samedi 17 mai 2014

Anne Germain : « Chanter la vie, chanter les fleurs, chanter les rires et les pleurs » (Partie 6/6)







Dans l’ombre des studios : De la musique de film au doublage il n’y a qu’un pas… Quand et comment avez-vous débuté dans le doublage ?

J’avais vingt-deux ans et travaillais alors comme chanteuse d’orchestre à la Villa d’Este avec l’orchestre de danse de Ben, un copain de longue date qui avait naturellement pris Claude au piano. Un jour à la fin du « thé », un monsieur est venu me dire que j’étais exactement la voix recherchée pour doubler deux chansons de Rita Hayworth dans un film avec Frank Sinatra et Kim Novak, Pal Joey (1957). En français, ce film s’intitule La Blonde ou la Rousse, on ne fait pas plus tarte ! C’est ainsi que j’ai fait connaissance avec les frères Tzipine qui s’occupaient alors de nombreux doublages de films musicaux. Moi j’étais dans mon petit coin, j’attendais et n’en menais pas large. Comme je ne connaissais personne c’était quand même impressionnant. Par chance, je connaissais déjà une des chansons, « Bewitched » (« Maudite » en V.F.), et l’autre, « Zip » ne m’a pas posé problème. On m’a expliqué le système de la bande rythmo. En fait la bande orchestrale dans le casque me suffisait car la musique était très carrée, bien rythmée. Ca s’est bien passé. Les producteurs américains de Paramount ont je crois été tellement satisfaits qu’ils ont adressé une lettre de félicitations aux Tzipine, hyper fiers, qui ont d’ailleurs eu la gentillesse de me le faire savoir. Un bon présage pour la suite de ma carrière... Du coup j’ai été demandée par la MGM pour le film Les Girls (1957) avec Christiane Legrand et Lucie Dolène sous la direction de Guy Luypaerts. Il y a eu aussi à la suite un doublage de Shirley Temple qui avait bien grandi mais je ne me souviens pas du titre. Il y avait des choristes derrière moi, un peu impressionnant car je ne connaissais alors personne dans ce milieu très fermé. 

Anne Germain (voix chantée de Rita Hayworth/Vera): Maudite
du film La Blonde ou la Rousse (1957)


DLODS : Dans Mary Poppins (1964), le générique présente quelques curiosités : les noms des choristes et de voix secondaires sont écrits en plus gros que certains noms de comédiens-chanteurs qui ont un rôle important dans le film. Du coup, certains s’obstinent à penser que vous êtes la voix de Mme Banks, la mère des deux enfants…

Non, je n’ai pas doublé la mère. En écoutant sa voix dans le disque que vous m’avez passé j’ai reconnu la voix de la comédienne qui doublait Shirley MacLaine dans un film passé il y a quelques temps sur Arte (Nicole Riche, ndlr). J’avais passé les essais pour doubler Julie Andrews, et j’ai fait les chœurs. Je me souviens d’une séquence dans une ferme, on faisait les voix des oies et des brebis avec plusieurs camarades choristes comme Jeanette Baucomont et Michelle Dornay. Donc je ne sais pas pourquoi ils ont mis nos noms en gros. Des amis me disent que d’après internet mon mari doublait Dick Van Dyke dans Mary Poppins, mais non, c’était Michel Roux ! Il ne faut pas se fier à ce qu’on lit dans la presse.

Par contre dans Les Aristochats (1970), c’est le problème inverse. J’avais doublé dans les chansons Duchesse, ma fille Isabelle la petite Marie et le fils de mes amis Georges et Christiane Cour (respectivement ancien chef des Djinns et ancienne choriste et membre des Djinns, ndlr), Nicolas Cour, avait doublé Berlioz. Quand le film est sorti au cinéma, il y avait nos noms. Toute la famille Germain ! José (« Scat Cat »), Anne, Isabelle, et il ne manquait que Claude qui n’était pas là. Et nos noms ne sont plus au générique dans les VHS et DVD.

Isabelle Germain (Marie), Nicolas Cour (Berlioz) et Anne Germain (Duchesse): 
Des gammes et des arpèges
du film Les Aristochats (1970)



DLODS : Ils sont également absents de la pochette du disque…

Quand vous n’indiquez pas le nom d’un interprète c’est un vol, une atteinte à la propriété intellectuelle. En plus, professionnellement, il y a des gens qui prennent les génériques pour argent comptant. Aujourd’hui le dernier technicien a son nom au générique, ce qui permet de dire quand il a un entretien pour un engagement après pour un autre film « J’ai fait ceci ou cela ». Il faut rétablir une exactitude dans ce domaine.  Mais on ne peut que faire un procès, alors… « Pot de terre contre pot de fer ».

