J'ai appris avec une certaine tristesse la disparition de Michel Duchaussoy dans la nuit du 12 au 13 mars. On a beaucoup écrit sur sa carrière rayonnante au théâtre et au cinéma (dans les films de Louis Malle, Claude Chabrol, etc.) et je ne vais pas revenir là-dessus (vous pouvez lire le juste hommage de Jacques Mandelbaum et Brigitte Salino dans Le Monde).
En revanche, il est intéressant de noter que l'interprète du rôle principal de Que la bête meure a participé à quelques doublages dans sa riche carrière. En 1972, comme me l'a raconté mon ami Roger Lumont, la direction artistique du doublage du Parrain de Coppola est confiée à Louis Malle, qui par snobisme ou volonté "artistique" souhaite que la distribution vocale soit constituée uniquement de comédiens n'ayant jamais fait de doublage. Parmi les comédiens correspondant à ce souhait du réalisateur français: Michel Duchaussoy (Don Vito Corleone), Pierre Vaneck (Tom Hagen), Julien Guiomar, Brigitte Fossey, Daniel Ceccaldi, Jean Leuvrais, Pierre Tornade, Jacques Fabbri et François Maistre. Le studio appelle néanmoins de nombreux habitués des studios de
doublage pour compléter la distribution, en leur demandant de faire semblant de découvrir la synchro
devant le Maître. "Vous imaginez les fou-rires qu'on a pu avoir quand
Gérard Hernandez demandait à Louis Malle "C'est ça qu'on appelle la
"bande rythmo"? Ca marche comment?" se souvient Roger, voix de Pete Clemenza.
Il y a tout juste un mois, Michel Duchaussoy, parlait de ce doublage dans une création radiophonique de France Culture sur le thème de la voix (Ma voix est une autre, reécoutable ici, émission qui n'a pour moi d'intérêt que d'entendre quelques belles voix familières comme celle de Lucie Dolène), où il racontait avoir enregistré les dialogues avec du coton dans la bouche, comme Marlon Brando lors du tournage.
Mon confrère Pascal Laffitte rappelle dans son hommage de La Gazette du Doublage que Michel Duchaussoy fut aussi la voix française d'Anthony Perkins dans La décade prodigieuse (1971) et Klaus Kinski dans L'important c'est d'aimer (1975).
Encore un grand comédien qui nous quitte...
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