Dans l’ombre des studios : De la
musique de film au doublage il n’y a qu’un pas… Quand et comment avez-vous
débuté dans le doublage ?
J’avais
vingt-deux ans et travaillais alors comme chanteuse d’orchestre à la Villa
d’Este avec l’orchestre de danse de Ben, un copain de longue date qui avait
naturellement pris Claude au piano. Un jour à la fin du « thé », un
monsieur est venu me dire que j’étais exactement la voix recherchée pour
doubler deux chansons de Rita Hayworth dans un film avec Frank Sinatra et Kim
Novak, Pal Joey (1957). En français,
ce film s’intitule La Blonde ou la Rousse,
on ne fait pas plus tarte ! C’est ainsi que j’ai fait connaissance avec
les frères Tzipine qui s’occupaient alors de nombreux doublages de films
musicaux. Moi j’étais dans mon petit coin, j’attendais et n’en menais pas
large. Comme je ne connaissais personne c’était quand même impressionnant. Par
chance, je connaissais déjà une des chansons, « Bewitched »
(« Maudite » en V.F.), et l’autre, « Zip » ne m’a pas posé
problème. On m’a expliqué le système de la bande rythmo. En fait la bande
orchestrale dans le casque me suffisait car la musique était très carrée, bien
rythmée. Ca s’est bien passé. Les producteurs américains de Paramount ont je
crois été tellement satisfaits qu’ils ont adressé une lettre de félicitations
aux Tzipine, hyper fiers, qui ont d’ailleurs eu la gentillesse de me le faire
savoir. Un bon présage pour la
suite de ma carrière... Du coup j’ai été demandée par la MGM pour le film Les Girls (1957) avec Christiane Legrand
et Lucie Dolène sous la direction de Guy Luypaerts. Il y a eu aussi à la suite
un doublage de Shirley Temple qui avait bien grandi mais je ne me souviens pas
du titre. Il y avait des choristes derrière moi, un peu impressionnant car je
ne connaissais alors personne dans ce milieu très fermé.
Anne Germain (voix chantée de Rita Hayworth/Vera): Maudite
du film La Blonde ou la Rousse (1957)
DLODS : Dans Mary Poppins (1964), le générique présente quelques
curiosités : les noms des choristes et de voix secondaires sont écrits en
plus gros que certains noms de comédiens-chanteurs qui ont un rôle important
dans le film. Du coup, certains s’obstinent à penser que vous êtes la voix de
Mme Banks, la mère des deux enfants…
Non, je n’ai
pas doublé la mère. En écoutant sa voix dans le disque que vous m’avez passé
j’ai reconnu la voix de la comédienne qui doublait Shirley MacLaine dans un
film passé il y a quelques temps sur Arte (Nicole Riche, ndlr). J’avais passé
les essais pour doubler Julie Andrews, et j’ai fait les chœurs. Je me souviens
d’une séquence dans une ferme, on faisait les voix des oies et des brebis avec
plusieurs camarades choristes comme Jeanette Baucomont et Michelle Dornay. Donc
je ne sais pas pourquoi ils ont mis nos noms en gros. Des amis me disent que
d’après internet mon mari doublait Dick Van Dyke dans Mary Poppins, mais non, c’était Michel Roux ! Il ne faut pas se
fier à ce qu’on lit dans la presse.
Par contre
dans Les Aristochats (1970), c’est le
problème inverse. J’avais doublé dans les chansons Duchesse, ma fille Isabelle
la petite Marie et le fils de mes amis Georges et Christiane Cour
(respectivement ancien chef des Djinns et ancienne choriste et membre des
Djinns, ndlr), Nicolas Cour, avait doublé Berlioz. Quand le film est sorti au
cinéma, il y avait nos noms. Toute la famille Germain ! José (« Scat
Cat »), Anne, Isabelle, et il ne manquait que Claude qui n’était pas là. Et nos noms ne sont plus au générique dans les VHS et DVD.