DLODS : Vos filles Isabelle et Victoria ont donc fait des chœurs et du doublage chanté...

Victoria (1er plan) et Isabelle (derrière) à la télévision en 1968
Mes filles étaient alors toutes jeunettes, elles avaient de jolies voix et chantaient bien juste alors des arrangeurs me les ont demandées, en studio d’abord et aussi pour des télés. Elles ont fait les voix des enfants pour « Les jolies Colonies de Vacances » et « La Cage aux oiseaux » pour Pierre Perret, « Le sirop typhon » pour Richard Anthony, « Adieu monsieur le professeur » avec Hugues Aufray et aussi « Papa je t’aime » avec Georges Guetary. Il y a eu des émissions de télé avec Hugues Aufray et Georges Guetary. Pour cette dernière, Isabelle était seule avec un groupe d’enfants tous en pyjama ! Puis Isabelle a fait la voix chantée de la petite Marie dans Les Aristochats, nous avons fait le petit duo « Des gammes et des arpèges », et un autre duo avec son oncle José Germain « Tout le monde veut devenir un cat ». Elle a fait aussi des pubs avec moi plus tard, Badoit entre autres, et aussi les chansons pour la revue du cabaret La Nouvelle Eve dont mon mari avait composé la musique. Ensuite les Tzipine ont demandé Victoria pour doubler le rôle d’Alice dans Alice au pays des merveilles (redoublage de 1974). J’étais moi-même dans les chœurs avec Danielle Licari, Françoise Walle et d’autres qui étaient admiratives de ce que Victoria faisait. Si le métier n’avait pas tant changé elles auraient fait des choristes top toutes les deux.

DLODS : Elles devaient quand même être fières de leur maman et de leur propre travail…

Elles ne se sont jamais vanté de ce qu’elles avaient fait, ça leur paraissait naturel puisqu’en somme elles faisaient comme leurs parents. Sauf qu’évidemment ce n’est pas un métier courant. Lorsque par hasard des camarades à l’école ou ailleurs parlaient de « nos » films, elles disaient juste : « C’est maman qui chante pour Catherine Deneuve » ou « C’est moi qui chante Les Aristochats » ou « Alice » ! Stupeur des copines, et souvent incrédulité… Ce métier étonne toujours et encore plus ceux qui le pratiquent dans l’ombre !

DLODS : Puisqu’on parle de votre famille, votre mari a-t-il fait du doublage comme soliste ?

En soliste non. En trio, avec son frère et Vincent Munro ils ont chanté le célèbre générique de Zorro pour la télé. A part ça, il a fait principalement des chœurs, et quelques répliques de temps en temps, notamment dans Blanche-Neige et les Sept nains (redoublage de 1962). Par contre il a fait la chanson de Kaa le serpent pour le livre-disque Adès du Livre de la Jungle, moi je faisais Mowgli et le petit éléphant. J’ai fait pas mal d’autres livres-disques Adès avec Jean Baïtzouroff alias « Popoff », Christiane Legrand, Jean Cussac, Henry Tallourd et mon mari. D’abord des petites chansons enfantines comme « Cadet Rouselle », puis des Disney : Madame Mim dans le disque de Merlin l’Enchanteur, le lapin blanc dans celui d’Alice au pays des merveilles, etc.

Anne Germain : Suzy le petit coupé bleu
du livre-disque Disneyland Suzy, la petite voiture bleue


DLODS : J’aimerais que vous me parliez des frères Tzipine directeurs musicaux de doublages de la Libération à la fin des années 70, de leur manière de travailler…

Georges Tzipine
Les Tzipine étaient très exigeants : Georges pour la musique, Joseph pour la synchro. Il fallait que ce soit impeccable pour les producteurs. Ils avaient des comptes à rendre ! Georges était assez « grand maître » et Joseph plus chaleureux. Nous répétions juste un peu avant d’enregistrer avec le pianiste Billy Colson pour s’assurer qu’il n’y avait pas de faute sur la partition. Evidemment il ne fallait pas perdre de temps car les heures de studios coûtent cher, et donc pas trop droit à l’erreur. Mais il y avait toujours de très bonnes équipes en chant et lecture.


