Malgré une relative médiatisation à l'époque "yéyé" puis plus tard dans les années 80, les informations publiques sur la vie et le parcours de Charles Level (né Leveel) sont quasi-inexistantes. On sait qu'il est né à Cherbourg et qu'il passe (apparemment à partir de la rentrée 1960) dans le Petit Conservatoire de Mireille, mais il paraît plus âgé que ses camarades et avoir déjà une expérience de la scène.
Daniel Beretta (comédien, chanteur, voix française d'Arnold Schwarzenegger) me le confirme: "Il est arrivé un peu avant moi au Petit Conservatoire, c'était un très bon imitateur et il écrivait beaucoup de parodies. Mireille aimait qu'on fasse des parodies de Mozart, Tchaïkovsky, etc. donc avec Pascal Sevran et Claude Lemesle ils en ont écrit beaucoup. Avec Charles on a souvent chanté en duo ou trio. Une anecdote assez drôle: lorsqu'on faisait une émission de télévision, très souvent il y avait sa photo à la place de la mienne, et la mienne à la place de la sienne. On devait se ressembler tous les deux. Il a écrit des chansons pour beaucoup de chanteurs de l'époque et c'était un mec très gentil et plein de talent. Il avait au moins dix ans de plus que nous donc c'était un peu le "patron" après Mireille. On s'est par la suite recroisé plusieurs fois aux fêtes de Mireille qui l'aimait beaucoup".
Belle gueule, semblant assez fier de lui, il charme l'auditoire avec une voix de crooner et des textes intéressants, mais déjà, dans cet extrait où il chante une version française de "Georgia on my mind", Mireille pointe un défaut: trop de dons, et du coup une dispersion qui par la suite desservira certainement sa carrière (on peut mettre en parallèle ce problème avec celui de José Bartel).
Sous le nom de "Charlie Level et les Carnaval's" il enregistre de nombreux disques de reprises dans les années 60. Il fait également du cabaret en tant que chansonnier. A partir de 1968, il écrit plus de deux mille chansons pour Dalida, Sacha Distel, Sylvie Vartan, Michel Delpech, Annie Cordy, les Compagnons de la Chanson, Mireille Mathieu, les Costa, Thierry Le Luron... Il écrit également des chansons pour la télévision (Chapi Chapo, musique François de Roubaix), le théâtre (Le voyage de Monsieur Perrichon, La Célestine, Madame Sans-gêne) et le music-hall (Casino de Paris, Folies-Bergère, Paradis Latin).
Son ami Jacques Martin l'intègre au début des années 80 dans plusieurs émissions: à la radio dans Les Grosses Têtes de Philippe Bouvard, où Level, avec sa guitare, improvise des chansons et fait des imitations. Et à la télévision dans Thé dansant où il reprend des anciens succès de la chanson française, accompagné par l'orchestre de Bob Quibel.
"Au pays de Candy" chanté par Dominique Poulain (paroles Charles Level)
Dans les années 80, Charles Level s'impose également comme un adaptateur de chansons pour des comédies musicales (Barnum au Cirque d'hiver), des doublages (La Belle et le Clochard, Basil détective privé, Oliver et Compagnie, Winnie l'ourson, etc.) et surtout, pour des dizaines de génériques qui deviendront "cultes": Les aventures de Candy, Rémi sans famille, La Bande à Picsou et la plupart des génériques de la Cinq (Olive et Tom, Le Petit Lord, Embrasse-moi Lucile, Sous le signe des mousquetaires, etc.). Il est possible d'après mon ami Jean Cussac (choriste, et directeur musical de doublage dans les années 80) qu'il ait également fait du doublage en tant que chanteur.
"Le Petit Lord" chanté par Claude Lombard (paroles Charles Level)
On m'avait donné les coordonnées de Charles Level mais je n'avais jamais eu ou pris le temps de le contacter, impuissant devant la course folle du temps et le "grand départ" de nombreux artistes de l'ombre qui n'ont jamais eu l'occasion de se confier sur leur carrière dans une interview. Je le regrette car il devait être un artiste passionnant.
Ses obsèques auront lieu mercredi à 15h15 au cimetière de Bagneux.
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