Isabelle Germain (Marie), Nicolas Cour (Berlioz) et Anne Germain (Duchesse):
Des gammes et des arpèges
du film Les Aristochats (1970)
DLODS : Ils sont également absents de la pochette du
disque…
Quand vous
n’indiquez pas le nom d’un interprète c’est un vol, une atteinte à la propriété
intellectuelle. En plus, professionnellement, il y a des gens qui prennent les
génériques pour argent comptant. Aujourd’hui le dernier technicien a son nom au
générique, ce qui permet de dire quand il a un entretien pour un engagement après
pour un autre film « J’ai fait ceci
ou cela ». Il faut rétablir une exactitude dans ce domaine. Mais on ne peut que faire un procès, alors…
« Pot de terre contre pot de fer ».
DLODS : Vos filles Isabelle et
Victoria ont donc fait des chœurs et du doublage chanté...
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Victoria (1er plan) et Isabelle (derrière) à la télévision en 1968 |
Mes filles
étaient alors toutes jeunettes, elles avaient de jolies voix et chantaient bien
juste alors des arrangeurs me les ont demandées, en studio d’abord et aussi
pour des télés. Elles ont fait les voix des enfants pour « Les jolies
Colonies de Vacances » et « La Cage aux oiseaux » pour Pierre
Perret, « Le sirop typhon » pour Richard Anthony, « Adieu
monsieur le professeur » avec Hugues Aufray et aussi « Papa je
t’aime » avec Georges Guetary. Il y a eu des émissions de télé avec Hugues
Aufray et Georges Guetary. Pour cette dernière, Isabelle était seule avec un
groupe d’enfants tous en pyjama ! Puis Isabelle a fait la voix chantée de
la petite Marie dans Les Aristochats,
nous avons fait le petit duo « Des gammes et des arpèges », et un
autre duo avec son oncle José Germain « Tout le monde veut devenir un
cat ». Elle a fait aussi des pubs avec moi plus tard, Badoit entre autres,
et aussi les chansons pour la revue du cabaret La Nouvelle Eve dont mon mari
avait composé la musique. Ensuite les Tzipine ont demandé Victoria pour doubler
le rôle d’Alice dans Alice au pays des
merveilles (redoublage de 1974). J’étais moi-même dans les chœurs avec
Danielle Licari, Françoise Walle et d’autres qui étaient admiratives de ce que
Victoria faisait. Si le métier n’avait pas tant changé elles auraient fait des
choristes top toutes les deux.
DLODS : Elles devaient quand même être
fières de leur maman et de leur propre travail…
Elles ne se
sont jamais vanté de ce qu’elles avaient fait, ça leur paraissait naturel
puisqu’en somme elles faisaient comme leurs parents. Sauf qu’évidemment ce
n’est pas un métier courant. Lorsque par hasard des camarades à l’école ou
ailleurs parlaient de « nos » films, elles disaient juste : « C’est maman qui chante pour Catherine
Deneuve » ou « C’est moi
qui chante Les Aristochats » ou « Alice » !
Stupeur des copines, et souvent incrédulité… Ce métier étonne toujours et
encore plus ceux qui le pratiquent dans l’ombre !
DLODS : Puisqu’on parle de votre
famille, votre mari a-t-il fait du doublage comme soliste ?
En soliste
non. En trio, avec son frère et Vincent Munro ils ont chanté le célèbre
générique de Zorro pour la télé. A
part ça, il a fait principalement des chœurs, et quelques répliques de temps en
temps, notamment dans Blanche-Neige et
les Sept nains (redoublage de 1962). Par contre il a fait la chanson de Kaa
le serpent pour le livre-disque Adès du Livre
de la Jungle, moi je faisais Mowgli et le petit éléphant. J’ai fait pas mal
d’autres livres-disques Adès avec Jean Baïtzouroff alias « Popoff »,
Christiane Legrand, Jean Cussac, Henry Tallourd et mon mari. D’abord des
petites chansons enfantines comme « Cadet Rouselle », puis des
Disney : Madame Mim dans le disque de Merlin
l’Enchanteur, le lapin blanc dans celui d’Alice
au pays des merveilles, etc.