Anne Germain (Samantha Eggar/Emma): Si j'étais un homme / Un matin
du film L'Extravagant Docteur Dolittle (1967) 


DLODS : En 1967 vous doublez les chansons de L’Extravagant Docteur Dolittle

Pour « doubler » la jeune première, Samantha Eggar, j’ai été retenue après audition avec d’autres choristes. Eddie Marnay qui avait adapté les paroles des chansons dirigeait la partie musicale. Raymond Gérôme doublait Rex Harrison comme dans My fair Lady et d’autres films. Il a chanté lui-même. José Bartel doublait en chant le personnage que doublait Dominique Paturel. Ce fut un beau travail pour une grande réalisation. La musique était superbe, l’orchestre était somptueux, c’était un bonheur de chanter là-dessus ! Malheureusement, le public n’a pas « accroché » et aujourd’hui la télévision diffuse plutôt la version avec Eddie Murphy.

Danielle Licari (Michèle Marsh/Hodel), Anne Germain (Neva Small/Chava) 
et ? (Rosalind Harris/Tzeitel) : Un homme à marier
du film Un violon sur le toit (1971) 


DLODS : Vous avez doublé la jeune Chava dans Un violon sur le toit (1971)…

Avec Danielle Licari nous avons fait le duo des sœurs, moi je faisais la plus jeune. Danielle avait encore un beau solo dans ce film, mais nous avions déjà fait un beau duo toutes les deux, en vocalises, pour Alain Delon dans son film Madly. Pour Un violon sous le toit nous avions assisté à tous les essais et avions admiré Micheline Dax, éblouissante dans le rôle de Fruma Sarah, la veuve du boucher, et finalement quelqu’un d’autre l’a fait. Peut-être une histoire de cachet…

DLODS : Avez-vous d’autres souvenirs de doublages des années 60-70 ?

J’avais doublé une chanson dans un film intitulé Krakatoa à l’est de Java (1969), ça se passait sur un bateau, il y avait l’éruption d’un volcan. Ce n’était pas pour les Tzipine, c’était pour un autre studio de doublage. J’ai fait aussi des Heidi mais je ne me souviens plus si c’était une série ou de l’animation. Et puis j’ai participé aux chœurs de nombreux doublages : My fair lady (1964), Olivier ! (1968), L’apprentie sorcière (1971), Robin des Bois (1973), Le shérif est en prison (1974) avec José Bartel, Les Aventures de Bernard et Bianca (1977, voix de Bianca dans « S.O.S. Société »), etc.

DLODS : Le doublage d’Oliver ! (1968) est assez curieux. Shany Wallis (Nancy, la prostituée) est doublée par Nicole Croisille sauf que dans certains mots ou phrases chantées elle semble avoir été remplacée par une autre chanteuse…

En effet je me souviens que Nicole avait des problèmes de voix au moment de ce doublage. Au lieu de la faire remplacer intégralement sur les chansons qui posaient problème ils ont préféré la remplacer uniquement sur quelques passages.

Anne Germain (Shelley Duvall/Olive) et les choeurs : Il est large
du film Popeye (1980)
Dans ce montage du blog "Film Introuvable" qui replace les répliques de la V.O qui ont été coupées en V.F. on peut constater le mimétisme vocal entre Anne Germain et Shelley Duvall


DLODS : Dans le film Popeye (1980) de Robert Altman, vous doublez les chansons de Shelley Duvall (Olive). C’est extraordinaire à quel point votre voix raccorde avec celle de la voix parlée (Monique Thierry) !

Là encore j’avais « truqué » ma voix pour rendre la sonorité très « spéciale » d’Olive. J’avais passé aussi les auditions pour la comédie et j’avais eu le soutien des techniciens du son ! Mais le directeur artistique a préféré une comédienne qu’il connaissait déjà.

DLODS : Je pense que Monique Thierry doublait déjà Olive dans le dessin animé à l’époque.

C’est possible, du coup je n’ai fait que le chant. Danielle Licari qui était dans les chœurs était épouvantée de m’entendre truquer ma voix comme je le faisais pour faire le « son » d’Olive. « Tu vas t’abimer ta voix ! Il ne faut pas faire ça» mais je ne pouvais pas faire autrement pour être vraiment le personnage.

DLODS : Vous avez eu l’occasion de vous « rattraper » en doublant dans Annie (1982) l’actrice Ann Reinking (Grace Ferrell) à la fois pour les dialogues et les chansons !

