1992) : chœurs
Bambi (redoublage de 1993) : chœurs
Aladdin (1993) : chœurs
Poucelina (1994) : chœurs
Le Roi Lion (1994) : chœurs
L’étrange Noël de Monsieur Jack (1994) : chœurs
Little Nemo (1994) : chœurs
La Princesse et la Forêt Magique (1994)
Pocahontas (1995) : chœurs
Aladdin et le Roi des Voleurs (1996) : chœurs
Le Bossu de Notre-Dame (1996) : chœurs
Micky loves Minnie (1996) : choeurs
La Belle et le Clochard (redoublage de 1997) : chœurs
Mélodie Cocktail (redoublage de 1999) : chœurs
Le Roi Lion 3 : Hakuna Matata (2003) : chœurs
La ferme se rebelle (2004) : choeurs

Doublage de séries d’animation
Disney Parade : Three Tall Tales (1966)
Disney Parade : Pacifically Peeking (1969)
Teddy Ruxpin (1988) : direction musicale et choeurs
Muppet Babies (1989)
SOS Polluards (1989)
Fraggle Rock (1989)
Alvin et les Chipmunks (1989)
Captain Zee and the Zee Zone (1991)
Winjin Pom (1991)
Silly Symphonies (à partir de 1992) : épisodes « L’atelier du Père Noël » (voix parlée et chantée du Père Noël, 1er doublage), « L’arche de Noé » (voix de Noé), « Le Roi Midas » (voix chantée du Roi), « Le carnaval des gâteaux » (voix chantées diverses), « Le Roi Neptune » (voix chantée de Neptune)
Le Diable de Tasmanie (1992) : chœurs du générique
Doug (1992)
Sesame Street (1994)
Le Bus Magique (1995) : soli et chœurs dans le générique
Sacrés Dragons (1996)



Suivez toute l'actualité de "Dans l'ombre des studios" en cliquant sur "j'aime" sur la page Facebook.