Anne Germain : Suzy le petit coupé bleu
du livre-disque Disneyland Suzy, la petite voiture bleue
DLODS : J’aimerais que vous me parliez
des frères Tzipine directeurs musicaux de doublages de la Libération à la fin
des années 70, de leur manière de travailler…
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Georges Tzipine |
Les Tzipine
étaient très exigeants : Georges pour la musique, Joseph pour la synchro.
Il fallait que ce soit impeccable pour les producteurs. Ils avaient des comptes
à rendre ! Georges était assez « grand maître » et Joseph plus
chaleureux. Nous répétions juste un peu avant d’enregistrer avec le pianiste
Billy Colson pour s’assurer qu’il n’y avait pas de faute sur la partition.
Evidemment il ne fallait pas perdre de temps car les heures de studios coûtent
cher, et donc pas trop droit à l’erreur. Mais il y avait toujours de très
bonnes équipes en chant et lecture.
Anne Germain (Samantha Eggar/Emma): Si j'étais un homme / Un matin
du film L'Extravagant Docteur Dolittle (1967)
DLODS : En 1967 vous doublez les
chansons de L’Extravagant Docteur
Dolittle…
Pour
« doubler » la jeune première, Samantha Eggar, j’ai été retenue après
audition avec d’autres choristes. Eddie Marnay qui avait adapté les paroles des
chansons dirigeait la partie musicale. Raymond Gérôme doublait Rex Harrison
comme dans My fair Lady et d’autres
films. Il a chanté lui-même. José Bartel doublait en chant le personnage
que doublait Dominique Paturel. Ce fut un beau travail pour une grande
réalisation. La musique était superbe, l’orchestre était somptueux, c’était un
bonheur de chanter là-dessus ! Malheureusement, le public n’a pas
« accroché » et aujourd’hui la télévision diffuse plutôt la version
avec Eddie Murphy.
Danielle Licari (Michèle Marsh/Hodel), Anne Germain (Neva Small/Chava)
et ? (Rosalind Harris/Tzeitel) : Un homme à marier
du film Un violon sur le toit (1971)
DLODS : Vous avez doublé la jeune
Chava dans Un violon sur le toit
(1971)…
Avec
Danielle Licari nous avons fait le duo des sœurs, moi je faisais la plus jeune.
Danielle avait encore un beau solo dans ce film, mais nous avions déjà fait un
beau duo toutes les deux, en vocalises, pour Alain Delon dans son film Madly. Pour Un violon sous le toit nous avions assisté à tous les essais et
avions admiré Micheline Dax, éblouissante dans le rôle de Fruma Sarah, la veuve
du boucher, et finalement quelqu’un d’autre l’a fait. Peut-être une histoire de
cachet…
DLODS : Avez-vous d’autres souvenirs
de doublages des années 60-70 ?
J’avais
doublé une chanson dans un film intitulé Krakatoa
à l’est de Java (1969), ça se passait sur un bateau, il y avait l’éruption
d’un volcan. Ce n’était pas pour les Tzipine, c’était pour un autre studio de
doublage. J’ai fait aussi des Heidi
mais je ne me souviens plus si c’était une série ou de l’animation. Et puis
j’ai participé aux chœurs de nombreux doublages : My fair lady (1964), Olivier !
(1968), L’apprentie sorcière (1971), Robin des Bois (1973), Le shérif est en prison (1974) avec José
Bartel, Les Aventures de Bernard et
Bianca (1977, voix de Bianca dans « S.O.S. Société »), etc.
DLODS : Le doublage d’Oliver ! (1968) est assez curieux.
Shany Wallis (Nancy, la prostituée) est doublée par Nicole Croisille sauf que
dans certains mots ou phrases chantées elle semble avoir été remplacée par une
autre chanteuse…
En effet je
me souviens que Nicole avait des problèmes de voix au moment de ce doublage. Au
lieu de la faire remplacer intégralement sur les chansons qui posaient problème
ils ont préféré la remplacer uniquement sur quelques passages.