Pour ce doublage aussi il y a eu des auditions. Il y avait une séquence où la voix parlée et la voix chantée de la jolie secrétaire du banquier s’enchaînaient presque dans le même mot. Ce n’était pas possible de faire une coupure entre le « parlé » et le « chanté », il fallait donc faire les deux : chant et comédie. Après les auditions, Jacqueline Porel m’a sauté au coup car elle était inquiète de ne pas trouver l’oiseau rare ! Nous avons eu une très bonne relation. Elle a été charmante. On m’avait dit qu’elle était assez dure avec les femmes, mais elle a semblé m’adopter et m’a même emmenée déjeuner avec son fils Marc. Elle avait voulu le prendre comme assistant sur ce doublage pour essayer de le sortir de son état, déjà très atteint par la drogue. Quel gâchis, un si beau garçon, et quelle souffrance pour cette maman !

Anne Germain (Ann Reinking/Grace), Amélie Morin (Aileen Quinn/Annie) 
et Sady Rebbot (Albert Finney/M. Warbucks) : Allons voir un beau film
du film Annie (1982)


DLODS : N’avez-vous pas tenté après cette première expérience réussie de continuer une carrière de comédienne dans le doublage ?

J’ai eu les compliments enthousiastes de Roger Rudel, un grand comédien du doublage, qui m’a donné sa carte –comme Gainsbourg !- pour que je le rappelle, eh bien, là encore je n’ai pas osé me lancer. C’est vrai, j’aurais sans doute pu prolonger mon activité artistique par cette voie en découvrant un autre milieu que les chœurs dans lesquels arrivaient beaucoup de nouvelles têtes, et il commençait à y avoir moins de séances.

DLODS : Justement, pouvez-vous me parler de la fin du métier de choriste ?

Studio Barclay
La fin du métier –tel que je l’ai connu les dix premières années- a commencé lorsqu’on n’a plus enregistré tous ensemble, orchestre et chœurs. Il y avait alors une sorte de sélection naturelle : seuls pouvaient accéder à ce travail les musiciens et chanteurs pouvant mettre quatre titres en « boîte » dans les trois heures d’une séance : lecture, essais pour le son, enregistrement. Ensuite, avec les nouvelles techniques, nous avons enregistré à part les uns des autres. On a commencé à « doubler » ou « tripler » nos voix, ce qui donnait davantage de volume et corrigeait les imperfections ici ou là. Du coup, on pouvait prendre quatre choristes pour faire huit ou douze voix au final. Faites le compte de ceux qui restent à la maison ou vont pointer aux Assedic ! Autre horreur : remplacer les instruments par des synthés. Les synthés sont des inventions diaboliques ! Très intéressants pour créer des sons particuliers et donner une atmosphère particulière, des effets sonores, un climat spécial, mais carrément remplacer les vrais instruments c’est minable car le son est mécanique et sans vie. Forcément une belle économie pour le producteur. Petit à petit, ainsi, beaucoup d’orchestres vivants ont disparu et les musiciens avec.

DLODS : Aujourd’hui, touchez-vous des droits par exemple sur les musiques de films de Michel Legrand ?

Je vois que cette question éveille particulièrement votre curiosité ! En fait, il n’y a eu des droits sur la vente des disques des Parapluies ou des Demoiselles pour personne. J’ai réussi à obtenir quelque chose pour Peau d’âne sur les disques, mais pas sur le DVD. C’est une histoire un peu compliquée et ce serait fastidieux et peu discret d’en décrire toutes les étapes. Comme tous les artistes aujourd’hui, je ne perçois que les droits recueillis par les sociétés de répartition Adami ou Spedidam suite à la loi Lang de 1985 concernant les « droits voisins » du droit d’auteur. Donc c’est récent. Cependant il paraît qu’aujourd’hui des producteurs « contournent » cette loi en faisant signer aux musiciens des abandons de droits à l’entrée du studio. Ceci m’a été indiqué par des collègues encore en exercice. Ceux qui ne sont pas d’accord ne sont plus rappelés. Il y a aussi de nombreux enregistrements, surtout dans la musique de films, qui se font dans les pays de l’est, vous le verrez si vous observez les génériques de fin de films. J’ai eu la chance de faire ce métier à une époque de rêve…

DLODS : Et pour L’île aux enfants ?