Anne Germain (Shelley Duvall/Olive) et les choeurs : Il est large
du film Popeye (1980)
Dans ce montage du blog "Film Introuvable" qui replace les répliques de la V.O qui ont été coupées en V.F. on peut constater le mimétisme vocal entre Anne Germain et Shelley Duvall
DLODS : Dans le film Popeye (1980) de Robert Altman, vous
doublez les chansons de Shelley Duvall (Olive). C’est extraordinaire à quel
point votre voix raccorde avec celle de la voix parlée (Monique Thierry) !
Là encore
j’avais « truqué » ma voix pour rendre la sonorité très « spéciale »
d’Olive. J’avais passé aussi les auditions pour la comédie et j’avais eu le
soutien des techniciens du son ! Mais le directeur artistique a préféré
une comédienne qu’il connaissait déjà.
DLODS : Je pense que Monique Thierry
doublait déjà Olive dans le dessin animé à l’époque.
C’est
possible, du coup je n’ai fait que le chant. Danielle Licari qui était dans les
chœurs était épouvantée de m’entendre truquer ma voix comme je le faisais pour
faire le « son » d’Olive. « Tu
vas t’abimer ta voix ! Il ne faut pas faire ça» mais je ne pouvais pas
faire autrement pour être vraiment le personnage.
DLODS : Vous avez eu l’occasion de
vous « rattraper » en doublant dans Annie (1982) l’actrice Ann Reinking (Grace Ferrell) à la fois pour
les dialogues et les chansons !
Pour ce
doublage aussi il y a eu des auditions. Il y avait une séquence où la voix
parlée et la voix chantée de la jolie secrétaire du banquier s’enchaînaient presque
dans le même mot. Ce n’était pas possible de faire une coupure entre le
« parlé » et le « chanté », il fallait donc faire les
deux : chant et comédie. Après les auditions, Jacqueline Porel m’a sauté
au coup car elle était inquiète de ne pas trouver l’oiseau rare ! Nous
avons eu une très bonne relation. Elle a été charmante. On m’avait dit qu’elle
était assez dure avec les femmes, mais elle a semblé m’adopter et m’a même
emmenée déjeuner avec son fils Marc. Elle avait voulu le prendre comme
assistant sur ce doublage pour essayer de le sortir de son état, déjà très
atteint par la drogue. Quel gâchis, un si beau garçon, et quelle souffrance
pour cette maman !
Anne Germain (Ann Reinking/Grace), Amélie Morin (Aileen Quinn/Annie)
et Sady Rebbot (Albert Finney/M. Warbucks) : Allons voir un beau film
du film Annie (1982)
DLODS : N’avez-vous pas tenté après
cette première expérience réussie de continuer une carrière de comédienne dans
le doublage ?
J’ai eu les
compliments enthousiastes de Roger Rudel, un grand comédien du doublage, qui
m’a donné sa carte –comme Gainsbourg !- pour que je le rappelle, eh bien,
là encore je n’ai pas osé me lancer. C’est vrai, j’aurais sans doute pu
prolonger mon activité artistique par cette voie en découvrant un autre milieu
que les chœurs dans lesquels arrivaient beaucoup de nouvelles têtes, et il
commençait à y avoir moins de séances.
DLODS : Justement, pouvez-vous me
parler de la fin du métier de choriste ?
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Studio Barclay |
La fin du
métier –tel que je l’ai connu les dix premières années- a commencé lorsqu’on
n’a plus enregistré tous ensemble, orchestre et chœurs. Il y avait alors une
sorte de sélection naturelle : seuls pouvaient accéder à ce travail les
musiciens et chanteurs pouvant mettre quatre titres en « boîte » dans
les trois heures d’une séance : lecture, essais pour le son,
enregistrement. Ensuite, avec les nouvelles techniques, nous avons enregistré à
part les uns des autres. On a commencé à « doubler » ou
« tripler » nos voix, ce qui donnait davantage de volume et corrigeait
les imperfections ici ou là. Du coup, on pouvait prendre quatre choristes pour
faire huit ou douze voix au final. Faites le compte de ceux qui restent à la
maison ou vont pointer aux Assedic ! Autre horreur : remplacer les
instruments par des synthés. Les synthés sont des inventions diaboliques !
Très intéressants pour créer des sons particuliers et donner une atmosphère
particulière, des effets sonores, un climat spécial, mais carrément remplacer
les vrais instruments c’est minable car le son est mécanique et sans vie.
Forcément une belle économie pour le producteur. Petit à petit, ainsi, beaucoup
d’orchestres vivants ont disparu et les musiciens avec.
DLODS : Aujourd’hui, touchez-vous des
droits par exemple sur les musiques de films de Michel Legrand ?
Je vois que
cette question éveille particulièrement votre curiosité ! En fait, il n’y
a eu des droits sur la vente des disques des Parapluies ou des Demoiselles
pour personne. J’ai réussi à obtenir quelque chose pour Peau d’âne sur les disques, mais pas sur le DVD. C’est une histoire
un peu compliquée et ce serait fastidieux et peu discret d’en décrire toutes
les étapes. Comme tous les artistes aujourd’hui, je ne perçois que les droits
recueillis par les sociétés de répartition Adami ou Spedidam suite à la
loi Lang de 1985 concernant les « droits voisins » du droit d’auteur.
Donc c’est récent. Cependant il paraît qu’aujourd’hui des producteurs
« contournent » cette loi en faisant signer aux musiciens des
abandons de droits à l’entrée du studio. Ceci m’a été indiqué par des collègues
encore en exercice. Ceux qui ne sont pas d’accord ne sont plus rappelés. Il y a
aussi de nombreux enregistrements, surtout dans la musique de films, qui se
font dans les pays de l’est, vous le verrez si vous observez les génériques de
fin de films. J’ai eu la chance de faire ce métier à une époque de rêve…
DLODS : Et pour L’île aux enfants ?
Quand Christophe
Izard m’a prévenue que ce que j’avais enregistré pour la télé allait être
exploité sur disque, je suis intervenue car une exploitation secondaire ne peut
se faire sans l’accord de l’interprète. Là encore, longues et pénibles
« palabres » qui m’ont valu des représailles –aïe aïe aïe- mais j’ai
réussi à obtenir des droits satisfaisants pendant des années. Le titre ayant
été utilisé récemment pour le film de Maïwenn Polisse (2011) j’ai reçu aussi quelque chose dessus. J’ai bien fait
de me battre. Hélas trop d’artistes « s’allongent » par peur de ne
pas travailler. Il y a tant de concurrence !
Charlatan Transfer: Fume plus
Paroles et musique Claude et Anne Germain
DLODS : Plus tard dans votre carrière,
vous avez écrit avec votre mari des chansons qui sont toujours chantées dans
des chorales de nos jours…
Christiane
Legrand faisait travailler beaucoup d’ensembles vocaux dans diverses écoles et
elle avait besoin de matériel écrit « jazzy » façon Double Six en
simplifié pour ses « élèves », souvent très bons. D’où quelques
groupes qui se sont formés ensuite et ont fait des spectacles et disques comme
Amalgam de Gabriel Cabaret –excellent travail- ainsi que Charlatan
Transfer de François Bessac –avec un très beau titre de nous deux,
« Une carte postale »- et Cool in hot de Jean-Yves Jomier à Pau. Des
groupes soit disant amateurs qui ont super bien chanté avec de très bons
accompagnements. C’est donc pour Christiane que Claude s’est lancé dans ce
travail. Nous avons fait les paroles ensemble. Un très bon groupe, Les
Souingue, deux hommes/deux femmes, ont eu un temps de gloire il y a quelques
années et nous ont chanté, aussi, malheureusement ils n’ont pu continuer très
longtemps. Il y avait là Fabienne Guyon qui avait chanté dans Une chambre en ville (1982) de Jacques
Demy et qui chantait très bien.