Quand Christophe Izard m’a prévenue que ce que j’avais enregistré pour la télé allait être exploité sur disque, je suis intervenue car une exploitation secondaire ne peut se faire sans l’accord de l’interprète. Là encore, longues et pénibles « palabres » qui m’ont valu des représailles –aïe aïe aïe- mais j’ai réussi à obtenir des droits satisfaisants pendant des années. Le titre ayant été utilisé récemment pour le film de Maïwenn Polisse (2011) j’ai reçu aussi quelque chose dessus. J’ai bien fait de me battre. Hélas trop d’artistes « s’allongent » par peur de ne pas travailler. Il y a tant de concurrence !



 Charlatan Transfer: Fume plus
Paroles et musique Claude et Anne Germain


DLODS : Plus tard dans votre carrière, vous avez écrit avec votre mari des chansons qui sont toujours chantées dans des chorales de nos jours…

Christiane Legrand faisait travailler beaucoup d’ensembles vocaux dans diverses écoles et elle avait besoin de matériel écrit « jazzy » façon Double Six en simplifié pour ses « élèves », souvent très bons. D’où quelques groupes qui se sont formés ensuite et ont fait des spectacles et disques comme Amalgam de Gabriel Cabaret –excellent travail- ainsi que Charlatan Transfer  de François Bessac –avec un très beau titre de nous deux, « Une carte postale »- et Cool in hot de Jean-Yves Jomier à Pau. Des groupes soit disant amateurs qui ont super bien chanté avec de très bons accompagnements. C’est donc pour Christiane que Claude s’est lancé dans ce travail. Nous avons fait les paroles ensemble. Un très bon groupe, Les Souingue, deux hommes/deux femmes, ont eu un temps de gloire il y a quelques années et nous ont chanté, aussi, malheureusement ils n’ont pu continuer très longtemps. Il y avait là Fabienne Guyon qui avait chanté dans Une chambre en ville (1982) de Jacques Demy et qui chantait très bien.


 Elèves du Conservatoire du VIIème arrondissement: Le temps d'avant
Paroles et musique Claude et Anne Germain

 
Nous avons fait un album pour voix d’enfants, Promenade au pays d’enfance, pour les éditions A cœur joie. Un autre aussi pour Comufra les éditions de Christiane Legrand, Le temps d’avant : une chanson assez dramatique sur un rythme gai par contraste, sur la disparition des espèces… Nous l’avons écrite bien avant tout ce qui est dénoncé sur ce sujet aujourd’hui. Il n’y a hélas qu’une « maquette » interprétée par les élèves du Conservatoire du 7ème arrondissement où Christiane donnait des cours. Michel Leeb qui avait entendu cet enregistrement l’adorait ainsi que ses filles. 

 Maîtrise du Conservatoire du Rueil-Malmaison: Voici venir Noël (live)
Paroles et musique Claude et Anne Germain

 
Et puis un « Noël » enregistré dans une église de Rueil-Malmaison par la maîtrise du Conservatoire de cette ville. J’aimerais bien qu’un jour elle soit sur un disque « en vrai », parce que « Petit papa Noël » ça commence à être usé ! Avis aux petits chanteurs de toutes les chorales ou des églises… J’ai le petit CD à vous faire écouter !

(NDLR : Chefs de chœurs, vous pouvez contacter danslombredesstudios@gmail.com pour plus de renseignements)

DLODS : Quel regard portez-vous sur la chanson d’aujourd’hui ?

Ce serait plutôt l’écoute. Franchement j’en suis restée à Voulzy et Souchon bien que j’aime aussi beaucoup Nolwenn, une des rares qui ne copie pas les Américains, elle fera une plus longue carrière que beaucoup. Dans l’ensemble, ce qui est diffusé aujourd’hui me paraît musicalement plus que pauvre. Il n’y a pratiquement plus de mélodies, tout est basé sur une rythmique répétitive, du coup tout se ressemble. Je préfère ne pas insister sur ce qui constitue le programme des « Victoires de la Musique », qui devrait s’appeler « Les Victoire de la Non-musique ». Si vous comparez ça à la richesse de la variété d’avant… Entre les chansons « rive gauche » de Jean Ferrat, la fantaisie de Pierre Perret, Hugues Aufray, Michel Fugain, ça s’était de la vraie chanson écrite avec respect pour la musique et la langue française. Ce qu’on « matraque » aujourd’hui est appauvrissant pour les « oreilles » des jeunes, et même souvent abrutissant. Il n’y a pas beaucoup de soleil dans cette sous-musique là. Réécoutez vite Charles Trénet « Y a d’la joie » par exemple, vous retrouverez la « pêche » comme on dit. Je tiens à signaler parmi ce temps d’indigence deux très belles, vraies chansons d’Yves Duteil qui ne cède pas à la mode et garde sa personnalité : « Le mur de la prison d’en face » et « La mer ressemble à ton amour ». Merci monsieur et « bravo » !