Elèves du Conservatoire du VIIème arrondissement: Le temps d'avant
Paroles et musique Claude et Anne Germain
Nous avons
fait un album pour voix d’enfants, Promenade
au pays d’enfance, pour les éditions A cœur joie. Un autre aussi pour
Comufra les éditions de Christiane Legrand, Le
temps d’avant : une chanson assez dramatique sur un rythme gai par
contraste, sur la disparition des espèces… Nous l’avons écrite bien avant tout
ce qui est dénoncé sur ce sujet aujourd’hui. Il n’y a hélas qu’une
« maquette » interprétée par les élèves du Conservatoire du 7ème
arrondissement où Christiane donnait des cours. Michel Leeb qui avait entendu
cet enregistrement l’adorait ainsi que ses filles.
Maîtrise du Conservatoire du Rueil-Malmaison: Voici venir Noël (live)
Paroles et musique Claude et Anne Germain
Et puis un
« Noël » enregistré dans une église de Rueil-Malmaison par la
maîtrise du Conservatoire de cette ville. J’aimerais bien qu’un jour elle soit
sur un disque « en vrai », parce que « Petit papa Noël » ça
commence à être usé ! Avis aux petits chanteurs de toutes les chorales ou
des églises… J’ai le petit CD à vous faire écouter !
DLODS : Quel regard portez-vous sur la
chanson d’aujourd’hui ?
Ce serait
plutôt l’écoute. Franchement j’en suis restée à Voulzy et Souchon bien que
j’aime aussi beaucoup Nolwenn, une des rares qui ne copie pas les Américains,
elle fera une plus longue carrière que beaucoup. Dans l’ensemble, ce qui est
diffusé aujourd’hui me paraît musicalement plus que pauvre. Il n’y a
pratiquement plus de mélodies, tout est basé sur une rythmique répétitive, du coup
tout se ressemble. Je préfère ne pas insister sur ce qui constitue le programme
des « Victoires de la Musique », qui devrait s’appeler « Les
Victoire de la Non-musique ». Si vous comparez ça à la richesse de la
variété d’avant… Entre les chansons « rive gauche » de Jean Ferrat,
la fantaisie de Pierre Perret, Hugues Aufray, Michel Fugain, ça s’était de la
vraie chanson écrite avec respect pour la musique et la langue française. Ce
qu’on « matraque » aujourd’hui est appauvrissant pour les « oreilles »
des jeunes, et même souvent abrutissant. Il n’y a pas beaucoup de soleil dans
cette sous-musique là. Réécoutez vite Charles Trénet « Y a d’la
joie » par exemple, vous retrouverez la « pêche » comme on dit.
Je tiens à signaler parmi ce temps d’indigence deux très belles, vraies
chansons d’Yves Duteil qui ne cède pas à la mode et garde sa
personnalité : « Le mur de la prison d’en face » et « La
mer ressemble à ton amour ». Merci monsieur et « bravo » !
DLODS : Anne Germain, je vous remercie
pour ce passionnant entretien. Je suis, depuis que nous nous connaissons,
toujours impressionné par votre extraordinaire mémoire.
C’est que
j’ai vécu ce métier et plus généralement mon « chemin de vie » avec
passion. Rien ou presque ne m’a laissé insensible ou indifférente, tout ou
presque s’est imprimé dans ma mémoire sans que je me force. C’est pourquoi j’ai
une énorme réserve de souvenirs –et encore je ne vous ai pas tout
raconté !- un long film avec son et images encore bien nets. Ah oui…
« Souvenirs ! Souvenirs ! » (rires).
En
conclusion : « élève douée, mais on espère qu’elle fera mieux la
prochaine fois ».
BONUS:
Message d'Anne Germain aux lecteurs de "Dans l'ombre des studios"
Joe Dassin : Indian summer (1976)
avec Nadine Doukhan, Hélène Devos, Nicole Darde et Anne Germain
Jacques Revaux (Le Prince) et Anne Germain (Peau d'âne):
Séance de travail pour la chanson "Amour, amour"
du film Peau d'âne (1970)
Anne Germain chante "Chanson en langue inconnue" (musique: Paul Misraki) pour le film Le Dernier Homme (1971) de Charles L. Bitsch
(attribué à tort à Danielle Licari sur la pochette du disque)