DLODS : Anne Germain, je vous remercie pour ce passionnant entretien. Je suis, depuis que nous nous connaissons, toujours impressionné par votre extraordinaire mémoire.

C’est que j’ai vécu ce métier et plus généralement mon « chemin de vie » avec passion. Rien ou presque ne m’a laissé insensible ou indifférente, tout ou presque s’est imprimé dans ma mémoire sans que je me force. C’est pourquoi j’ai une énorme réserve de souvenirs –et encore je ne vous ai pas tout raconté !- un long film avec son et images encore bien nets. Ah oui… « Souvenirs ! Souvenirs ! » (rires).

En conclusion : « élève douée, mais on espère qu’elle fera mieux la prochaine fois ».


BONUS:

 Message d'Anne Germain aux lecteurs de "Dans l'ombre des studios"


 Joe Dassin : Indian summer (1976)
avec Nadine Doukhan, Hélène Devos, Nicole Darde et Anne Germain


Jacques Revaux (Le Prince) et Anne Germain (Peau d'âne): 
Séance de travail pour la chanson "Amour, amour"
du film Peau d'âne (1970)




Anne Germain chante "Chanson en langue inconnue" (musique: Paul Misraki) pour le film Le Dernier Homme (1971) de Charles L. Bitsch
(attribué à tort à Danielle Licari sur la pochette du disque)


(Plan: Partie 1: enfance, formation, chanteuse d'orchestre; Partie 2: choeurs pour des chanteurs de variété; Partie 3: enregistrements solistes; Partie 4: groupes vocaux; Partie 5: musiques de films; Partie 6: doublage, compositions)
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9 commentaires:

  1. Quel plaisir de partager le parcours et les souvenirs et si riches d'Anne Germain !
    Et dire pourtant, qu'elle ne nous en a livré qu'une partie.
    Au fil de l'entretien, on découvre qu'elle nous accompagne depuis toujours pour notre plus grand plaisir : les chansons d'enfance et les dessins animés, la variété, et le cinéma... comme une amie fidèle.
    L'évocation de ses camarades talentueux donne envie d'en savoir plus sur eux, et en tout premier lieu Danielle Licari avec qui Anne a beaucoup travaillé et qui, elle aussi, doit avoir plein de souvenirs à nous faire partager.

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  2. Ces personnes là sont des bibliothèques, des encyclopédies de l'histoire du cinéma, de la chanson, de la scène, etc...

    On devrait autant les entendre nous raconter tout ça que des personnes plus connues comme Pierre Tchernia !

    Merci à Anne Germain

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  3. Et on ne le dit pas assez ici, c'est une chanteuse vraiment exceptionnelle...

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  4. Merci pour toutes ces informations et réflexions : où va la musique ...?
    et quelle émotion de découvrir que c'est la voix d'Anne Germain qui m'a accompagnée toute ma jeunesse, depuis les disques d'enfant jusqu'au film de Peau d'Anne ... au point de devenir ma voix préférée, que j'ai cherchée partout ! Merci d'avoir tant travaillé pour nous faire partager cette richesse et cette beauté !

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  5. Entretien absolument passionnant, merci infiniment de me permettre de mettre enfin des noms sur des voix qui n'en finissent pas de me fasciner.

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  6. Ce récit m'a passionné, car j'ai fait partie du "métier" en même temps qu'Anne, comme batteur percussionniste. Cette lecture me la fait regretter davantage. Nos routes se sont croisées plus que souvent. Merci pour cette intéressante interview, dans laquelle sont évoqués des noms qui ont accompagné notre vie professionnelle.

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    1. j-d-brac
      quelle humilité, quel franchise, et surtout quel talent!
      Merci Madame.

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  7. Merci beaucoup pour cette belle interview!
    J’avai quelques doutes concernant Michel Legrand, et je vois que le travail n’a pas dû toujours être simple pour Anne Germain avec lui ! Mais elle reste très classe pour évoquer cela! Il est triste qu’elle n’est pas pu toucher de droits sur les Demoiselles

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  8. Merci beaucoup pour ces entrevues si riches et leur traduction en cette lecture si bien illustrée ! Quelle chance que de telles personnes soient encore des nôtres pour évoquer ce proche passé si passionnant face à de vrais amateurs de notre extraordinaire chanson française. Merci Anne Germain ! Merci à ce blogger !

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